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Critique de Remuzorsouslaneige


Laurent est amoureux de Marlène, jeune fille élevée par ses grands-parents pour éviter à celle-ci le destin de sa mère, celui d'une femme sans respect pour les conventions.
Laurent et Marlène se fiche du regard des autres, ils vivent dans leur cocon perché : « C'était l'année de la grande sécheresse ; l'été est venu très tôt,
mais, le premier soit, nous avons fait un feu, au bord de la nuit,
pour le plaisir. J'ai le feu dans les mains ; il sort d'elles,
apprivoisé toujours et têtu. Il fut l'hôte premier de notre royaume de
notre royaume, le premier et le plus sûr ».
Plus qu'un roman d'amour, je considère ce livre comme une perspective donnée à voir sur la condition des femmes dans les villes et campagnes du XXe siècle. le roman présente une galerie de femmes qui sont critiquées, qui dérangent de par leur position, certainement trop liminaires pour être comprises : la jeune femme volatile qui se balade dans les champs et à l'orée des bois; une silhouette mystérieuse toujours suivie dans le bourg par l'ombre de Laurent, et puis la femme dont le mari part refaire sa vie avec une plus jeune qu'elle et qui n'accepte pas que l'homme pour qui elle a sacrifié sa vie parte ainsi et veut donc se battre pour que cette nouvelle union échoue, enfin, summum de l'ambiguïté dans ce pays des vents, un menuisier, célibataire endurci : « Ton frère, il avait pas des goûts spéciaux, non ? Tu manques d'imagination toi ; t'es pas curieux. En cherchant bien dans la maison, on aurait peut-être trouvé des choses ».
Incapable d'apposer des mots, la description impossible, ce sont ces personnages insaisissables que Marie-Hélène Lafon nous présente, piégés sous le regard des gens du pays. Par l'inclusion des paroles de chaque habitant au sein du récit mené par Laurent, Marie-Hélène Lafon retranscrit la densité des traditions, la courbure d'échine des jeunes du pays face à ces dernières et la trajectoire souvent docile des femmes du pays, coincées entre mari, enfants et foyer : le fils était une blessure. le départ du père en serait une autre, et les deux finiraient par n'en faire plus qu'une, la seconde expliquant la première. Elle aurait été sacrifié sur l'autel des mâles
irresponsables ».
Oeuvre magistrale, ce roman fait écho, dans son exposé des trajectoires féminines, à un travail comme celui d'Yvonne Verdier dans Façons de dire, façons de faire: la laveuse, la couturière, la cuisinière (1979) où l'auteure, suite à une ethnographie au sein du village de Minot (Côte-d'Or), donne à voir la condition féminine au sein du monde paysan.
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