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Critique de LouAnnB


« Il fallait être normal » écrit l'auteure. Il fallait être normal chez les Santoire. L'histoire c'est le quotidien, celui de Marie, la fille Santoire, celui de Jean, le fils, celui de la mère. Marie-Hélène Lafon nous plonge dans le récit de la vie lasse d'une famille aux membres dissolus. Tous sont absorbés par la mère, dure, stricte. Tous agissent à travers elle, ils pensent peu, rêvent peu. Tous à l'exception de Pierre, le fils aimé, le fils infidèle : celui qui a fuit, qui a vécu. C'est le tableau d'une famille paysanne et conservatrice que peint l'auteur de manière sobre. Les phrases sont courtes, descriptives, franches, elles s'emploient à décrire le rituel de vie familiale qui se répète, toujours identique. le récit se déroule autour de Marie, vieille fille, aliénée par sa mère, qui observe, qui exécute mais qui ne vit pas réellement. Son existence, elle la vit par procuration, elle vit à travers les voisins qu'elle observe. Tandis qu'elle les envie, la mère les a en abomination, ils sont le futur, ce sont ceux qui « auraient tout, prendraient tout ». le futur, il n'y en a pas pour les Santoire, Jean et Marie sont les derniers de la lignée, avec eux, le nom s'éteint. C'est une histoire au présent mais qui a tout d'une histoire passée. Celle d'une « bonne famille » dont le dernier membre était la mère. Les enfants ne sont que des corps, des enveloppes qu'eux-mêmes connaissent mal et qui n'ont vocation qu'à accueillir la mère qui même morte, en eux, est vivante. L'auteure nous offre à voir le déclin, celui du nom qui s'efface, celui des derniers indiens. Plus que l'histoire de petites gens, qui ne sont pas plus vivant que les autres*, M.H. Lafon rédige celle, plus sociale, de la famille souche qui disparaît avec l'urbanisation et le progrès. Elle couche sur le papier les dernières bribes d'un mode de vie en décalage qui se perd sans se transformer. En cela, elle rend visible l'invisible et se pose en témoin de l'évanouissement culturel paysan dans un monde qui l'absorbe comme il absorbe Marie et Jean, personnages désorientés qui incarnent à eux seuls l'égarement de toute une communauté. M.H. Lafon parvient à nous faire ressentir cette sensation étrange qui est celle de l'ignorance, de la méconnaissance à l'égard d'une terre locale colonisée par le nouveau, le moderne et dans laquelle s'éteignent peu à peu les derniers indiens.
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