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Critique de Lucilou


"Les Pays" fut mon premier Marie-Hélène Lafon, cadeau inattendu, et j'y reviens toujours, comme je suis revenue chez moi, après près de dix ans de vie parisienne.

Lire un roman de Marie-Hélène Lafon, le relire même, c'est s'offrir un moment hors du temps, suspendu et cadencé par la petite musique, si particulière d'une auteur qui manie les mots comme l'orfèvre manie l'or et le poinçon. Un moment pétri de grâce au creux duquel dansent les phrases qu'on voudrait lire puis dire à voix haute sans oser le faire, de peur que le son de nos voix ne viennent bousculer l'ordonnance parfaites des notes sur la portée.
On ne dira jamais assez combien Marie-Hélène Lafon semble aimer la langue et les mots, combien elle s'y entend pour les peser, les sous-peser, les poser pour en extraire -sans fioritures- le sens et la musique. La force et la beauté. Non contente de ciseler son texte comme d'autres cisèleraient le marbre, l'aurillacoise n'a pas son pareil pour retranscrire les sensations, les odeurs... La nostalgie aussi. le mal du pays ainsi que celui d'un monde qui disparaît.

Claire est née dans le Cantal. Fille et petite-fille de paysans, elle rêve d'une autre vie loin de ce monde âpre et besogneux qui laisse des callosités aux mains, de la terre sous les ongles et des âmes qui se meurent de solitudes. La jeune fille, elle, aime les livres et les études. Grâce à son travail acharné, elle "monte" à Paris étudier à la Sorbonne. Lettres Classique. Latin et grec. de ces lettres ardemment déchiffrées, elle fera son métier puisqu'elle deviendra professeur; de la ville Lumière, elle fera son chez elle. Pour autant le Cantal, son "pays" ne la quittera jamais vraiment. Tout en adhérant pleinement à son nouveau monde d'encre et de papiers, tout plein des fracas du périph et des beautés du Quartier Latin, tout en s'en imprégnant, elle garde au coeur sa terre natale, même si les années passant, elle la sent qui s'éloigne.

Dans une prose toujours aussi ample et lumineuse, Marie-Hélène Lafon nous raconte un monde rural qui s'efface douloureusement au profit d'une urbanisation dévorante et n'a pas son pareil pour dire -sans clichés, sans pathos- la fierté du monde paysan et la beauté des campagnes tout en nous offrant un très beau portrait de femme, sensible et précis.
Elle nous dit aussi la saveur des mots et de cette langue qu'on parle sans y penser, écrin précieux d'une histoire toute simple.
Matériau sensible pour pays poignant, odeur de pluie et de terre mouillée sur les lumières de Paris.
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