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Critique de Arimbo


Arimbo
09 décembre 2022
C'est un petit livre oublié, Prix Goncourt 1974, retrouvé en rangeant, dans mon grenier, les armoires remplies de livres.

Un livre dont le quatrième de couverture, comme souvent, ne rend pas compte, ou très mal.

Un livre d'une construction très aboutie et d'une écriture magnifique , comme distanciée, mais d'une infinie tristesse, dont je sors bouleversé.

Car il parle, ce roman, de ces êtres effacés, comme si on avait appliqué une gomme sur leur vie, de ces êtres transparents dont on ne sait pas voir l'âme sensible, de ces êtres qui ne parlent pas mais gardent en eux la souffrance des mots qu'ils n'ont pas su dire.
Et je crois que nous en avons tous connus, de ces femmes (ou de ces hommes), lisses et comme invisibles, transplantées de leur milieu tout simple dans un milieu dit plus cultivé, que ce milieu trouve banales, inintéressantes, de ces femmes qui s'excusent presque d'être là où elles n'ont pas leur place.
Et l'on comprend aussi que l'auteur a probablement écrit cette fiction pour mettre à distance la souffrance, ou le remords, de n'avoir pas su reconnaître ce qu'était vraiment celle avec laquelle il avait vécu une aventure qui pour lui était sans lendemain.

Ce roman, c'est l'histoire de Pomme, apprentie coiffeuse, ni belle ni laide, qui parle peu, semble s'accommoder de tout, et accomplir tout ce qu'elle fait avec une aisance placide.

Durant ses vacances sur la côte normande, elle va attirer, sans qu'il comprenne vraiment la cause de cette séduction, Aimery, un jeune noble désargenté, qui va l'emmener vivre avec lui à Paris, où il est étudiant.
Celui-ci, adolescent mal fini, va apprécier l'aisance et la grâce de celle qu'il surnomme sa « dentellière », mais finira par ne plus supporter l'absence de « conversation » de Pomme, cette dernière acceptant semble-t-il, sans difficulté, de retourner vivre chez sa mère en banlieue parisienne.

Mais Pomme va se laisser dépérir, « ne voulant plus rien demander à un monde qui lui avait si peu donné », et finira à l'hôpital.
Et l'on verra le jeune Aimery poursuivre sa vie de solitude et de médiocrité.

Un roman d'une grâce froide et cruelle, mais celle-ci recouvre sous sa surface une tristesse sans nom.
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