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EAN : 9782070367269
179 pages
Gallimard (21/07/1976)
3.38/5   320 notes
Résumé :
Certes c'était une fille des plus communes. Pour Aimery, pour l'auteur de ces pages, pour la plupart des hommes, ce sont des êtres de rencontre, auxquels on s'attache un instant, seulement un instant, parce que la beauté, la paix qu'on y trouve ne sont pas de celles qu'on avait imaginées pour soi ; parce qu'elles ne sont pas où l'on s'attendait à les trouver. Et ce sont de pauvres filles. Elles savent elles-mêmes qu'elles sont de pauvres filles. Mais pauvres seuleme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
3,38

sur 320 notes
On a tous connu des êtres qui ne participent au monde que par la grâce et la justesse de leurs gestes,la densité de leur présence physique. Ils n'ont pas le pouvoir de dire en mots leurs sentiments, leurs émotions. Et on les juge banals, peu intéressants ou vides.

Pomme est des ces êtres-là: comme son nom l'indique, elle a une espèce de rondeur posée, concrète qui est sa façon à elle d'être là. Elle a du sens pratique, ses gestes sont habiles, précis, harmonieux, rassurants. Mais Aimery, jeune noblion et étudiant désargenté, qui en fait sa maîtresse et sa compagne, s'il est d'abord frappé par la grâce innée de ses mouvements au point de la surnommer,de ce fait, "la dentellière" , devient très vite irrité et agacé par son silence, prend son assentiment tranquille pour un conformisme désolant, sa timidité respectueuse pour de la sujétion presque servile et son mutisme pour un manque de curiosité et d'intelligence.

Il la quitte. Et Pomme retourne dans son petit milieu simple où les gestes étaient un langage suffisant pour dire je t'aime, je suis là...Mais le ver est dans le fruit, et...Pomme ne sortira pas indemne de s'être frottée aux sphères de la culture et de la parole..

Une écriture classique, faussement froide, toute en retenue et en extériorité voulue, trace, comme une épure, le portrait tragique de celle à qui les mots ont manqué et qui en meurt, lentement dévorée par les mots qu'elle n'a pu dire...

Un beau livre, cruel et juste, adapté au cinéma avec une Isabelle Huppert bouleversante.

J'ai reconnu en Pomme une autre petite silhouette, disparue à 20 ans, parce qu'elle non plus n'avait pas les mots pour le dire, pour se dire, pour leur dire...Chaque fois que je relis une page du livre ou revois le film, ma gorge se serre d'un chagrin inconsolable, car il n'est pire injustice que de ne pas entendre le silence des dentellières...



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C'est un petit livre oublié, Prix Goncourt 1974, retrouvé en rangeant, dans mon grenier, les armoires remplies de livres.

Un livre dont le quatrième de couverture, comme souvent, ne rend pas compte, ou très mal.

Un livre d'une construction très aboutie et d'une écriture magnifique , comme distanciée, mais d'une infinie tristesse, dont je sors bouleversé.

Car il parle, ce roman, de ces êtres effacés, comme si on avait appliqué une gomme sur leur vie, de ces êtres transparents dont on ne sait pas voir l'âme sensible, de ces êtres qui ne parlent pas mais gardent en eux la souffrance des mots qu'ils n'ont pas su dire.
Et je crois que nous en avons tous connus, de ces femmes (ou de ces hommes), lisses et comme invisibles, transplantées de leur milieu tout simple dans un milieu dit plus cultivé, que ce milieu trouve banales, inintéressantes, de ces femmes qui s'excusent presque d'être là où elles n'ont pas leur place.
Et l'on comprend aussi que l'auteur a probablement écrit cette fiction pour mettre à distance la souffrance, ou le remords, de n'avoir pas su reconnaître ce qu'était vraiment celle avec laquelle il avait vécu une aventure qui pour lui était sans lendemain.

Ce roman, c'est l'histoire de Pomme, apprentie coiffeuse, ni belle ni laide, qui parle peu, semble s'accommoder de tout, et accomplir tout ce qu'elle fait avec une aisance placide.

Durant ses vacances sur la côte normande, elle va attirer, sans qu'il comprenne vraiment la cause de cette séduction, Aimery, un jeune noble désargenté, qui va l'emmener vivre avec lui à Paris, où il est étudiant.
Celui-ci, adolescent mal fini, va apprécier l'aisance et la grâce de celle qu'il surnomme sa « dentellière », mais finira par ne plus supporter l'absence de « conversation » de Pomme, cette dernière acceptant semble-t-il, sans difficulté, de retourner vivre chez sa mère en banlieue parisienne.

Mais Pomme va se laisser dépérir, « ne voulant plus rien demander à un monde qui lui avait si peu donné », et finira à l'hôpital.
Et l'on verra le jeune Aimery poursuivre sa vie de solitude et de médiocrité.

Un roman d'une grâce froide et cruelle, mais celle-ci recouvre sous sa surface une tristesse sans nom.
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« La dentellière », c'est d'abord et surtout l'histoire de Pomme, une jeune fille du Nord. Son père ? Il y a belle lurette qu'il a quitté le navire… Sa mère ? Une « serveuse montante » dans un bar…

On les retrouve habitant un petit appartement en banlieue parisienne. Pomme a maintenant dix-huit ans et travaille dans un salon de coiffure où elle se lie d'amitié avec sa collègue, Marylène, une femme d'une trentaine d'années qui lui propose de l'accompagner en vacances à Cabourg. Sa mère est désormais crémière.

Sur place, à Cabourg, Pomme se retrouve plus ou moins délaissée par Marylène. Elle rencontre Aimery de Béligné en villégiature lui aussi, sur la côte normande ; Aimery, un étudiant aisé touché par la « beauté fragile » de la jeune fille.
Malgré le gouffre social qui les sépare, Aimery et Pomme vivront une expérience commune avant qu'elle ne sombre doucement dans la folie…

Un court roman, Prix Goncourt 1974, tout en demi-teinte … Touchant.
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Ce court roman, prix Goncourt en 1974, est étonnant.

C'est l'histoire de Pomme, jeune fille un peu paumée comme tombée de son arbre fruitier sans jamais avoir été ramassée.

Elle naît dans le Nord de la France dans un bled sans nom, sans histoires et sans vie, d'un père qui partira sans jamais trouver le chemin du retour et d'une mère serveuse qui mettra aussi son corps au service pour mettre du beurre dans les épinards.

Et Pomme grandit, vit des choses tellement insignifiantes que rien ne la révèle ou ne la réveille au monde. Elle fait des shampoings dans un salon de coiffure, rencontre Marylène et évolue dans son ombre, puis Aimery et là c'est pareil puis rien. Toujours rien.

L'exergue du roman est de Musil et je ne résiste pas à la citer :
« Un être qui ne peut ni parler ni être exprimé, qui disparait sans voix dans la masse humaine, petit griffonnage sur les tables de l'Histoire, un être pareil à un flocon de neige égaré en plein été, est-il réalité ou rêve, est-il bon ou mauvais, précieux ou sans valeur ? »

C'est de Pomme dont il parle et ce faisant elle est presque insupportable et quasi sainte.



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Roman qui m'aura beaucoup ennuyée, à cause de l'écriture et de l'histoire. Je n'ai eu aucune empathie pour les personnages qui se fourvoient dans une fausse histoire d'amour... un leurre, en fait deux solitaires qui se rencontrent et vivent ensemble on ne sait trop pourquoi. Une erreur de casting, deux personnes qui n'ont aucuns points communs et comble de malheur ne sont pas du même milieu social... donc l'idylle prend un grand coup dans l'aile... En couple s'apprécier un tout petit peu ne suffit pas surtout lorsque l'un des protagoniste est aristocrate fils de châtelain et l'autre fille d'une prostituée et banlieusarde... Un grand gâchis pas si imprévisible.
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Pomme ne savait ni friser, ni couper, ni teindre. On l'employait surtout à ramasser les serviettes. Elle nettoyait les instruments. Elle balayait les cheveux par terre. Elle remettait en pile les Jours de France éparpillés. Elle s'essuyait le bout du nez avec un mouchoir à carreaux.
Elle faisait aussi les shampoings, massant le cuir chevelu de la clientèle avec la tendre application qui lui était due. Elle aurait été capable de plus d'application encore. Il aurait seulement fallu lui demander.
C'étaient des dames d'un certain âge, les clientes, et riches, et fort bavardes. En fait elles étaient tout ça d'un seul bloc. Vieux caquetages péremptoires!
Mais ni les lunettes en brillants, ni les lèvres couleur de lavande sous l'azur clairsemé de la chevelure, ni les doigts historiés de pierres précieuses et de taches brunes, ni les sacs de crocodile ne semblaient toucher l'attention de Pomme, tout entière absorbée dans la composition sur le dos de sa main d'une eau ni trop chaude ni trop froide, à l'usage de cheveux qui, mouillés, seraient semblables à tous les cheveux.
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Il y avait quelque chose de poignant dans ce silence qui vivait à côté de lui. Exprimait-il seulement, mais avec une impressionnante, une presque brutale ingénuité, que les âmes sont des univers inéluctablement parallèles, où les embrassements, les fusions les plus intimes ne révèlent que le désir à jamais inassouvi d'une vraie rencontre? Il semblait alors au jeune homme que chacune de ses paroles avec Pomme était un rendez-vous manqué. Il regrettait ses confidences, que personne en vérité n'avait entendues.
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Et un jour il s'aperçut qu'il ne pouvait plus supporter de l'entendre se laver les dents, ni le contact de ses orteils dans le lit;
Il ne dort pas. Il ne peut plus dormir depuis qu'il la regarde dormir elle. Elle resplendit de son sourire intérieur. Elle ne doit rêver à rien. C'est au néant qu'elle sourit, qu'elle se livre comme à un amant.
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Certes, c'était une fille des plus communes. Pour Aimery, pour l'auteur de ces pages, pour la plupart des hommes, ce sont des êtres de rencontre, auxquels on s'attache un instant, seulement un instant, parce que la beauté, la paix qu'on y trouve ne sont pas de celles qu'on avait imaginées pour soi; parce qu'elles ne sont pas où on s'attendait à les trouver. Et ce sont de pauvres filles. Elles savent elles-mêmes que ce sont de pauvres filles. Mais pauvres seulement de ce qu'on n'a pas voulu découvrir en elles. Quel homme n'a pas dans sa vie commis deux ou trois de ces crimes?
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Quand on s'est séparés, la Dentellière et moi, ça n'a pas été ce qu'on appelle une rupture. On ne s'était rien dit là-dessus. On ne parlait jamais d'avenir.
Je l'aimais bien, la Dentellière. On vivait l'un à côté de l'autre mais on n'avait pas les mêmes moeurs ni les mêmes heures; on ne se voyait pas beaucoup. On ne s'était jamais disputés. Il n'y avait pas de raison qu'on se dispute. On a seulement quitté la chambre.
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