Dans la Genèse, il est écrit cette phrase célèbre: « Dieu fit L'homme à son image. » En réalité, c'est l'inverse. L'homme a fait Dieu à son image : vivant, mais mortel. Car les dieux sont mortels, cher monsieur. C'est l'homme qui les tue. Il s'en débarrasse dès qu'il en trouve d'autres à vénérer.
- Il est en pleine dépression.
- Vous en connaissez la cause ?
- La cause ? Il est flic. Parfois, c'est suffisant.
Elle aurait voulu qu'on se souvienne d'elle pour autre chose. Sa bonne humeur, ses traits d'esprit, son professionnalisme, sa sincérité... N'importe quoi, mais pas « la sixième victime ». (…)
Elle avait été une bonne personne. Appréciée de tous. Et... c'était tout ! Le résumé d'une vie est parfois si lapidaire que c'en est insultant.
- Son portable ? On l'a borné ?
- Commissaire, vous savez le temps que ça prend.
- Si c'est moi qui fais la demande, on l'aura d'ici ce soir, alors magnez-vous. Ses proches ? Quelqu'un chez qui il pourrait trouver refuge ?
- Ses parents habitent Roubaix...
- Paix à leur âme, ironisa Venturi.
J'ai un traitement pour ce type de patient. Une balle de 9 mm le matin. Renouveler si les symptômes persistent.
À chacune des affaires qui lui étaient confiées, elle s'efforçait de sonder l'abîme en préservant son humanité, conformément à la mis en garde de Nietzsche. C'était peut-être le secret pour ne pas perdre la raison : ne jamais inviter le démon à sa table.
Ce que les autres voient comme de la force, ce n'est qu'une volonté de nier nos propres blessures. Si nous fonçons, ce n'est pas parce que nous sommes forts, mais parce que nous avons peur.
- Justement, Venturi. Nous comptons sur vous pour amorcer l'enquête, enchaîna le plus jeune.
- Pardonnez-moi, je manque de vocabulaire. Vous savez, moi je viens de la rue, j'y ai fait mes preuves, mais je n'en ai pas rapporté de diplôme. Alors, pour un type basique comme moi, il faut employer des mots simples. Vous voyez, « amorcer une enquête », je ne comprends pas. Chez moi, on mène une enquête, on ne l'amorce pas.
Venturi la dévisagea tel un joueur de poker qui voit son adversaire ramasser les jetons en montrant le bluff de l'année.
De nos jours, le civisme, la politesse font figure de vestiges.