Tant pis pour l'amour

Lorsque nous rencontrons Sophie, elle est à la terrasse d'un café italien, accompagné de Chocolat, son fidèle ours en peluche. Qui pour le coup, n'a pas sa langue dans sa poche et se permettra au fil de ces pages, des petites piques très divertissantes. Ce qui va faire du bien à la lectrice que je suis car l'histoire que Sophie nous raconte est loin d'être un long fleuve tranquille. L'amour n'a pas toujours une issue aussi heureuse que l'on voudrait et surtout, il a parfois un tout autre visage. Sophie l'a vécu, subi et en témoigne ici avec émotion et force.

Etudiante, illustratice, elle participe un jour à une soirée regroupant des personnes plus ou moins connues. Elle aime ce que son métier lui permet de faire, sortir des sentiers battus. En partant, elle croise Marcus, s'étonnant qu'elle parte déjà. Ils ne se connaissent pas, échangent quelques mots seulement, pourtant le trajet jusqu'au coeur commence déjà à se faire. Ils se revoient bien plus tard et là, tout s'enchaîne. Comme une évidence. Sophie n'en revient pas d'être avec un homme qui la comprend si bien, la soutient, la pousse à devenir une meilleure version d'elle-même. Avec Marcus, elle se sent belle, forte. Puis Marcus change. Ou plutôt il montre ce qu'il est réellement. le mal est fourbe, insidieux.

Ce roman graphique est poignant. Il est la preuve qu'il n'y a pas besoin de longues phrases pour faire naître une forte émotion chez le lecteur. J'ai traversé les pages, parfois le souffle court, choquée de cette violence, étonnée à quelle vitesse le cerveau peut se retourner. Sophie semble raconter les choses avec justesse tout en expliquant au lecteur ce qu'il faut faire si jamais lui aussi, il tombe sur un manipulateur. Cet ouvrage est un témoignage, une mise en garde et surtout un bout de vie. Comme une claque.

Tant pis pour l'amour de Sophie Lambda, Delcourt, 2019.

Une BD sur une relation d'emprise, d'inspiration autobiographique.
Quand Sophie rencontre Marcus, elle tombe amoureuse en 48 heures. Elle qui était si cynique et prudente en amour, cette fois, elle y croit vraiment. Mais il se révèle vite étrange, violent verbalement, menteur, jaloux, menaçant, egocentrique... Sophie a alors besoin de comprendre ce qui ne va pas. Confronté à ses mensonges et ses incohérences, Marcus a des réactions disproportionnées, des excuses pour tout et arrive à se sortir de chaque impasse. Mais jusqu'à quand ?

Un sujet difficile, une plongée au coeur de la relation toxique vécue par Sophie Lambda avec un manipulateur narcissique.…

J'ai beaucoup apprécié le graphisme de cette BD. L'autrice a vraiment un coup de cayon très affuté pour rendre compte des situations qu'elle donne à lire.
Peu de couleurs : du noir et blanc, des dégradés de gris et des tâches de couleurs, du rouge surtout, un peu de bleu, du jaune orangé…
Une héroïne aux physionomie très évocatrices…
Et surtout, un ours en peluche, narrateur parallèle, observateur lucide et impertinent…

Le scénario est parfois un peu long, répétitif, plombant…
L'ensemble est relevé par l'humour et l'autodérision de l'autrice, par son sens de la métaphore et de la formule.
L'ensemble est bien documenté car, au-delà de la catharsis de l'écriture, Sophie Lambda exprime la volonté que sa triste expérience puisse servir à d'autres, confrontés à des situations comparables.

Intéressant, pertinent.

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Depuis de nombreuses années maintenant, je m'intéresse beaucoup à la psychologie, aux comportements dits-déviants et à la manière dont on peut s'en prémunir.

Par son roman graphique / bande dessinée, Sophie Lambda nous raconte sa propre confrontation avec un pervers narcissique, une véritable descente aux enfers dont elle a pu se relever, non sans peine.

Tout commence par une histoire d'amour tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Une femme rencontre un homme, ils se perdent de vue et, un an plus tard, ils se retrouvent par hasard et il ne l'a pas oubliée. S'ensuit une relation fusionnelle, passionnée, dans laquelle Sophie va se jeter corps et âme. Elle aime avec la ferveur de celle qui a l'impression d'avoir trouvé son âme soeur, son double. Et, sans crier gare, le comportement de Marcus va changer. Sophie ne va bientôt s'enliser dans des disputes aussi inattendues qu'ubuesques, où les souvenirs de situations passées seront distordus, modifiés au gré des bouffées délirantes de son amant.

Comme dans toute relation abusive, Sophie va douter, s'isoler, repousser des amis de longue date alors qu'ils auraient pu être ses bouées de sauvetage. Mais tout cela fait partie du plan de Marcus. Détruire Sophie à petit feu, l'absorber, la rendre sienne à tel point qu'elle ne sera plus elle-même. La faire passer pour ce qu'il est, lui : une sociopathe hystérique, prête à créer des conflits pour la moindre anicroche.

L'histoire de Sophie m'a fait passer par un florilège d'émotions diverses. On sait exactement dans quoi elle s'embarque quand elle rencontre Marcus et pourtant, on plonge avec elle dans cette relation toxique. Et lorsqu'il vrille, la fait souffrir, on a aussi très envie de la secouer, lui hurler de ne pas y aller, que c'est une erreur. Pour cela, il y a Chocolat, l'ours en peluche de son enfance, auquel Sophie a redonné vie pour l'occasion. Petit concentré d'humour aussi cynique que percutant, on pourrait penser que son rôle est de donner un peu de légèreté à un roman qui ne l'est pas. Il est bien plus que cela. Confident imaginaire de Sophie, parfois coach de vie qu'elle n'écoute pas toujours, il est un personnage omniscient qui saisit tout de suite de quoi il retourne. Chocolat ou toujours écouter la voix de l'ours !

Ce récit n'est pas seulement celui de cette relation dont Sophie a réussi à s'extirper, il est aussi une sorte de manuel sur la manière dont on peut repérer les pervers narcissiques et leur mode opératoire. Et c'est là qu'on s'aperçoit à quel point ces individus sont dangereux, insidieux, parvenant même à retourner contre soi notre propre entourage et de parfaits inconnus. J'ai particulièrement aimé la symbolique du singe volant : "fan" du pervers narcissique, pas nécessairement un ami, mais personne assez naïve pour faire son sale boulot : stalker Sophie sur les réseaux sociaux et envoyer des messages de nulle part pour essayer de la convaincre qu'elle se trompe sur Marcus.

"Tant pis pour l'amour", un titre lapidaire et pourtant, le roman est rempli d'espoir, celui que l'on peut s'en sortir, déjà. C'est fort, puissant et nécessaire. Encore un moment de lecture intense et édifiant qui, je l'espère, permettra à d'autres personnes de se sauver, à temps, de ces histoires d'amour qui n'en sont pas.

Tant pis pour l'amour est une bonne grosse BD hyper didactique, quasi documentaire, et parfois presque trop dans la seconde partie. J'ai néanmoins trouvé que ça passait parce que c'est toujours marié à l'expérience de l'autrice-illustratrice, et illustré de nombreuses scènes de sa vie réelle (ou présentées comme telles, en tout cas). le dessin, souvent assez léger, vient soulager un peu l'ambiance pesante. D'ailleurs, l'histoire est racontée avec pas mal d'autodérision et d'humour – notamment parce que le side-kick de Sophie est son ours en peluche alcoolique et cynique à souhait.
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Bon, je préviens, je ne suis pas experte en critiques, et encore moins en critiques de BD.
Parce que oui, c'est une BD. Bref.

Cette BD est un immense coup de coeur. Je trouve l'histoire poignante, j'aime beaucoup les dessins (je le répète, je ne suis pas experte du tout), j'aime les conseils donnés, bref j'aime TOUT.
C'est un magnifique témoignage de Sophie Lambda.
Et je rajoute une mention spéciale pour Chocolat.

L'histoire, vous l'aurez compris dans le titre, raconte comment elle a réussi à se reconstruire et à survivre durant la relation avec un manipulateur. Et juste ça, c'est génial. J'adore les dessins, souvent en noir et blanc avec des couleurs (jaune, rouge, bleu...) apparaissant de temps à autre. Ou quelques pages entièrement colorées. Bref. Cette BD est en plus agrémentée de conseils pour reconnaître, survivre à un manipulateur.

C'est assez compliqué de faire une critique dessus, donc je vais terminer sur ceci : si vous ne l'avez pas lu, FONCEZ ! Vous ne le regretterez pas. Ou peut-être que si. Mais j'en doute. Perso.

Glaçant,
Perturbant,
Effrayant
Mais aussi attachant, sensible, juste

On ne peut rester indifférent devant un tel récit. Et puis, qui n'a pas reporter sa(ou ses) propre histoire sur l'échelle à 14 points du parfait manipulateur ?
On ne peut aussi que louer la force et le courage de l'héroïne et donc de l'auteur d'avoir pu s'en sortir.
Un livre qui devrait sans nul doute servir de référence à tous ceux qui sont perdus

Néanmoins.
Et je vais sembler horrible.
Si je m'attache au pur récit, du point de vue du lecteur bédéphile, les 300 pages se ressentent. On y retrouve le côté blogueur, un peu voyeur, linéaire et très exutoire.
Et je ne sous estime pas du tout le pouvoir exutoire du dessin. Cependant pour une histoire plus riche, y conter là par ex, le pourquoi de l'ours en chocolat, ou ses autres histoires de vie dont elle effleure à peine le récit, aurait sans nul doute gagné en profondeur.

D'habitude je ne critique pas les BD. Je les lis trop vite et je ne me sens pas légitime sur ce type de littérature que je connais peu et dont j'ai peu de références. Mais là, ce récit mérite d'être mis en avant. Je dirais même que la lecture devrait en être obligatoire, pour toutes les jeunes filles (et les jeunes hommes), afin de comprendre ce qu'est la manipulation et comment la reconnaitre. Dans ce roman, on y trouve du témoignage personnel, dur, mais réaliste, et aussi des pistes de compréhension, avec beaucoup de références aux mécanismes psychologiques que l'auteur a réunis dans son parcours vers la guérison. A lire et à offrir.

J'étais intrigué par le récit de cette jeune femme tombée dans les filets d'un manipulateur. Je connaissais le terme mais j'étais loin d'imaginer le pouvoir de telles personnes et leur influence désastreuse sur la santé psychique et physique de leur entourage.
J'ai trouvé ce témoignage poignant et extrêmement intéressant. L'auteur arrive parfaitement à nous emmener avec elle dans cette relation et observer ce crescendo dans la relation toxique et son désarroi psychique. Sophie Lambda nous propose non seulement un récit-témoignage pour parler de cette relation toxique et destructrice, mais également des conseils pour repérer les manipulateurs ou comment se sortir de ce piège.
C'est très intelligemment fait dans une histoire captivante et bouleversante pour témoigner d'une situation loin d'être anodine (malheureusement) et qui mérite des mots - et des images - pour sauver (et le terme n'est pas usurper) des victimes de ces manipulateurs.

Tout avait commencé sous de bons auspices … et pourtant en moins de 48 heures Sophie tombe dans les filets de Marcus. Il lui faudra du temps pour comprendre à qui elle a affaire et plus de temps encore pour sortir de cette relation toxique.
Sous une forme presque comique si le sujet n'était aussi dramatique, l'autrice dessine à la manière d'une Margaux Motin ou la Grande Lison, la chronique d'une emprise amoureuse. Accompagnée de son nounours ange gardien, Sophie traverse toutes les phases d'une manipulation XXL.
Entre un journal intime et guide de décryptage de type « La manipulation pour les nuls », ce « roman graphique » de 300 pages est aussi un manuel et une aide pour tou.te.s celles et ceux qui, un jour, croise la mauvaise personne.
A mettre entre toutes les mains.

Quand Sophie tombe sur Marcus, il est parfait, attentionné, drôle, touchant, sensible, l'homme parfait. le truc c'est que vu le titre on sait d'emblée qu'un truc va clocher. Et ça dérape, fort, vite, une fois la pente inclinée, remonter va s'avérer difficile, voire impossible. Sophie trouvera une issue mais il lui faudra du temps pour se libérer de cette emprise.
La mise en couleurs est très bien faite et illustre parfaitement les sentiments, les états émotionnels de la narratrice. J'ai aimé les images employées qui sont extrêmement parlantes, le personnage de l'ours (sorte de conscience à posteriori m'a fait rire, jaune), la jauge émotionnelle est une idée géniale qui illustre parfaitement les aléas d'une telle relation.
Le découpage de cette BD est particulièrement bien pensé : une première partie témoignage sans pathos avec un regard bienveillant mais assez objectif sur sa situation et la seconde sous forme de documentation, de prévention face à ce genre de personnes toxiques et les méthodes pour se prémunir ou arriver à sortir la tête hors de l'eau.
Une BD d'utilité publique qui apporte beaucoup d'éclairage sur cette problématique de la manipulation mentale. Un témoignage poignant et instructif.