AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le garçon de mon père (14)

Mon temps perdu ou mon paradis perdu, c'est cette photo épinglée dans le temps d'avant. Mon pays perdu est celui où mon père, encore jeune, me lit des histoires dans la lumière jaune de l'été.
Commenter  J’apprécie          160
Ses seuls moments de repos véritable, en dehors du sommeil étaient ceux où il lisait : il pouvait s'abstraire de tout, n'importe où et demeurer immobile des heures durant, aussi bien sur un canapé qu'une chaise une serviette de plage qu'une table de restaurant, ou un banc. Il disparaissait de nos vies puis revenait de ses lectures à peu près calme. Sa vie explosive avait été prise dans une sorte de caisson qui l'avait contenue, le temps que la lecture le recompose, lui.
Commenter  J’apprécie          100
Les joues creusées, le regard dur, le visage rajeuni d'où, comme l'écrivait le narrateur d'À la recherche du temps perdu à propos des traits de sa grand-mère au moment de mourir, " la vie en se retirant venait d'emporter les désillusions de la vie", ont imposé au beau milieu de notre silence l'un des mots les plus terrifiants du dictionnaire, si gros de nos conversations passées qu'il emplissait la pièce sans que nous ayons eu à le prononcer - celui d'euthanasie.
Commenter  J’apprécie          70
Ce livre n'est pas un livre de deuil. Le deuil, c'est après. Il travaille votre être, votre corps, vos rêves et peut vous arracher à la vie présente. Si l'on y sombre, on erre pour le restant de sa vie, contemplant les vivants de loin, sans désir aucun de les rejoindre. On est mieux avec ses morts, dans une éternité douce de chagrin. Les sensibles, les friables, les êtres trop usés pour porter la charge de la vie peuvent s'y trouver très bien. Pour les autres, le deuil prend son temps, puis pose la frontière.
Commenter  J’apprécie          20
Dans la pièce le silence était plein. Je pensais que la chambre était lente, et les vers du poème d'Apollinaire, qu'il déclamait souvent, m'arrivaient en tête, "Comme la vie est lente", la mort qui traîne, les ondes lasses, toujours les mêmes, de ces flux et reflux qui ballottaient mon père, le pétrissaient en silence, le temps que ça avance comme ça doit avancer, c'est le temps qu'il faut à la vie pour mourir, et nous autour, comme des andouilles à attendre, "Et comme l'espérance est violente".
Commenter  J’apprécie          20
Le vendredi matin ma sœur et moi sommes arrivés en même temps. Dans la chambre de l’épouse nous attendait sa douleur et son épuisement m’ont attendrie, bien que j’ai toujours été trop vieille et mal aimable pour avoir une belle-mère de mon âge.
Commenter  J’apprécie          10
Il suintait la solitude d’un enfant grandi sans mère, et la conscience douloureuse de la différence sociale lorsqu’on l’expédia dans une autre des écoles du groupe des Frères des écoles chrétiennes, les Francs-Bourgeois de Paris. Ils était la bonne œuvre brillante et perdue parmi les grosses de riches. On dit que certaines personnes portent leur embryon mort de leur jumeau dans leur corps, dans des endroits incongrus. Il me semble que, pour certains, l’enfance désolée s’accroche à leur corps comme l’embryon mort à son double.
Commenter  J’apprécie          10
Une fois encore, j'allais passer l'après-midi dans une chambre aux murs pastel. J'y chercherais sa chaleur, tournée vers lui comme on s'expose à l'âtre, avançant les mains jusqu'à ce que leur couleur change. À chaque visite, il avait moins d'énergie, mais j'en partais avec quelque chose. Une plaisanterie, un regard, un reste de sa présence. Des morceaux du passé.
Commenter  J’apprécie          10
On croit qu'on gagne, on perd. Le sourire et la silhouette, le devoir conjugal et le bonheur domestique. On perd. Si l' on accepte la règle d'un jeu où nous sommes des denrées périssables, si l'on se plie à l'injonction qui tresse ensemble et dans un délire consumériste mariage d'amour, compétence sexuelle, procréation, développement personnel, c'est qu'on a déjà perdu.
Commenter  J’apprécie          10
Mon père. Disséminé dans ma mémoire, ma chair et mon langage, il y restera déposé avant que, l'âge venant, moi-même je ne l'oublie, car sans doute je l'oublierai, les grosses mains, le visage. Alors il rejoindra mon grand-père qui s'efface peu à peu, et avec lui la cohorte des visages gris ou sépia dans les meubles de familles, ces anonymes émouvants dont on se souvient en disant " il paraît que", "on disait que". Ou encore, "c'était le père de".
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (76) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

    Françoise Sagan : "Le miroir ***"

    brisé
    fendu
    égaré
    perdu

    20 questions
    3676 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}