Depuis la seconde guerre mondiale, on dépense donc des sommes gigantesques à tuer les sols, à empoisonner les gens, à appauvrir les pays du Sud, et suicider les paysans du monde entier.
Pour galvaniser nos troupes, on ne décompte que les morts qu'on attribue à l'"ennemi"- pas celles infligées par nos mises de vie.
Les sociétés humaines, dans leur organisation moderne (sécularisée, industrielle, agro-industrielle, urbaine, carbonée) entraîne en effet la destruction systématique des habitats, des population d'êtres vivants, de très nombreuses espèces, et la dégradation des conditions d'existence et de santé de la plupart des êtres vivants, y compris les êtres humains.
Cette prise de possession de la naissance par les acteurs, majoritairement masculins, de la rationalité technoscientifique, est emblématique de cette volonté de remplacer la nature en tant que puissance de génération - dont témoignent encore aujourd'hui la persistance des violences obstétricales et le statut des sages-femmes, aussi indispensables que maltraitées et sous-rémunérées.
On sacralise le comptage des chiffres officiels sur ce qui est perçu comme une "menace" pour la civilisation (les morts du "terrorisme", ou ceux de la pandémie de Covid-19); mais qui a en tête le nombre de morts causées par le développement de cette même civilisation - comme les cancers, la voiture ou la "guerre contre la terreur"? [....]
La voiture, les perturbateurs endocriniens, l'agriculture industrielle ne provoquent pas du tout la même angoisse et la même mobilisation que les victimes, pourtant bien moindres, du "terrorisme" ou des virus - ces ennemis identifiés de la "civilisation".
Le désastre écologique serait donc indissociable d'un désastre psychiatrique, d'une maladie mentale généralisée ; car "la santé mentale des humains et des autres êtres vivants suppose que ceux-ci se montrent respectueux envers les autres formes de vie."
Car la grande dignité de l'homme, pour lui, ne relève ni de sa biologie, ni de son âme, mais de sa science, de sa technique et de son armée - il transcende la nature parce qu'il lui fait la guerre.
La mort moderne de la nature passe par la dépossession de la puissance des femmes, autour de la question de la naissance et de la fertilité ; et nul ne peut nier la puissance mortifère de l'agriculture industrielle masculiniste.
La "protection de la nature" est souvent confondue par le grand public avec l'écologie - alors que l'écologie consiste au contraire en une révolution cosmologique et politique qui entend mettre fin à une civilisation mortifère.
En Occident, on prétend vouloir protéger la nature"- au lieu de mettre un terme à sa destruction active, quotidienne, incessante, par le "Développement".