Trois, tome 2 : Production américaine

Ouvrir la suite d'un livre qu'on a adoré, c'est souvent un peu angoissant : vais-je retrouver ce que j'aimais dans le premier tome ? Vais-je être transportée de la même manière ? Sera-ce une redite du livre déjà lu, ou bien allons-nous emprunter un chemin nouveau avec des compagnons déjà connus ?
On pourrait croire qu'un Tome 2, c'est le plus facile d'une trilogie. Après tout, la difficulté de poser personnages et situations est passée, le crescendo de la conclusion encore à venir.
Sauf que non. le 2nd tome, c'est presque le plus dur.
Parce qu'il faut lier les deux autres, en transition. Parce qu'il faut modifier le ton tout en le gardant. Parce que… etc etc
Il est rare que je plonge dans un T2 les yeux fermés… je l'ai pourtant fait avec Production Américaine. Parce que je savais que je ne serai pas déçue.
Ce que m'inspire ce T2 ?
WOUAHHHHH WHAAAAT !?
Je ne reviendrai pas sur l'indéniable talent de l'auteure (mais bon sang ce qu'elle écrit bien et juste !!), ni sur la profondeur humaine des personnages, encore moins sur les trames et histoires, toujours si merveilleusement tissées et puissantes.
Au-delà du fait que la plume de l'auteure est toujours aussi incroyable, fine, intelligente et précise ; en sus du plaisir de retrouver des personnages qui pourraient paraître fantasmés mais sont au contraire terriblement faillibles donc attachants, il y a l'Amérique !
Production Américaine, c'est un nouveau monde, de nouvelles couleurs, un ton différent. J'ai retrouvé tout ce que j'ai adoré dans Synopsis Anglais, et pourtant tout y est différent. Parce qu'il y a un gouffre entre le strass de Londres et les paillettes d'Hollywood ! Et que cette différence se ressent merveilleusement à la lecture ! Il est difficile de poser des mots sur un ressenti. Car on sent suinter sous les mots de l'auteure, la pénombre distillée dans le glam américain. On sent le poids que la célébrité hollywoodienne dépose sur les épaules des personnages, le carcan de l'image, les illusions et les faux-semblants qui bâtissent cet univers. Les projecteurs anglais étaient humains et constructifs ; les lumières américaines aveuglent, faussent tout et détruisent.
On est partagé entre le désir profond de savourer les passages intelligents, les phrases délicates ou les répliques mordantes, les péripéties passionnantes… et ce besoin violent, incommensurable, viscéral, d'engloutir les pages, d'avancer, vite, vite, pour savoir, découvrir ce qui va arriver
Production Américaine, c'est un jeu de carte battu et redistribué. On a une main différente, et la hâte d'ouvrir Réalisation Française pour découvrir quel sera le jeu final.
En bref : mon coup de foudre ne se dément pas, au contraire ! Production Américaine est pour moi le tome qui confirme mon impression initiale, et assoit son auteure dans le jardin de mes écrivains favoris !

Mais quelle découverte ! J'ai littéralement dévoré les trois tomes et cela faisait longtemps que je n'avais plus été aussi emballée par une lecture !
Cette saga est construite en trois actes, et chacun apporte son lot de révélations et de suspense. Si en voyant les couvertures ornées de ces torses masculins on peut penser qu'il s'agit d'une énième New Romance remplie de clichés, on est bien loin de la vérité ! Ici, on ne retrouve aucune situation stéréotypée, aucun personnage préformaté, pas plus qu'on ne retrouve un récit classique et banal. Tout est fait pour entrainer le lecteur dans l'histoire de Lilie, cette femme souffrant d'une forme de sociopathie, qui plonge sans même l'avoir voulu dans un univers dont elle ne connait pas les codes. Tirée de ses chiffres et de ses ordinateurs, Lilie se heurte littéralement au monde du showbiz et à ses occupants, dont Benjamin Carson un acteur anglais réputé. Elle qui n'aime pas être mêlée aux gens va devoir affronter ses peurs, ses angoisses et un passé qui lui colle à la peau…

E.J. Langlois nous sert ici un cocktail réussi :
Des personnages profonds, dont le vécu a façonné ceux qu'ils sont devenus. Loin d'être des héros, ils sont simplement des humains, avec leurs forces, leurs faiblesses et leurs failles.
Une intrigue qui m'a tenue en haleine jusqu'à la dernière page sans jamais me lasser. J'ai tourné les pages les unes après les autres, regrettant parfois de devoir laisser le roman et ses habitants de côté, tant j'étais happée dans leur univers.
Des dialogues percutants, des répliques cinglantes, des moments de rire, d'autres touchants et terriblement poignants.
En bref, ce sont des romans que je n'ai cessé de recommander quand je les lisais, et maintenant que ma lecture est achevée, je ne peux que maintenir mon avis : il faut les découvrir. Pour la plume de l'auteur, pour l'histoire et pour ces personnages attachants que je regrette d'avoir déjà dû quitter.
Un véritable coup de coeur !