AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de latina


« Allons-y donc. Prenons congé. Faisons une croix bien grosse et bien épaisse là-dessus, même si nous la traçons avec tendresse. Une croix sur elle, sur lui. Leur quartier, leur époque, leur existence. Les grands tableaux d'un coin de petite ville et d'une famille nombreuse, dans une maison d'angle sans jardin, un magasin dont la porte ne cessait de sonner (...) Je passe au hachoir toute la zoologie humaine de ma jeunesse. C'est à ce prix seulement qu'elle, la Josée, deviendra ce qu'elle a toujours voulu être. Plus grande qu'elle-même. (...)
Ca suffit, maintenant. Hache et tranche, dénude chaque petit os, commence. N'importe où. Mais commence ».


Et quand il commence, il s'emballe, Tom Lanoye.
« C'est ainsi, c'est comme ça qu'on raconte et qu'on se rappelle les choses dans ma famille et dans ma région, ainsi est notre parole, ainsi est notre chair : abondante ».
C'est avec une langue somptueuse, pleine de verve, d'emballements, de détours et de retours que Tom Lanoye nous raconte son enfance, sa famille, ses voisins, la boucherie de son père, et surtout, sa mère. Sa Mère, l'autoritaire, la maitresse-femme, la rebelle, l'éclatante, l'opulente. Une femme qui manie le verbe avec aisance, qui aide à la boucherie, certes, mais qui fait du théâtre en amateur, qui adore se montrer, s'exposer. Rien ne se fait simplement, avec elle. Rien, même pas son attaque cérébrale qui la laisse démunie et, ironie du sort, sans langage. Une espèce de charabia informe remplace pour toujours ses discours toujours construits avec emphase, et puis le charabia lui-même cédera la place au silence et à la désagrégation de tout ce qui avait construit cette femme hors du commun.


Aujourd'hui, je referme ce gros livre et j'ai un peu le cafard. Je me plaisais bien, moi, là-bas, à Saint-Nicolas, au nord de la Belgique. Et puis Tom Lanoye a l'air d'un bon gars, vraiment. Bon fils, attentionné. Bon écrivain, excellent écrivain, je peux vous l'affirmer ! Son écriture baroque, son vocabulaire exaltant, ses phrases à l'emporte-pièce, ses digressions, ses mélanges, sa volubilité, sa franchise, tout ceci me fait dire que c'est un écrivain de premier ordre. Encore un écrivain belge que j'ai le devoir, le privilège, l'immense plaisir de vous faire connaitre.
J'avais lu et adoré « Troisièmes noces », j'ai lu et adoré « La langue de ma mère ».
Commenter  J’apprécie          5211



Ont apprécié cette critique (49)voir plus




{* *}