mon opinion sur ce livre a beaucoup varié; j'avais d'abord (mauvaise idée) publié une critique très favorable avant de l'avoir terminé. Aprés achèvement de ma lecture, mon opinion s'était modifiée en fonction de mes covictions de l'époque, et qu(y avais substitué une commentaire relativement féroce; ensuite ma sensibilité religieuse a évolué (ce la arrive quand on est en recherche) et j'ai réévalué le livre; d'où cette nouvelle critique qui remplace les précédentes. Peut-être devrais je relire? Gare à la quatrième critique!
Le livre est la récit des deux épiphanies successives que vit le narrateur.
La première est la révélation de ce qu'il appelle l'Immonde, et qu'il connaissait, bien sûr, déjà sans l'avoir nommé, puisque c'est le monde où nous vivons, notre Brave New World libéral et mondialisé, matérialiste, désacralisé, où il ne s'était jamais senti l'aise
. Je me rallie pleinement à ce qu'il en dit beaucoup mieux que je ne saurais le faire, et à quoi je n'ai ni à ajouter ni à retrancher.
C'est cette partie du livre que je préfère.
Cela le conduit au désespoir.
La deuxième épiphanie, c'est son Chemin de Damas personnel, la rencontre de Dieu, du Dieu de la Bible, solution et principe universel. C'est un privilège dont j'aimerais bien bénéficier.
Je suis de culture catholique, j'ai été élevé dans cette religion, je l'ai pratiqué un certain temps tout en souhaitant croire, me disant comme Pascal :: Faîtes les gestes de la foi, ét vous croirez". Efficacité moyenne hélas. Mais j'essaie à nouveau. Et Je fais aussi partie de ces catholiques honnis par l'auteur qui voient d'abord dans le catholicisme une part de leur identité culturelle, presque charnelle, sans parler de la beauté des édifices et des rites, et qui mériteraient un peu plus de charité de la part de l'auteur, dont la position élitiste m'insupporte . le Christ était aussi venu pour les Gentils.
L'auteur trouve peut-être Pascal encore bien bon avec nous ! Il me permet encore de rechercher la foi de la seule manière qui me soit ouverte, rt peut-être de la trouver.
Mais pas du tout, me dit Lapaque. Ça ne marchera pas si vous n'avez pas la grâce, si vous la voulez, priez pour l'avoir
Ça, cher Monsieur Lapaque, ce n'est pas du catholicisme mais du calvinisme, il faudrait réviser un peu votre théologie.
Même si Pascal, janséniste, est donc un crypto-calviniste; moi, je suis franchement du côté du Père Molina,
S.J.
En tout cas Lapaque n'est pas très encourageant pour celui qui vacille sur la bordure de l'agnosticisme.
Mais le narrateur trouve tout ce qu'il lui faut grâce à...tant pis, soyons francs: une belle bande d'allumes.
Alors j'admets très bien qu'il y a des gens qui fonctionnent comme ça. Mais ce chemin ne m'est pas ouvert
Et mon Dieu ne saurait être celui d'Abraham et de l'Ancien testament, auquel je ne sauais adhérer en bloc, pour des raisons trop longues à expliquer ici.
Et certains propos et certaines idées me choquent ou me heurte
Ainsi le narrateur ressemble un peu trop au Des Esseintes de Huysmans dans "Là-Bas" et les croyants qui l'accompagnent dans son cheminement semblent eux aussi échappés de ce livre, et me semblent un peu trop parfaits, ou un trop allumés.
Et dans ce livre, on aime un peu trop le Moyen-Age qui fait aujourd'hui l'objet de réhabilitations excessives.
Sur un autre plan, je ne supporterai jamais cette éternelle et vaine tentative de justifier le mal par la liberté! La liberté peut justifier le mal agi, celui du bourreau, mais pas le mal subi, celui de la victime, dont on fait bon marché de la liberté. Et pas plus le mal impersonnel, celui de la maladie ou de l'accident. Alors? Alors c'est un mystère et il faut renoncer à l'expliquer, et surtout à le justifier en ce monde.
Ou encore, lors de la mort de Saint-Roy, ce personnage christique au nom transparent ( on peine d'ailleurs à voir ce qu'il a de si remarquable), cette affirmation que sa mort dans un accident de la route n'est pas absurde puisque sa vie ne l'a pas été. C'est un sophisme évident, et Il implique la proposition Implicite selon laquelle la mort fait partie de la vie, alors qu'elle en est l'opposé et la négation de la vie, que cela me rappelle le "Viva la muerte" du général franquiste Milan ASTRAY, et ce qu'Unanumo lui a répondu. le Christ n'a jamsi loué ou justifié la mort, au contraire puisqu'il a promis la vie.
Curieusement, on trouve dans la partie "bretonne" du roman, notamment dans le chapitre "il n'y a pas de mauvaise herbe" une exaltation quasi-dyonisiaque de la nature. Là c'est assez beau, même si les frères bretons le sont un peu trop.
On voit mal cependant comment cette vision peut se concilier avec le culte du Dieu Jaloux de l'Ancien Testament, qui a au surplus institué l'homme maître et possesseur de la nature, (ce qui est une conception qui se défend et a le mérite d'être au rebours de celles des animalistes (que je me suis payé s par ailleurs et dont les conceptions répugnantes rejoignent les projets tout aussi répugnants des trans -humanistes,,) )mais est difficilement compatible avec les idées sur la nature exprimées ici , auxquelles d'ailleurs, n'étant pas à une contradiction près, je ne suis pas loin d'adhérer.
Côté qualités, c'est bien écrit et d'un intérêt soutenu. Et les écrivains qui osent encore défendre le catholicisme ne sont pas si nombreux.
En me relisant, je m'aperçois que, sur le fonds, j'ai surtout étoffé par ma chronique, et ne l'ai modifié qu'en adoptant un point de vue plus proche de la foi, mais ne suis guère plus aimable pour l'auteur.