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EAN : 9782330143800
300 pages
Actes Sud (06/01/2021)
3.27/5   49 notes
Résumé :
Les froides vacances de février vident Paris. Lazare sait-il seulement que l'absence de sa femme, Béatrice, en visite chez ses parents rocherais, cache un virage plus radical dans sa vie? Cet homme ordinaire a apprivoisé ses désillusions sans toutefois complètement renoncer à un peu de grandeur. Dans cette solitude qui ressemble d'abord à une permission, bientôt propice aux constats les plus glaçants de la lucidité, le voilà qui trouve un chemin vers la mer. Une ver... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Sébastien Lapaque, en décrivant en trois étapes (enfer, purgatoire, paradis) la conversion de Lazare, quadragénaire et professeur d'histoire géographie, offre au lecteur un jubilatoire message d'espérance et son credo « Je sus alors que Dieu ne fait le don de la foi qu'à celui qui espère et que pour espérer il fallait retrouver un coeur d'enfant » (p. 220) … fait écho à Charles Péguy : « L'espérance, cette petite fille de rien du tout… ».

Lazare, né à Chartres dans une famille cultivant la mystique révolutionnaire, a été prénommé ainsi en hommage au Général Lazare Hoche et son frère ainé François en mémoire du Général François Marceau. Professeur d'histoire géographie dans un lycée parisien, ce quadragénaire est « largué » par Béatrice qui partageait sa vie depuis plus de dix ans. Cette rupture s'explique partiellement par la stérilité du couple et essentiellement par l'écart social avec la famille Bonacieux, incarnée par un père énarque, préfet honoraire, et la jalousie d'Anne-Marie, soeur ainée de Béatrice qui se fait un malin plaisir à prononcer le réquisitoire de l'ex.

Notre héros se tourne d'abord vers son mentor Walter Kildéa et ses collègues Sophie Fournier et Saint-Roy qui l'aident à ouvrir les yeux et à radiographier notre monde envahi par des publicités avilissantes et perverti par des médias terrorisant du matin au soir leurs auditeurs ou lecteurs afin d'en faire des moutons de Panurge obsédés de consommation. Il se remémore les rendez vous avec Brigitte Skidmore s'affichant « sexologue » ou expert « Psychopraticien relationnel, thérapie en couple ou individuelle » et rencontre Denis, coach prestataire en bonheur facturé. Ce qui dicte des pages acides inspirées de Bernanos, Léon Bloy ou Houellebecq, mais Sébastien Lapaque n'est pas un prophète du déclinisme et la promesse succède à l'immonde.

Lucie Serlon, voisine de Lazare, le sensibilise à la disparition des moineaux et oriente sa tête vers les nuages. Walter Kildéa l'incite à se ressourcer dans le Finistère chez son frère Xavier au coeur des forets bretonnes. Il y rencontre Naguib et des ouvriers qui ont quitté tôt l'école, ont exercé de vrais métiers, travaillent la terre, lisent la météo dans le ciel et le cycle lunaire, jouent au rugby et lui apprennent « à mettre la tête, rentrer au casque ». Cette cure de désintoxication, loin des abstractions, ouvre son coeur à l'amitié et son esprit à la beauté. Les ballades avec frère Odon, religieux dans une abbaye voisine, les échanges avec Denis qui retrouve sa foi ancestrale et l'introduit au « salut par les juifs », les dialogues avec son père octagénaire et apôtre de l'immortalité, l'Othello de Shakespeare et l'exemple de sa nièce Audrey, épouse de Jakub catholique polonais, interpellent notre héros qui se guérit progressivement du départ de Béatrice.

La mort accidentelle de Saint-Roy, puis de son père, l'obligent à s'interroger sur la vie, sur la mort, sur sa vocation et progressivement la petite fille espérance et sa soeur charité l'amènent à la foi. Lazare réalise que son prénom est la « forme grecque du prénom hébreu Eléazar, qui signifie : Dieu vient au secours » (p. 297) et, à l'instar de Péguy, « demain matin, je me mets en route dès l'aube. J'irai à Chartres à pied ».

« Ce monde est tellement beau » offre une amicale rencontre avec de belles personnes ; c'est un ouvrage à infuser lentement pour s'en pénétrer et en capter la substantifique moelle.
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Sébastien Lapaque ne manque pas d'humour, en intitulant son livre comme s'il s'agissait d'un feel-good de plus. En réalité, et c'est ce qui m'a plu chez cet auteur, Sébastien Lapaque est un penseur acerbe et désenchanté redoutable sur notre monde d'aujourd'hui. Dès les premières pages, le lecteur découvre l' "immonde", ou en prend conscience. Ayant vécu moi-même une période difficile au moment où je lisais le livre, je me suis trouvé en phase avec cette charge sans concession contre les travers de notre société. En outre, Sébastien Lapaque use d'une plume élégante, recherchée, bien loin du feel-good indigeste, dans un roman structuré, implacable dans l'évolution que l'auteur nous invite à suivre : le héros, dégoûté par cet immonde qui le cerne, se cherche, tourne en rond, perd le goût des choses, avant d'enfin trouver sa voie dans son cercle d'amis et dans la religion.
Pour autant, je n'ai pas aimé ce livre, et je n'ai pas du tout été convaincu par la démarche militante de son auteur. Peut-être pour les mêmes raisons que je n'ai pas aimé Céline et passablement Mauriac, avec lesquels S. Lapaque me semble avoir quelques affinités.
Son héros vieille France décalé, professeur drapé dans son intellectualisme fuyant, qui escamote ses histoires d'amour et se laisse conduire par les théories conservatrices et religieuses traditionalistes de ses collègues devenus amis m'a fait froid dans le dos. En effet ce qu'il nomme amitié se résume à une sorte d'admiration béate, qui lui permet de se reconstruire égoîstement face au vide béant de sa vie passée. Mais l'ouverture aux autres, la réelle compassion pour l'humain en général, l'énergie personnelle et la force de vie intérieure brute, non intellectualisée, jamais n'affleure. Quant au sens religieux et au support de la foi, il apparaît tout à coup par défaut, inexpliqué, plaqué, comme le mystère de Domremy, ou comme l'évidence qui n'a pas à se justifier subie parfois par les catéchumènes.
Bref, après un début de lecture assez prometteur, car on ne peut enlever à l'auteur ni son intelligence, ni son style, ni son sens critique affuté, je me suis ensuite vu contraint à une lecture à sens unique, dans la construction implacable et sans surprise du récit, comme dans le dogmatique fermé de la transformation intellectuelle du héros, qui d'ailleurs en fin de roman ne semble rien changer concrètement à son quotidien désenchanté du début.
En conclusion, merci S. Lapaque, pour cette si belle citation, qui nous rapproche : "Ce qui manque dans notre monde, c'est la nécessité de l'amitié telle qu'on la découvre chez Rabelais, Shakespeare, Montaigne ". Mais malheureusement "Ce monde est tellement beau" n'éveille nullement en moi ce sentiment d'amitié si bellement évoqué par Montaigne : « Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiez, ce ne sont qu'accoinctances et familiaritez nouees par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié dequoy je parle, elles se meslent et confondent l'une en l'autre, d'un meslange si universel, qu'elles effacent, et ne retrouvent plus la cousture qui les a joinctes. Si on me presse de dire pourquoy je l'aymoys, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en respondant : Par ce que c'estoit luy, par ce que c'estoit moy. »
Nous sommes donc passés à côté l'un de l'autre, soit que vous vous soyez fourvoyé sur le sens de l'amitié par excès d'intellectualisme et la volonté d'écrire un roman à thèse, soit que le contexte personnel difficile que j'ai vécu en lisant votre roman m'ait rendu aveugle à cette si belle émotion que je n'ai absolumet pas trouvée en vous lisant.
Quoiqu'il en soit, je remercie Babelio pour cette nouvelle opération Masse Critique, et pour cette rencontre avec Sébastien Lapaque -agréable ou pas, une rencontre par le livre est toujours un enrichissement-, ainsi que les Editions Acte Sud, pour leur confiance et leur patience vis à vis de cette modeste critique. le livre est visuellement très beau, agréable à lire, et j'ai beaucoup apprécié le petit mot personnel , très classe, joint à l'envoi du livre par cette dynamique maison d'édition.

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Combattre toujours la laideur de l'Immonde

Sébastien Lapaque a trouvé auprès des amis et d'une voisine qui s'intéresse aux moineaux la recette pour regarder le monde différemment. Alors même que son couple part à vau-l'eau, il va trouver des raisons de s'enthousiasmer.

La vie de Lazare va basculer un jour de février. Béatrice, avec laquelle il partage sa vie depuis une quinzaine d'années, est partie quelques jours chez ses parents à La Rochelle. Seul, il regarde sa vie et le monde et comprend combien les valeurs sont faussées, combien nous vivons dans un Immonde. «Un monde qui n'en est plus un, un monde dont le visage est une absence de visage.»
En revenant de «ses emplettes» avec des oeufs et des herbes pour préparer une belle omelette, il va croiser sa voisine et lui proposer de partager son repas. Mais Lucie va décliner l'invitation. Comme il va le raconter à son ami et confident Walter, ce n'est que le lendemain qu'ils feront plus ample connaissance. Qu'elle le suivra chez lui et s'endormira sur son canapé, non sans lui avoir révélé sa passion pour les moineaux, une espèce animale qui meurt en silence.
À la suite de ce premier échange, il va tomber dans «l'obsession amoureuse», même si ses camarades de poker, spécialistes des libellules ukrainiennes et des présentatrices de télévision lui ont bien expliqué combien ka chose était risquée.
À la question de Béatrice – Et maintenant? – il ne voit guère qu'une réponse, la séparation. Même s'il ne veut pas en prendre l'initiative. Car les années de vie commune semblent avoir figé une relation que ni la conseillère conjugale, ni l'acupuncture, ni même la procréation médicalement assistée n'ont pu empêcher de sombrer. Il faut dire que le travail de sape des beaux-parents aura été constant et payant.
Désormais, son nouvel horizon s'appelle Lucie. Converser avec elle lui permet de découvrir un autre monde, mais aussi de développer sa théorie de l'Immonde. «En rompant tout lien avec la réalité, l'univers sans regard qui s'était substitué à celui de la nature imposait aux individus de vivre sous le régime de la meute. Créé par l'artifice du commerce et du capitalisme, il se définissait par la rencontre de la technique, du collectif et de l'abstrait. Cette doublure qui enserrait la réalité pour la rendre inaccessible, c'était l'Immonde.»
Sébastien Lapaque passe alors ses journées au crible de sa théorie. du football aux crises politiques, de l'éducation à la religion en passant par les questions environnementales, sans oublier l'amour, il nous propose une vision du monde différente. Ce monde est aussi tellement beau avec la musique de Bach, avec une partie de rugby épique, avec un livre de Shakespeare, un verre de romanée-conti et de nouveaux amis et même avec une promenade entre les tombes du cimetière Montparnasse avec Lucie. Cette femme qui a entraîné Lazare dans une lumière qu'il ne connaissait pas et qui, avec des accents à la Bernanos, a le pouvoir d'entrainer le lecteur vers la beauté.
«Othello, les oiseaux, son ton, son rire frais comme un ruisseau de printemps, son refus des assignations à résidence, son âme blottie en elle comme un petit enfant contre le sein de sa mère. J'ignorais ce qu'elle attendait de la vie, mais je savais ce qu'elle avait fait de moi.»


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J'ai lu une longue interview de Sébastien Lapaque dans une revue littéraire
C'est un écrivain érudit. Pour ce livre, ses références sont La Divine Comédie et L'Odyssée d'Homère
Il a mis six ans à l'écrire
L'histoire est celle d'un homme ordinaire ,Lazare,qui subit une vie sans aspérités.Une vie triste dans un environnement morne et désabusé
Une vie que beaucoup de nos contemporains subissent au quotidien sans grand espoir de changement.
Au bout du compte , un vie pour pas grand chose
La force du livre , sa richesse, c'est la transformation progressive de ce quidam qui va petit à petit s'élever vers la beauté du monde , à travers une vision différente de l'environnement et aussi à travers un cheminement spirituel vers la joie
Mon roman est du côté de la joie du bleu de Chartres écrit Lapaque
A l'inverse du récit de Dante , Lazare, va s'élever progressivement pour trouver la lumière : beauté et spiritualité
Ce qui surprend , c'est que , dans ce monde sombre et finissant, Lazare ne va voir que la beauté, ce qui explique le titre magnifique
Il n'y a pas de mauvais personnages .Au contraire, il révèle la part d'humanité chez tout être humain
C'est un livre très abouti, travaillé avec beaucoup de références culturelles , un vrai travail d'écrivain
Il évite bien des clichés.Lazare n'est jamais seul, par exemple
A titre personnel, je ne me suis pas senti en phase avec le personnage de Lazare car je n'ai pas du tout le même ressenti terne et pessimiste du monde actuel et j'ai l'impression de trouver un peu de beauté chaque jour
Dans un monde qui se voudrait grisaille ,malheur ou apocalypse,Sébastien Lapaque apporte une vision lumineuse du monde qui fait du bien

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Le seul livre que j'ai coché lors de la dernière opération Masse Critique de Babelio.
Arrivée en fin de journée, il était encore dans la liste, et le titre m'a plu. Et c'est tout. (Oui, depuis quelques temps, j'ai une certaine attirance pour les surprises, que jusqu'à il y a peu je détestais... muarf !).
Bref, merci à Babelio et aux éditions Acte Sud !

Bon, ce livre tombe pas mal dans mes "préoccupations du moment", pour tout dire... Je suis en plein cheminement et il me rejoint sur ce plan.
Mais en fait, cela ne va pas beaucoup plus loin. Je suis assez mitigée au final.

Le fond, le sujet du roman me plait, forcément. Mais très franchement, j'ai eu du mal avec le style, et les choix narratifs de l'auteur. Cela ne regarde que moi, bien sûr, mais je vais m'expliquer.
En fait de poésie, seuls quelques tous petits passages sont réellement "inspirés" à mon sens (notamment les deux premières pages, magnifiques). Quasiment tout le reste est beaucoup, mais alors BEAUCOUP trop intellectualisé à mon goût.
Il y a trop de passages didactiques qui se veulent "instructifs", le ton est tellement professoral que ça en devient indigeste. Sur la musique, sur les oiseaux, le jardinage, et je sais plus, mais il y en a trop...

Après l'envolée lyrique des premières pages, on redescend sur terre. Et quelle redescente. Lazare a une révélation. Nous ne vivons dans le monde, mais dans l'Immonde (c'est plutôt bien trouvé, ça). Mais que c'est long !
De mon côté, j'ai dépassé ce stade du constat sur "l'Immonde", et il est trop long, trop répétitif, à mon goût. Jusqu'à la page 184, je me suis ennuyée.
Ensuite, à partir de la "conversion" de Denis, mon intérêt s'est trouvé réveillé.

Mais ma progression dans le livre a quand même été compliquée. On comprend bien que Lazare a besoin des autres pour se trouver. Mais tout se situe au niveau de la pensée, et du mental, dans ce bouquin. Même si par moments fugaces ça parle de ressentis.
Ces autres qui entrent dans sa vie sont tous de magnifiques "parleurs". Ah ça oui c'est bien dit. Il n'y en a pas un qui soit quelqu'un de simple au sens "pas forcément intelligent". Même les taiseux, quand ils parlent, sont d'une intelligence et d'une précision surnaturelle.
Même le rapport à la nature, avec Xavier, devient un exercice de style sur le pourquoi du comment de cette relation à la nature. On dirait que pour l'auteur, avoir un cheminement spirituel est infaisable si on n'est pas un dictionnaire ambulant. Connaître tous les noms des oiseaux et leurs chants, connaître la musique classique et les compositeurs, connaitre les noms de plantes, des arbres, des animaux.
La seule chose qu'il admette ne pas connaître, c'est la bible.

Mais, le souci, c'est que tout ce dont il parle n'a rien à voir avec ça !!! J'irais même jusqu'à dire qu'on s'en fout royalement ! le cheminement spirituel n'a rien à voir avec la connaissance intellectuelle et mentale. Cela peut servir mais est non nécessaire.

Et quand il admet ne pas connaître la bible, c'est pour mieux faire passer son prosélytisme. Car on ne peut nier que ce livre fait du prosélytisme pour "la tradition", le culte traditionnel catholique, essentiellement.
Du coup, je comprends ceux qui le trouvent "trop catho", c'est en effet l'impression qu'il donne, dire le contraire est une aberration. Et j'en suis désolée, mais RARES sont les prêtres qui donnent au culte la profondeur que Lazare trouve dans la messe et la communion A CHAQUE FOIS qu'il fout les pieds dans une église. ça, c'est du pipeau, car rares sont les prêtres qui ont réellement vécu un véritable parcours et cheminement spirituel, leur vécu reste au niveau des études théologiques et de l'intellect, pour une grande majorité d'entre eux. Il y a loin de la croyance à la foi, et peu ont la foi...

Enfin, j'ai un problème avec la progression du héros. Car tout cela est extrêmement rapide, et linéaire, en plus. Il a une révélation de l'Immonde, il a plusieurs maîtres successifs, et paf, c'est l'illumination, il voit tout en rose. Ben désolée, mais c'est pas aussi facile...

En conclusion, ce qui m'aura le plus manqué dans ce livre, c'est l'émotion. C'est trop mental, trop clinique, tout ça. J'ai pas vraiment ressenti d'émotions, je ne suis pas arrivée à me mettre à la place du héros. Qui parmi nous est aussi bien entouré, a autant d'amis éveillés ? Vous ? Ben vous avez de la chance, moi j'en ai...
Un. Ce qui est déjà pas mal, je vous l'accorde !

3, en tout, si je compte mes deux amies proches qui acceptent d'écouter mes délires avec indulgence, lol.

Bref, c'est carrément surréaliste, un parcours aussi brodé de facilité, en ce bas monde. le mien en tous les cas ne l'est pas, facile. Et justement, le trop intello, ça me gonfle.
En quelques mots, je préfère quelqu'un qui va me parler de son ressenti et de son émotion face à un ciel étoilé ou une belle musique, plutôt que quelqu'un qui va me citer par coeur les étoiles et les constellations ou savoir le nom du morceau et son auteur... J'ai pas besoin de ça... L'intelligence "du savoir" extérieur ne m'impressionne pas, il suffit d'une bonne mémoire et d'un minimum de capacité réflexive pour "savoir". L'intelligence du coeur, elle, me bouleverse davantage.
Et ça fait toute la différence entre l'auteur de ce livre, et moi... Je pense même que c'est le message qu'il voulait faire passer, mais qu'en ce qui me concerne, il n'est pas passé, parce qu'il a trop voulu étaler une culture inutile pour ce propos...

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critiques presse (5)
Actualitte
05 mai 2021
C'est un roman sur la camaraderie qui élargit le cœur, qui chevauche les idées heureuses et les profonds chagrins, où l'auteur transcende la mélancolie et l'acuité du diagnostic pour nous offrir une épiphanie tendre et lumineuse.
Lire la critique sur le site : Actualitte
SudOuestPresse
19 mars 2021
Le récit d'une renaissance, celle de Lazare, professeur de 40 ans, désespéré par la noirceur du monde.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeMonde
05 février 2021
Entre l’atrocité du réel et sa splendeur, le narrateur du nouveau roman de l’écrivain choisit le second. Une magnifique renaissance.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
15 janvier 2021
L'écrivain raconte l'histoire de la conversion d'un professeur de lycée désespéré par la noirceur du monde.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaCroix
15 janvier 2021
Sébastien Lapaque imagine l'histoire d'une lente conversion, avec un personnage s'ouvrant à la beauté, à la nature et à la fraternité, sur un chemin de foi qui sera celui d'une conquête.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Le ciel était très bleu, par la fenêtre, c'était une belle journée en Bretagne. "Il paraît que tu es un intellectuel ?" souffla brusquement Xavier Kildéa en se tournant vers moi. Je ne sus quoi lui répondre. Un intellectuel ? "Walter m'a parlé de toi. Il m'a dit qu'il fallait que je t'arrache à tes pensées trop nombreuses pour t'emmener en forêt. Ensemble, nous allons parler aux arbres. Leur parler et les écouter. Il y a plein de belles choses à voir et de belles choses à apprendre dans une forêt. Autant que dans une bibliothèque ! Et parfois plus. Ce n’est pas à toi, le professeur d'hîstoire, que j'apprendrai que le mot livre vient du latin liber, qui désigne la pellicule située entre le bois de l'arbre et son écorce. Au temps des papyrus, les habitants des forêts européennes, qui n’étaient pas plus bêtes que les Égyptiens, avaient trouvé de quoi écrire avec cette pellicule prélevée sur le tronc du bouleau. Un arbre sacré ! Mais je n ai pas besoin de t'en raconter plus. Tu sais tout cela mieux que moi.'

Xavier se trompait. Je connaissais un peu l'histoire du livre, je savais que le passage des anciens rouleaux au volumen, le livre tel que nous le connaissons aujourd'hui, s'était produite aux alentours du IVe siècle, dans les derniers temps de l'Antiquité et de la Gaule romaine, mais j'ignorais cette affaire d'écorce de bouleau. Nous n'avions plus pour mission d'enseigner des choses aussi simples et aussi concrètes à nos élèves. Les manuels scolaires étaient emplis d'une matière atrocement cérébrale. Surtout ceux de géographie. C'était de la propagande pour l'unification du monde autour d'une morale planétaire, citoyenne et écoresponsable.
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C'est une chose que j'avais souvent remarquée. Contrairement aux théories pédagogiques dominantes, les enfants ne se plaignaient pas qu'on leur enseignât trop de choses. Ça, c’était le discours des docteurs Folamour de l'Inspection générale de l'Êducation nationale et des associations de parents d'élèves. Les élèves, eux, se désespéraient plutôt de voir leurs professeurs leur servir année après année un brouet pédagogique dilué, accompagné d'un savoir émietté. Le rabâchage les accablait. C'était pour tuer le temps qu’ils s'envoyaient des messages sur leur téiéphone portable pendant les cours. Je ne perdais pas mon calme, je leur parlais des nuages.

C'était suffisant pour que la classe écoute. Victoire et Fatoumata, Pierre, Chloé et Cameron, Thomas et Matiss, Antoine-Alexandre et Quoc-han. La terminale L1, ma classe préférée au cours de l'année scolaire 2013-2014. Les garçons et les filles qui la composaient m'avaient souvent donné l'occasion de vérifier ma théorie sur les élèves : tout ce qui était nouveau les attirait, tout ce qui était rebouilli les écœurait. Leur esprit critique devait être stimulé. Aimais-je encore mon métier ? Peut-être pas tous les jours, mais j'aimais mes élèves. Et je n'affectionnais pas cet enseignement qui semblait conçu pour les faire bâiller. Tout cela ne devait probablement rien au hasard. Le capitalisme total avait tout intérêt à ce que l'école devienne une fabrique de crétins. Une vérité que la plupart de mes collègues ne voulaient pas entendre.
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Je m'appelais Lazare, comme Lazare Hoche, un autre soldat de l'idéal, un autre général qui n’avait pas atteint trente ans, mort épuisé par de longs mois de campagnes. Lui aussi était honoré d'une statue de bronze, je l'avais vue à Versailles où il était né, pas très loin de chez Walter. Je portais son prénom.

Personne dans ma famille n'avait songé à l'ami de Jésus, au subtil lecteur de la Loi, au juif de haute condition que le Seigneur avait arraché au tombeau en prononçant ces mots bouleversants : « Lazare, viens dehors ! »

A Chartres, en retrouvant le général Marceau dans son habit de hussard, avec une main tenant fermement le pommeau de son sabre et l'autre une carte des pays à conquérir entre Sambre et Meuse, je lui avais souri. Sa statue chartraine et l'obélisque qui lui était dédié, plus loin, avaient fait de mon père un admirateur de l'épopée de l'armée du Rhin et des généraux qui chargeaient au galop sur les étriers de leurs grands chevaux.

C'était grâce à lui que je m'appelais Lazare, grâce à lui que j'avais hérité de ce prénom sublime, qui m’exaspérait lorsque j'étais enfant, et dont je comprenais les puissances et les merveilles aujourd'hui. "Lazare, m'avait expliqué le frère Odon, est la forme grecque du prénom hébreu Éléazar, qui signifie : Dieu vient au secours."
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On sentait que ces deux êtres si différents par ailleurs écrivaient le chapitre d'une histoire. Il y avait un avant, il y aurait un après, cette certitude les rendait constants. Vivre, pour ces deux-là, consistait à honorer leur destin. Ce mélange de force et d'humilité, dont je commençais à comprendre qu'il caractérisait les âmes supérieurement qualifiées, était frappant dans la façon qu’avait Xavier de me parler des arbres, révoquant tout orgueil possible lorsqu'il s'aventurait dans ses parcelles. « Ces arbres étaient plantés en profondeur dans la terre de Bretagne longtemps avant moi, ils le seront encore longtemps après que mon souvenir aura disparu, à la quatrième ou à la cinquième génération de mes petits-neveux. En aucun cas la mesure de ma vie n a le droit de servir de mesure à la leur. »

Son intérêt pour les méthodes culturales anciennes de l’habitat rural traditionnel et son goût pour des gestes tombés en désuétude me permettaient de comprendre qu’un passé, ce n’était pas tant un patrimoine dont on héritait qu'une histoire qu’on s'appropriait.
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Je me souviens des premières pages d’un roman de Balzac proposant une description fascinante de l'univers des typographes, Illusions perdues, je crois. Lesquels typographes, si j'ai bonne mémoire, tenaient le cordon du poêle à l'enterrement du romancier.

Quelques années plus tard, les mêmes pleuraient en composant Les Misérables de Victor Hugo, qu'ils lisaient page après page, à l'imprimerie, en levant la lettre et en exécutant les corrections - une histoire trop belle pour être fausse. Les ouvriers d'imprimerie étaient des poètes. Durant la révolution de 1848, ils tiraient sur les horloges pour faire cesser le temps bourgeois, le temps des cadences productives, le temps de l'Immonde.

Lors de la répression de la Commune, ils ont été fusilles en premier. Ils étaient les plus menaçants : non seulement ils savaient lire, mais ils avaient des idées dangereuses.

Des aspirations, comme on disait.
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Videos de Sébastien Lapaque (13) Voir plusAjouter une vidéo
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Le Chemin des estives : récit Charles Wright Éditions Flammarion Collection Littérature française
Ce monde est tellement beau Sébastien Lapaque Éditions Actes Sud Collection Domaine français
Les Murs Blancs Léa Domenach Hugo Domenach Éditions Grasset Collection Littérature française
Être père avec saint Joseph : petit guide de l'aventurier des temps postmodernes Fabrice Hadjadj Éditions Magnificat
Le Courage de la nuance Jean Birnbaum Éditions du Seuil
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