Elle entend l’épuisement – voire le désespoir – poindre dans sa voix et s’en veut de renvoyer l’image de cette femme pleurnicheuse, incapable d’affronter l’adversité. Stephanie méprise ce genre de femmes. Elle a toujours affronté l’adversité, et avec succès.
Mais il faut admettre que Patrick n’a rien perdu de son charme. Mieux encore : il appartient à cette catégorie d’hommes qui se bonifient avec le temps.
Mais il est perdu dans ses souvenirs, comme hermétique au monde extérieur.
Elle a exigé qu’ils consultent un thérapeute conjugal, et Niall a accepté parce qu’il ne voulait pas ruiner son mariage : il aime Nancy et leur jeune fils, Henry, et il ne pourrait pas imaginer vivre sans eux. Par ailleurs, un divorce l’aurait mis sur la paille – ces histoires finissent toujours de la même façon. Niall a donc mis fin à sa relation et accédé à toutes les requêtes de son épouse. Il lui a promis de ne jamais recommencer. Et il a tenu bon ! Mais voilà, cette femme superbe flirte avec lui de l’autre côté de la table, et la tentation est cruelle.
Un enfant a besoin de limites, d’objectifs. L’éducation est la clé de tout. Gary et elle obligent Devin à ranger sa chambre tous les week-ends.
Quoi de plus satisfaisant que de voir son enfant briller et se savoir en partie responsable de son succès ? Cheryl reste à admirer son jeune footballeur – son visage adorable, ses cheveux bruns ébouriffés par le vent, son grand sourire – tandis qu’il dribble habilement. Mère et fils s’échangent un nouveau signe de la main. Cheryl est flattée d’avoir un garçon si sûr de lui, capable d’interpeller ses partenaires sur le terrain, un leader né. Devin s’est toujours fait des amis en un rien de temps.
À 20 ans, Erica était une bombe, une vraie blonde aux traits fins et à la peau sublime. Patrick la fixe jusqu’à ce qu’elle tourne la tête et l’aperçoive à son tour. Elle se fige.
Patrick déglutit et s’approche. Quelques notes de son parfum l’atteignent. Exotique et séduisant, le même qu’elle portait à l’époque. La sensation est déconcertante. En un éclair, le voilà téléporté au Colorado, dans leur bar préféré, riant et enchaînant les bières, si jeunes… Avec la vie devant eux.
Erica se répète qu'à toute chose malheur est bon.
Je pense qu’il est indispensable de connaître l’endroit où on va vivre, quand bien même on aurait un coup de cœur sur une maison. Histoire d’avoir une vision d’ensemble.
Elle sait qu’elle ne retrouvera pas de sitôt sa silhouette d’avant les jumelles, et elle ressent de fugaces élans de jalousie, voire de regret, face à cette mince et jolie femme. Mais il lui suffit de regarder ses bébés pour se moquer à nouveau de son apparence.