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Critique de Lune


Lune
22 février 2021
Réalité présentée sous la forme de roman avec l'aisance et l'investissement précis de Alexandra Lapierre.

Plusieurs voix s'y succèdent, s'entrecroisent :

Celle de Maud Cunard « Her Ladyship », richissime aventurière ayant gravi les échelons jusqu'à la « high society », femme à la morale toute relative, amante sans scrupules, mécène, protectrice et maîtresse du chef d'orchestre Lord Beecham après avoir vécu quelques années avec l'écrivain George Moore.
Mère intransigeante, oublieuse, en rivalité, refusant tout dialogue, poussant sa fille à des actes répréhensibles, double visage qui met mal à l'aise même le lecteur.

Un échec complet dans la relation et puis la deuxième voix :

Celle de Nancy Cunard, la fille, personne tourmentée, vie de débauche et d'excès, maîtresse d'Aragon dont le portrait est sidérant, d'un musicien de jazz (Henry Crowder) noir, d'autres au gré des rencontres, des soirées, des bars.
Des prises de position : une quête de justice (égalité des droits pour les Noirs, guerre civile en Espagne…).
Un rejet de la figure maternelle, rejet destructeur devant la similitude malgré la différence.

L'autre voix sera celle de Henry Crowder.
Avec celle-ci, nous abordons toute l'horreur du racisme anti-noir en France et en Angleterre.
La puissance de l'élite dans ce pays, les humilations.

Une époque : partculièrment celle des années folles avec ses revendications de garçonne, ses cheveux coupés, ses yeux charbonneux et ses soirées dans un Paris « surréaliste ». Nancy y croisera Dali, Man Ray,etc…

L'auteure nous raconte en différents chapitres « accordéon » les points de vue de l'une et de l'autre et dès le départ on comprend que rien n'est possible entre elles.
Tout est excès, vitriol, dans un milieu qui ne l'est pas moins et qui n'en sort pas grandi.
Ecoeurement devant cette richesse qui coule à flot, ce mépris des classes dites inférieures, ce racisme.
Un peu de compassion pour la fille malgré des excès qui étaient probablement une manière de s'imposer et de vivre tout en s'auto-détruisant.

Alexandra Lapierre a traité ce sujet scabreux avec tact et talent pour faire supporter aux lecteurs cette rivalité abjecte mère/fille dans toute sa complexité située dans l'écrin du monde des puissants.


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