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Ancienne plume d'un ministre, Müller s'est retiré à la campagne. Lui qui rédigeait les discours et accompagnait l'homme politique dans ses déplacements s'est fait évincer. Désormais, il regarde les séries policières à la télé les accompagnant à l'occasion de Chartreuse. Son jardinier peu enclin aux bavardages est la seule personne qu'il voit régulièrement.

J'ai pris mon temps pour lire ce roman car il m'a fallu d'abord m'approprier l'écriture de Mathieu Larnaudie. Une écriture exigeante par le vocabulaire recherché, un style qui accroche l'oeil mais qui demande une attention particulière pour bien saisir toutes les subtilités que l'on peut perdre dans certaines longueurs de phrases. Müller pourrait passer une retraite tranquille mais voilà que des personnes se jettent du viaduc situé au-dessus de son jardin. Cette vague de suicides traccsesurtout son jardinier Marceau et fait causer au village. Quand il était« Speech writer », Müller a été un spectateur de la politique. Meetings, sourires hypocrites et couteaux dans le dos. Celui qui cherchait les phrases exactes décode avec lucidité les rouages des couloirs du monde politique. Si les séries policières l'occupent, il élabore un discours qu'il voudrait parfait.
Avec un regard sans concession et avec une pointe de cynisme, l'auteur décrypte les techniques des politiques, l'emploi de la langue, la valse des mots. Etourdissante, frénétique, une mise en scène du langage qui peut s'avérer tragique.
Malgré des qualités indéniables, je n'ai pas été entièrement conquise.
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Les usages bornés de mots

Des mots accumulés, des phrases écrites pour pallier le vide de propositions politiciennes, des descriptions précises, ciselées de lieux.

Des mots mais pas de bavardage. Un monde de jardins et d'allocutions. Deux mondes de campagnes.

Et des événements non descriptibles, des suicides inexplicables, hors de portée, justement de ces mots.

Un monde pas si étrange que cela, un coin de l'envers du décor du Storytelling.

Mathieu Larnaudie assemble des morceaux de réalités et d'invention, pour le plaisir de la lectrice et du lecteur.

Une véritable histoire, celle de Müller, quelques fois porte-plume, de sa propriété et du viaduc surplombant, de son jardin et nécessairement de son jardinier Marceau.

La force et l'impuissance du langage face à certaines mesquineries ou cynismes sociaux.
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Avec ses quelques défauts, Acharnement est donc loin d'être le livre parfait et il ne brille pas exactement par sa sobriété. Mais c'est plutôt un bon roman qui s'interroge sur le pouvoir des mots en général, la parole politique en particulier et qui le fait avec richesse et sans détour.
L'article complet sur mon blog.
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Le roman de la parole politique et de la quête du sens. Une grande réussite.

Publié en septembre 2012, le sixième ouvrage de Mathieu Larnaudie confirme, après le magique "Les effondrés" en 2010, que l'on tient là un "grand" de la littérature contemporaine.

Une prémisse certes étonnante mais, apparemment, simple : Müller, plume aussi réputée que discrète au service de divers politiciens, s'est, suite, sans doute, à un échec électoral de son employeur, retiré à la campagne, dans une grande propriété isolée, nantie d'un immense parc, qu'un jardinier embauché pour l'occasion a rapidement entrepris de magnifier, parc qui est aussi surplombé par un viaduc romain, dont les candidats locaux au suicide prennent la fâcheuse habitude d'user comme ultime plongeoir...

Curieusement rythmé par les écrasements - dont l'impact véritable ne se révèle que peu à peu -, les séries télévisées et les verres de chartreuse comme salvateurs refuges, le temps s'écoule (à une vitesse qui surprendra le lecteur), tandis que Müller cherche à écrire le discours parfait, hors de tout commanditaire cette fois...

Tout en fausse douceur, cette réflexion profonde, déguisée en méditation désabusée, sur la parole politique - sur la politique elle-même en fait -, masque aussi, en évoquant Cicéron ou les tribuns français du XIXème siècle, une analyse terrible de la névrose obsessionnelle et de la quête de sens... Au fil des jours et des nuits qui se succèdent dans une paisible torpeur que troublent uniquement suicidés et gendarmes venant relever les corps, Mathieu Larnaudie réitère aussi le miracle d'écriture qui hantait déjà "Les effondrés" : une capacité sans doute unique aujourd'hui à nous fournir, dans la même phrase ou le même paragraphe, le "film" lui-même et le commentaire du réalisateur (ou le "making of"), forçant élégamment le lecteur, avec un narrateur mis en scène cette fois-ci, à un recul permanent et heureusement troublant.

Une lecture essentielle.

"Le premier de mes morts tomba sur les coups de six heures. Nul ne peut savoir, bien sûr, si, avant de basculer dans le vide du haut des quarante mètres de surplomb où il fomentait son plongeon définitif tandis que, dans le parc, Marceau s'affairait à la culture de ses plants, il avait vu ce dernier creuser, bécher, rouler ou fumer l'une de ses continuelles cigarettes. Et si, en effet, il avait regardé en dépit de tout vertige vers le fond du précipice et avait vu Marceau s'agiter ou immobile en contrebas, nul ne peut savoir non plus, évidemment, si, gêné, il avait hésité un instant sur le seuil de sa chute par crainte de se répandre, tombé de nulle part, à quelques pas d'un honnête travailleur, d'un innocent jardinier, ni si lui avait répugné la perspective d'exhiber l'impudeur de son corps brisé, écrabouillé, devant des yeux inconnus."

"Je restais livré au calme nu de mon acharnement. Une impossible frénésie m'animait. Invariablement, continuellement, fiévreusement le plus souvent, machinalement parfois, dans mon bureau je consultais, prélevais, synthétisais, composais, rédigeais ; sur l'estrade de bois, les mains agrippées aux bords de mon pupitre, les mains voletant dans les airs, les mains tendues devant moi, les mains ouvertes et démonstratives, les poings fermés et volontaires, je prononçais les plus aboutis de mes discours."
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Ecoeuré par le monde politique, l'obséquiosité mielleuse des courtisans, la vacuité du discours politique, Müller, plume d'un ministre viré après la défaite de celui-ci aux élections, s'est retiré dans sa maison, une demeure loin de tout en pleine campagne.

Là, pendant que Marceau, son jardinier, transforme avec une grande diligence et efficacité son terrain en un parc idéal, Müller tente lui d'écrire le discours politique parfait, un discours sans commanditaire, sans corps ni voix. Mais il semble en même temps convaincu de l'impossibilité de réaliser cette ambition, vu la manière dont il froisse et jette dans sa poubelle les feuilles à peine noircies de ces tentatives de discours.

Ce rythme de la table de travail et des saisons qui passent dans le parc embelli va être mis à mal par les corps disloqués successivement découverts dans le jardin, corps de suicidés se jetant du viaduc qui traverse la propriété, par les gendarmes qui viennent constater les décès et par les familles venant se recueillir dans le parc.

Flatterie et cruauté du langage politique sont au coeur du roman. Mais Acharnement ne se limite pas à une critique de la parole politique en tant qu'instrument de conquête du pouvoir, et fournit aussi une image fascinante de l'interaction entre la représentation du monde par le langage – politique et littéraire - et le monde lui-même.

Acharnement est aussi un roman totalement fascinant par sa temporalité, par l'évolution de ce couple Müller – Marceau, la dislocation de leur équilibre, leur détachement, leur chute. En prime – en continuation des Effondrés – on peut y lire des portraits très inspirés et extrêmement réalistes de figures politiques.

« le premier de mes morts tomba sur les coups de six heures. Nul ne peut savoir, bien sûr, si, avant de basculer dans le vide du haut des quarante mètres de surplomb où il fomentait son plongeon définitif tandis que, dans le parc, Marceau s'affairait à la culture de ses plants, il avait vu ce dernier creuser, bêcher, rouler ou fumer l'une de ses continuelles cigarettes. Et si, en effet, il avait regardé en dépit de tout vertige vers le fond du précipice et avait vu Marceau s'agiter ou immobile en contrebas, nul ne peut savoir non plus, évidemment, si, gêné, il avait hésité un instant sur le seuil de sa chute par crainte de se répandre, tombé de nulle part, à quelques pas d'un honnête travailleur, ni si lui avait répugné la perspective d'exhiber l'impudeur de son corps brisé, écrabouillé, devant des yeux inconnus. »
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Müller est ce qu'on appelle une « plume » ou un « speech writer ». Son travail consiste à rédiger les discours d'hommes politiques. Malheureusement, les places sont chères dans ce milieu et il se retrouve licencié suite à la défaite de son candidat. Pour se remettre de son échec, il part s'installer à la campagne, espérant trouver la paix qui lui permettra d'écrire le discours politique idéal et infaillible. Mais une vague de suicides, en provenance du viaduc qui surplombe son jardin, va venir mettre à mal la concentration de l'écrivain…
Dans son roman, Mathieu Larnaudie dresse le portrait d'un homme de l'ombre, contraint à l'effacement et à l'anonymat au profit d'un acteur de la vie politique. Il nous montre un homme tourmenté, tombé en disgrâce mais obsédé par la langue et lancé dans une quête constante du mot juste, de la bonne formule. le roman est basé sur le flash-back, alternant la campagne électorale, son échec, avec la vie monastique du Müller, isolée et perturbée par les suicides. Malgré les quinze ans écoulés, cet homme déchu continue de vivre dans le passé, incapable de tourner la page. Après avoir été l'ombre d'un politicien, son acharnement à justifier la défaite le pousse à n'être plus que l'ombre de lui-même. Pour ne pas sombrer, il ne lui reste que cette obsession du discours parfait, celui qui lui rendra son honneur et le libèrera de sa solitude. Une bataille pour vaincre sa mort sociale qui ne sera pas sans dangers…
Malgré un sujet qui a priori ne m'attirait pas, j'ai trouvé le roman intéressant, bien rythmé et plutôt facile à lire. L'écriture se caractérise par la vitesse du rythme, une urgence dans le texte qui prend la forme d'une diarrhée verbale. Cette plongée dans les coulisses du monde politique permet d'apporter un autre regard sur cet univers intrigant aux multiples enjeux.
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Longtemps speech writer d'un ministre,Müller vit désormais retiré à la campagne. Là, entre feuilletons télé et verres de Chartreuse, il tente de composer le discours parfait.Sa solitude est à peine troublée par la présence quasi mutique de son jardinier, Marceau, seul lien qui le relie au village voisin. Pourtant,la tranquillité des lieux sera brisée par des suicidaires qui viennent se jeter du viaduc surplombant le jardin de Müller.
Commencé de manière quelque peu austère, Acharnement prend rapidement son rythme de croisière et brosse par petites touches d'abord, par grands pans ensuite, le portrait d'un homme, praticien de la langue et observateur lucide des moeurs politiques actuelles. Ceci nous vaut quelques portraits au vitriol de politicards tocards, quelques scènes croquées sur le vif mettant à jour la fatuité et l'histrionnisme de certains, morceaux de bravoure forcément réjouissants. Pour autant, même si l'on peut facilement mettre des noms sur certains personnages , tel n'est pas l'essentiel.
En effet, c'est surtout à l'usage dévoyé de la langue que s'attache l'auteur, fustigeant ces hommes politiques qui méprisent leur auditoire, auquel "il n'est même pas besoin de s'adresser en disant ce que l'on pense, mais simplement, ce que l'on croit qu'elle (cette masse) veut entendre, c'est à dire une adjonction de stéréotypes et de slogans, de tournures immuables , de grandes considérations morales creuses et d'émotions primaires". Aux speech writers d'alimenter en allocutions et réponses toutes prêtes, en bouillie de mots, ces hommes qui , dans la colère peuvent parfois se lâcher dans "une longue diatribe informe, décousue, mue par une rage sanguine et syncopée, traduisant (...) la bousculade des idées et des sentiments dans [leur] esprit" avant de retrouver leur self contrôle.
Le style est ample, le vocabulaire soutenu et le décalage, entre l'univers de Müller et celui du monde politique qu'il a quitté ,radical. Un roman acéré et vif, un regard nécessaire sur le monde politique actuel.
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Voila un livre très bien écrit, donc plaisant à lire, mais qui ne raconte finalement pas grand chose, malgré deux histoires entremêlées...
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Un homme, Müller, vit dans une maison isolée que surplombe un viaduc. Dans sa grande propriété Müller est seul, hormis la présence fantomatique de son jardinier Marceau, fumeur et mutique (pas poss). Autrefois Müller prêtait sa plume à des politiciens, aujourd'hui, dans sa retraite, il travaille un discours chimérique, parfait, absolu.

Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2012/11/chronique-livre-acharnement/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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