Alekhine voyait beaucoup moins loin dans la vie que sur l'échiquier. Dans cet espace et ce temps que les êtres vivants s'accordent à nommer "réel", il ne prédisait pas l'avenir et ne commandait pas au destin. Au moment où il envoya valser son mégot d'une pichenette dans l'eau noire, il n'avait rien deviné de la mauvaise série qui l'attendait.
Que lui trouve-t-on à la jeunesse, sinon la dispersion ? L'âge, en ce qu'il rapproche de la mort et de son ultimatum, renforce la volonté et simplifie les variantes. Comme dans les fins de parties, comme dans la mort des cygnes, il permet la libération d'une énergie furieuse, peut-être irrésistible… Sur ce, Alekhine noua une cravate tartan et sortit.
Il [Max Mross, officier nazi] éprouvait une certaine satisfaction à superposer ainsi les sphères: l'honneur du service à la patrie et la pénétration anale. Selon lui, l'un enrichissait l'autre. Le public et l'intime se nourrissaient mutuellement mais en se tournant me dos. (p.119, Gallimard)
Les antisémites lui rappelaient ces hommes qui insultent des femmes trop belles pour eux, qui tentent de les avilir pour conjurer le dépit de ne pas pouvoir les serrer dans leurs bras. (p.145)
Qu'est-ce qui, aux échecs, coûtait tant à l'âme ?