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EAN : 9782073009326
336 pages
Gallimard (20/04/2023)
3.59/5   52 notes
Résumé :
Champion du monde, Russe blanc naturalisé français, Alexandre Alexandrovitch Alekhine joue sa vie comme ses parties d’échecs, en allant de victoire en victoire et de continent en continent. Pourtant, à Buenos Aires en 1939, la guerre le rattrape. Il est mobilisé et sommé de rejoindre Paris, d’où il assiste à l’effondrement de son pays d’adoption.
Voilà Alekhine otage des nouveaux maîtres de l’Europe qui, trop heureux de disposer de sa célébrité et de son aura... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
La diagonale Alekhine retrace la vie du champion du monde d'échec A.A. Alekhine entre 1940 et 1947.
Arthur Larrue trace le portrait d'Alekhine en décrivant sa part visible et en dévoilant son "double invisible ». Il y parvient en opposant les personnalités d'Alekhine et Capablanca, son adversaire historique. À l'un le mérite d'un travail acharné et la puissance de l'esprit, à l'autre le don du jeu et la grâce innée. La description psychologique des deux caractères est excellente, on comprend comment le magnétique Alekhine a vécu dans l'obsession de battre puis de fuir Capablanca. Son adversaire est sa raison de vivre. La suite de la construction du personnage, en faisant intervenir plusieurs points de vue historiques, est pertinente et permet d'imaginer un homme dominant parfaitement les forces invisibles de son esprit.
Les dialogues avec Francisco Lupi ou Grace son épouse complètent brillamment le portrait d'un homme dont la vison dépasse les 64 cases du jeu pour englober l'histoire, les guerres Napoléoniennes et le conflit mondial de 1940. J'ai trouvé le parallèle entre une attaque militaire et le Cf6 captivant (bien que ne connaissant rien aux échecs).
Entre son retour de Buenos Aires en 1940 et la fin du conflit, le destin d'Alekhine a "coïncidé de façon troublante avec les événements en Europe". L'odieuse compromission d'Alekhine avec les nazis est magnifiquement contrastée avec la persécution systématique de ses anciens amis Rubinstein, Spielmann ou Tartakover. le chapitre de la rafle de Przepiórka est envoûtant. J'ai retrouvé l'intensité et la force mental du Joueur d'échec de S. Zweig dans sa lutte pour survivre psychologiquement à la barbarie. L'auteur décrit avec une précision clinique les détails de la purification nazie rendant la complaisance d'Alekhine d'autant plus insupportable.
Dans la dernière partie du livre le style change, c'est Alekhine qui parle à la première personne. Assailli pas ses démons, il est en quête de reconnaissance, d'argent et s'interroge sur les 3 ans de "mort morale" qu'il a enduré, mais sans jamais se remettre en cause. L'auteur décrit très bien comment, après la guerre, les échecs deviennent un outil géopolitique et les joueurs deviennent des pions formatés par leurs fédérations. Il n'y a plus de place pour un joueur imprévisible et apatride. le psychopathe Alekhine, exilé, indésirable partout, s'approche du gouffre. L'écriture est fluide, précise, on souffre avec Alekhine perdu dans ce nouveau monde.
La diagonale Alekhine est un livre brillant, intelligemment articulé autour d'une histoire prenante et des thématiques morale bien amenées et argumentées. le mélange de personnages réels et situations romancées fonctionne bien. Mon seul petit bémol est qu'Arthur Larrue laisse planer le doute sur la véracité de l'origine de l'article du magazine « chess » #71, cela m'a un peu perturbé.
Une histoire brillante sur l'impossible rédemption d'un artiste libre.



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Je ne connaissais ni Alekhine ni Larrue, mais l'idée de ce roman tournant autour de la vie d'un champion d'échecs russe naturalisé français qui aura maintenu son titre avant et après la Seconde Guerre mondiale, qui aura été le premier champion du monde à reconquérir son titre et le seul à mourir alors qu'il le détenait, m'intriguait. J'ai trouvé là une intéressante histoire qui s'entretissait allègrement avec les chambardements du monde, avec l'absurdité de la guerre et les déclarations contradictoires qu'elle suscite. L'écriture est fluide, bien que le style et le registre employés par l'auteur semblent varier de chapitre en chapitre, ce qui m'a parfois déstabilisé. Dans l'ensemble, toutefois, j'aurai eu du plaisir à lire ce roman inspiré de ce personnage sombre et ambigu qu'aura été Alexandre Alexandrovitch Alekhine.
Lien : https://rivesderives.blogspo..
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L'auteur raconte avec brio les dernières années de vie du célèbre champion du monde d'échecs Alexandre Alekhine, dans un roman historique bourré d'anecdotes. Il évoque les rencontres avec ces grands joueurs qui sillonnent le monde pour s'affronter dans des duels mémorables. Alekhine est un des phénomènes remarquables, pour qui la vie, sans les échecs, ne vaut pas le coup d'être vécue. Un exemple frappant : malgré sa très mauvaise vue, il ne portait ses lunettes que devant l'échiquier ; le monde extérieur ne l'intéressait pas. Mais il ne se séparait jamais de sa mallette noire contenant un jeu portatif, des notes brouillonnes ainsi que des revues échiquéennes tchèques, anglaises et soviétiques. Il est devenu célèbre en battant le Cubain Capablanca en 1927. Très étonnant, les deux joueurs ont toujours évité de se retrouver pour le match retour, et ce jusqu'à la mort brutale d'Alekine, âgé de 54 ans, en 1946 à Lisbonne. Et zone d'ombre dans sa fin de carrière : menacé par les Nazis, il a accepté d'écrire des articles antisémites. Etait-il sincère en annonçant que les joueurs juifs n'avaient pas de « défense pure ». Personnage difficile à cerner. Il était dépendant financièrement de sa troisième épouse Grâce, une riche Américaine, mais il n'était plus à une dépendance près, car alcoolique et gros fumeur. Sa mort a provoqué un choc en plus d'une enquête auprès des services secrets sovietiques, mais qui n'a pas abouti. Dernier détail de célébrité : ces 28 parties jouées à l'aveugle, presque toutes gagnées et reconstituées de mémoire... une prouesse !
Ce roman est déjà passionnant pour les gens non initiés aux échecs, avec une cerise sur le gâteau pour les mordus : codage des 2 plus brillantes parties remportées en 1922 contre Bogoliubov et en 1925 contre Réti.
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On a pu comparer Alekhine au Mozart des échecs. Garry Kasparov tient ses parties pour les plus créatives de toute l'histoire du jeu et fait d'Alekhine son principal maître "ancien". Mais pour l'auteur de cette biographie fabuleuse et rhapsodique – sans avoir le génie stylistique d'un Échenoz qu'il cherche parfois vainement à pasticher – il n'est plus qu'une sorte de figure du Mal, brutal et pervers (doublon visible du Czentovic de Zweig). C'est bien dans l'air du temps de réduire le passé au combat manichéen des forces du bien contre les forces du mal. Un mélodrame bien pensant, une vision du monde d'enfants de choeur contents de leur belle âme. Quant à la littérature si vous l'aimez ce n'est pas dans cette suite continuelle de clichés – aucun ne nous est épargné : situations, dialogues, anachronisme lexicologique, etc. – que vous pourrez l'apprécier. Relisez plutôt La défense Loujine de Nabokov. Vrai chef d'oeuvre sur le jeu d'échecs écrit par un vrai écrivain.
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Du jeu des échecs, je connais juste les déplacements des pièces et le roque. Ne me demander pas ce qu'est un gambit ni une ouverture spéciale.

Ma libraire m'avait conseillé ce roman pour mon deuxième, féru de ce jeu. Il l'a lu en premier, forcément, puis ce fut mon tour.

J'ai été étonnée, d'entrée de jeu, par l'humour de l'auteur au travers de certaines réflexions (Les polonais existent. La Pologne, on ne sait pas » p.17). J'ai aimé ce ton parfois sérieux parfois distancé tout au long de ma lecture.

J'ai découvert la seconde partie de vie du célèbre joueur d'échec russe puis français Alexandre Aleksandroviotch Alekhine. le roman commence lors de son retour en Europe après l'obtention de son titre de Champion du Monde en Amérique du Sud.

J'ai découvert sa quatrième femme Grace qui prendra ses distances avec lui. Une femme riche qui lui paye tout (jouer aux échecs ne nourrit pas son homme), et peint des chats.

J'ai appris que le joueur avait fait alliance avec les nazis, avait même écrit un article contre les joueurs juifs.

J'ai aimé que l'auteur imagine le Champion du Monde poursuivit par trois ombres, les trois meilleurs joueurs juifs qui surgissent parfois le soir.

Qu'il imagine transporter avec lui partout dans le monde un vase de porcelaine bleue du tsar.

J'ai découvert les zaporogues, cosaques ukrainiens se battant pour l'URSS au moment de la Seconde Guerre Mondiale.

J'ai aimé ce joueur et ses tourments, lui qui ne vit que pour gagner, et qui sera le seul Champion du monde à mourir avec son titre ; le dernier champion jouant sans staff ni fédération nationale derrière lui ; le dernier artiste avant la venue d'administrés.

Un joueur dont une défense porte le nom, la défense Alekhine qui se joue en diagonale.

L'image que je retiendrai :

Celle de l'espion russe et du couple français venu en même temps au Portugal pour tuer Alekhine, sans que l'on sache qui avait commis l'acte. Ou peut-être l'homme est-il mort de son penchant pour la boisson.
Lien : https://alexmotamots.fr/la-d..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Alekhine voyait beaucoup moins loin dans la vie que sur l'échiquier. Dans cet espace et ce temps que les êtres vivants s'accordent à nommer "réel", il ne prédisait pas l'avenir et ne commandait pas au destin. Au moment où il envoya valser son mégot d'une pichenette dans l'eau noire, il n'avait rien deviné de la mauvaise série qui l'attendait.
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Que lui trouve-t-on à la jeunesse, sinon la dispersion ? L'âge, en ce qu'il rapproche de la mort et de son ultimatum, renforce la volonté et simplifie les variantes. Comme dans les fins de parties, comme dans la mort des cygnes, il permet la libération d'une énergie furieuse, peut-être irrésistible… Sur ce, Alekhine noua une cravate tartan et sortit.
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Il [Max Mross, officier nazi] éprouvait une certaine satisfaction à superposer ainsi les sphères: l'honneur du service à la patrie et la pénétration anale. Selon lui, l'un enrichissait l'autre. Le public et l'intime se nourrissaient mutuellement mais en se tournant me dos. (p.119, Gallimard)
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Les antisémites lui rappelaient ces hommes qui insultent des femmes trop belles pour eux, qui tentent de les avilir pour conjurer le dépit de ne pas pouvoir les serrer dans leurs bras. (p.145)
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Qu'est-ce qui, aux échecs, coûtait tant à l'âme ?
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