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Critique de SophieLesBasBleus


Lorsque la décision est prise de vendre la maison familiale de Nice, Laurence Tardieu commence à écrire afin de combler par avance la faille dont elle pressent qu'elle sera irrémédiable. L'écriture, par sa capacité à garder la mémoire de ce qui a disparu, perpétue l'histoire de cette maison et répercute les souvenirs qui y sont liés. Mais le 7 janvier 2015 vient heurter de plein fouet la triste douceur d'un passé évanoui et vider de son sens chaque projet, chaque mot, chaque demain. Dès lors, un monde se défait : le monde du jardin niçois épanoui de couleurs, le monde de l'insouciance enfantine, le monde du parfum maternel irrévocablement disparu. A cette perte de sens extérieur répond une fragmentation de tout l'être. Une dissolution du corps soudainement fondu dans le magma d'un univers où ne règne plus que l'indéfini, la confusion.
Comme un balancier implacable, le temps alterne entre la luminosité des jours anciens, les brusques ténèbres qui recouvrent l'année 2015 et la vie qui malgré tout se niche au creux du ventre de l'auteur. Agrippée à ses mots comme à un ultime recours contre la folie du monde, Laurence Tardieu creuse au plus profond de sa pensée et de ses sensations afin de récupérer quelque part, dans l'abri du passé ou dans un repli protégé du présent, l'armature solide qui servira d'appui à la résilience. La joliesse des souvenirs d'enfance naufrage dans la cruauté des meurtres successifs. le ventre habité devient point d'ancrage et point d'interrogation. Tout se mêle et tourbillonne dans un sentiment de monstrueuse incohérence que seule l'écriture peut décrypter sans la résoudre.
"A la fin le silence" est ce texte que chacun pourrait porter en soi depuis le 7 janvier 2015. Peut-être avec d'infimes variantes ancrées dans des histoires singulières. Laurence Tardieu en ciselant le choix de ses mots nous donne à voir, posé sur le papier, ce qui a été détruit en elle et dans ce qui fait le "nous".Elle nous contraint à nous questionner sur la façon dont nous avons commencé à reconstruire. En vacillant. En frémissant. En redoutant. En aimant. Un texte juste et sincère qui sème les plus belles graines qui soit : celles de la joie retrouvée... quand même.
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