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3,12

sur 56 notes
Ce livre conte le récit paradoxal et singulier d'une année 2015 absolument singulière pour la narratrice :

En decembre 2014, elle sait qu'elle va devoir vendre la maison de son enfance, janvier 2015, une vague d'attentats frappe la France, enfin : contrepoint insensé, prometteur........tout au long de ces mois, elle a porté un enfant et l'a mis au monde......

Les chapitres alternent : ceux qui évoquent le massacre recèlent en phrases longues aux mots plusieurs fois répétés" le vertige",la perte que l'on ressent, l'empreinte "sanglante" de la dépossession brutale de son mode intime, "dispersion"," déflagration", "trou sans fond dans lequel je tombe", angoisse, sentiment de fissuration face à l'indicible........

Ces attaques font éclater une bulle protectrice dont la narratrice n'avait pas conscience .

Les chapitres qui content sa famille permettent de perpétuer la mémoire de sa chére maison méditerranéenne: "la Cybèle " , les grandes tablées, l'harmonie des jours heureux, les parfums , les couleurs, les discussions très tard dans la nuit douce, en phrases-tableaux, la luminosité, les fragrances du parfum maternel , le magnolia et les bougainvillées, le ciel rouge embrasé et l'immensité bleue , les citronniers et les mandariniers .........

Dans la troisième partie et le paradoxe de donner la vie dans un monde en ruines," l'imprévisible
était entré dans nos vies ", l'auteur tente d'exprimer à quel point les frontières entre dehors et le "monde "et le "dedans" , le refuge de sa maison sont devenues poreuses, la question du refuge intérieur , les lieux d'ancrage où l'on éprouve un sentiment de sécurité.
A l'aide de cette écriture ciselée, sensible, juste, profonde, elle nous oblige à réfléchir intimement à la complexité des réactions face à l'indicible.

Comment anéantir ses douleurs?
Comment les faire taire?
Comment se reconstruire ?
Ce roman pose question, restitue une part de notre histoire récente et résonne en nous sans sensationnel ni pathos.
L'auteur cherche à se retrouver en elle- même , à rassembler son moi, éclaté, dispersé, craquelé, fissuré, dépossédé, un roman - à la fois intime et universel, poignant témoignage qui ne résout rien mais permet de poser le pied sur un nouveau rivage, la Vie à la fin permet d'espérer........
Pas facile du tout de construire une critique à propos de cet ouvrage dont j'ai rencontré l'auteur
qui me l'a dédicacé .
Mais ce n'est que mon avis........donc peu de chose.
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On est tous marqué par les tragédies qui ont bouleversée notre pays, entre chagrin, sidération et colère. Il y a forcément un après qui modifie notre quotidien qu'on le veuille ou non, la peur insidieuse s'est glissée dans un coin de notre tête. Dans ce récit, Laurence Tardieu (pourquoi indiqué Roman?), revient sur ces tragédies de 2015, ainsi que sur des évènements familiaux (la narratrice est enceinte et doit accepter que la maison familiale de son enfance, havre de paix et d'amour doit être vendue) qui vont ébranler ses mondes intérieurs et extérieurs. Il y a toujours chez Laurence Tardieu le choix des mots qui se marient parfaitement à sa sensibilité. Elle décrit avec justesse et nous interpelle sur nos petits et grands séismes qui jalonne chaque vie. L'intime au coeur du livre aussi, au moment de donner la vie alors que la barbarie l'a ôtée de la pire des façons. Comment faire maintenant avec cette peur pour les siens ? Comment retrouver un peu d'apaisement et de fraternité ? « A la fin le silence » est le récit d'une femme bouleversée, beaucoup de lecteurs le seront également.
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Je ne cacherai pas ma perplexité et ma déception à la lecture de ce roman. J'avais beaucoup aimé "Puisque rien ne dure" du même auteur... mais là, je lui ferais le reproche d'avoir mêlé deux histoires (qui aurait pu faire l'objet de deux textes séparés) dans le même manuscrit : la maison de famille de Nice qui est mise en vente, et les attentats de Paris de 2015... le fait aussi de bâtir un roman à partir des attentats de 2015, est un risque pris par Laurence Tardieu, qui a écrit à chaud, à partir de tragédies qui ont secoué la France entière. Chaque lecteur possède son ressenti face à ces attentats, ressenti qui n'est pas forcément celui de l'auteur, donc le pari était risqué d'oser un tel roman... les attentats, devant à mon avis plus faire l'objet d'un récit ou d'un essai et ne devant pas être pollués par des digressions d'ordre intime.
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Curieux ! J'étais persuadée avoir déjà lu Laurence Tardieu, tant son nom m'est connu. Or, il n'en est rien, c'est le premier.
Curieux aussi de lire ce livre le 13 novembre, jour anniversaire des attentats.
Deux sujets sont traités dans ce livre ;
Le traumatisme provoqué par les crimes extrémistes à Paris en 2015
Le traumatisme de la vente d'une maison de famille qui recèle tant de souvenirs heureux
L'auteur vit ces deux événements alors qu'elle attend un enfant.
« Un magma de sensations » l'envahit, la fait sombrer dans des chutes décrites d'une écriture longue, sans points pendants plusieurs pages.
Ce monde où soudain toute l'horreur est permise, ces souvenirs d'enfance qu'elle craint de perdre à jamais, tout ça c'est beaucoup, c'est trop.
Une hyper sensibilité malmenée par deux grands bouleversements, mais heureusement, il y a cet enfant à venir, cet enfant qui est là.
Une période certainement très difficile à vivre pour l'auteur qui a trouvé ici les mots pour exprimer tout son mal-être.
Plus qu'un roman, c'est plutôt un témoignage et une autobiographie de cette année 2015
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Ce livre développe un double chagrin ressenti par la narratrice en 2015, la vente prochaine de la maison de son enfance et de ses souvenirs d'une part, et, le traumatisme des attentats de l'année 2015 à Paris où elle habite. Bien sûr, ce chagrin et ce traumatisme ne sauraient être du même niveau, chacun le comprend et elle aussi.

Néanmoins, c'est son vécu dont elle alterne la relation entre un drame national et une douleur intime qui va plus loin que la vente de la maison puisqu'elle évoque, en vivant les deux situations, d'autres disparitions, comme celle de sa mère.

Si le texte est fort bien écrit, je déplore qu'elle ramène beaucoup trop à elle-même les conséquences des attentats et ne montre pas assez de compassion pour les victimes et leurs proches qui sont autrement atteints qu'elle dans son univers préservé. Il est vrai qu'elle est enceinte au mois de janvier, état qui exacerbe sans doute sa perception personnelle des journées des 7 et 9 de ce mois.

Les passages sur la maison sont très beaux avec les descriptions du jardin, les références à son enfance, la présence immense et rassurante de la mer, tous ces souvenirs que nous possédons chacun avec des variantes.

Un livre exclusivement centré sur la maison aurait peut-être été plus porteur d'un sens qui peut échapper si l'on compare les deux situations évoquées.
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À l'occasion d'un partenariat avec PriceMinister, la possibilité a été offerte de découvrir certaines sorties de la rentrée littéraire 2016. À la fin le silence, de Laurence Tardieu, m'a attiré par son sujet lié à la vente de la maison familiale qui serait comme un déracinement, l'allusion de la quatrième de couverture aux attentats de Charlie Hebdo ne m'a pas plus parlé que ça.

À la fin le silence est le récit autobiographique de Laurence Tardieu sur certains aspects de sa vie qui se sont entrechoqués en quelques mois cruciaux. En effet, nous suivons l'année 2015 de l'autrice, des attentas du 7 janvier jusqu'au début de l'hiver, en passant par les attentats suivants du 13 novembre et la naissance de son fils au début de l'été. de grands thèmes captivants, Laurence Tardieu choisit surtout de conter ses ressentis, et non la construction de ces événements (qui aurait pu constituer une quelconque intrigue). Nous pouvons tout à fait comprendre quel choc les attentats de Charlie Hebdo ont pu être, même pour ceux dont la vie n'a jamais été en danger et qui nous connaissaient personne dans ce cas-là, tout comme il est aisé de comprendre combien ces événements tragiques peuvent secouer une personne qui se sent fragilisée par une perte familiale (ici la vente de la maison de son enfance) et par une période naturellement éprouvante (ici la naissance d'un troisième enfant). Malgré tout cela et avec toute la bonne volonté du monde, il est bien difficile de ne pas voir que ce livre ne fait pas preuve d'une grande imagination. Je m'attendais à une parenthèse, à un beau récit, clairement pas à un monologue façon « psychologue du coin de la rue », un récit complètement autocentré qui met sur le même plan des choses totalement déconnectées, et (personnellement, évidemment) j'ai trouvé cela extrêmement déplacé. En définitive, je ne garderais que le premier et l'ultime chapitre qui creusent, un peu, la thématique attendue : le premier nous happe en quelques mots chocs, l'ultime développe (enfin) une pensée plus conséquente.
On m'avait également parlé du style de Laurence Tardieu en bien, introspectif et recherché. Clairement, je n'ai pas dû avoir « les yeux en face des trous » pendant cette lecture car ce n'est pas du tout ce que j'y ai vu. En effet, l'auteur multiplie des accumulations à n'en plus finir, des listes de synonymes, ainsi que des répétitions qui ont normalement pour effet de s'appesantir sur un effet particulier, mais là ce n'est plus s'appesantir, on est au-delà de ça, je crois. Elle use d'un vocabulaire quand même plutôt pauvre, ce qui n'a pas manqué de m'étonner, ce qui favorise d'autant moins l'approche de questions basiques sans cesse rabâchées. Enfin, je suis sceptique sur l'organisation même des phrases : le choix très particulier de la ponctuation, on s'en doute, est fait pour montrer que ses pensées s'enchaînent sans filtre, mais à lire, ce n'est quand même pas beau – je ne dis pas « pas aisé », car si cela servait vraiment une volonté stylistique notable, cela faciliterait de fait l'aisance de lecture – non, c'est juste qu'un tel récit haché n'est juste pas possible à apprécier. Cela donne la fâcheuse – et sûrement bien trompeuse – impression que tout cela a été rédigé à la va-vite.

Ce livre est donc une vaste réflexion sur les vides qui nous construisent, ou qui nous sapent, selon les moments où ils interviennent. Malheureusement, de mon humble point de vue, c'est surtout un livre construit sur du vide, car j'en ressors avec la ferme impression de m'être fait arnaquer.

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Dans la vie de la narratrice, deux mondes disparaissent. Celui de la douceur de vivre, de l'enfance, du cocon qui protège, avec la vente inéluctable de la maison familiale, refuge de toute la famille depuis plusieurs décennies mais que plus personne n'a les moyens de conserver.
Fin d'un autre monde, celui d'un pays, d'une ville dans lesquels on circule sereinement, loin de bombes, de la mort, des attentats, mais qui sera plongée dans l'horreur et la stupéfaction après les attentats de l'année 2015.
Janvier 2015, Charlie Hebdo, hyper casher, plus jamais la vie et la ville ne seront vécues comme avant. Marcher paisiblement, prendre le métro, aller chercher ses enfants à l'école, faire ses courses dans le supermarché du coin, fut-il casher ou pas, prendre un verre avec des amis en terrasse, ou aller au concert, autant d'actes anodins qui font la vie de chaque jour, mais que la haine et la bêtise ont rendus si précieux et si rares, car tout peut s'arrêter, un instant on vit, l'instant d'après on n'est plus… C'est bref et terrible, et la compréhension de cet état de fait met la narratrice dans une posture de vertige, en perte de repère, comme si elle tombait dans un puits sans fin. Incapable de reprendre son équilibre, de vivre chaque moment, chaque instant, sans penser à sa finalité inéluctable, alors justement qu'en elle pousse la vie, celle de ce fils qu'elle mettra au monde au cours de cette année terrible.
Dans l'alternance des chapitres, il y a ceux qui évoquent le massacre, avec des phrases de plusieurs pages, aux mots répétés, au phrasé court ponctué simplement de virgules, comme une respiration impossible à trouver, qui montre bien l'état de vertige que l'on ressent alors, la perte d'équilibre, l'impression de tomber sans pouvoir se retenir, sans s'arrêter. Et il y a ceux qui racontent la maison familiale, la famille elle-même, les grands-parents, l'enfance, les souvenirs heureux d'étés fulgurants de bonheur, puis la mort de la mère, et l'après, la maison avec les amis, cette famille que l'on se choisit. Les souvenirs d'un parfum, d'un fruit, d'une musique, démontrent la beauté de ces instants qu'il faut savourer jusqu'au dernier, mais qu'on laisse si souvent passer sans les apprécier à leur juste valeur. Étrange roman qui tendrait plus de la réflexion intime que de la romance, qui montre la complexité des réactions face à l'horreur, celle qui nous frappe encore, à l'aveugle en cet été 2016, et que l'on a tant de mal à simplement appréhender. Assurément un roman fort, qui nous marque, car il est si proche de nos propres interrogations et qu'il verbalise nos craintes les plus intimes.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Quand Laurence Tardieu "commence" ce qui doit être le début de ce roman, elle le fait car elle vient d'apprendre que la maison de ses grands-parents, maison dans laquelle elle a passé tous ses étés d'enfance et où elle est devenue la femme qu'elle est, va être vendue. C'est dans ce havre qu'elle explique avoir construit ou reconstruit celle qui parle aujourd'hui.
Elle espère que ce livre fera changer le destin de cette maison : qu'elle pourra en empêcher la vente ou si ce n'est le cas, garder une trace écrite de ces moments précieux qu'elle y a passé, des souvenirs et ainsi permettre que la maison existe toujours pour ce qu'elle représente : un refuge.
Au même moment, début 2015, sont commis en France les attentats meurtriers que personne n'a oubliés.
Comment alors ne penser qu'à la maison, alors que que ce qui se produit ne peut être même nommer et vécu.

Laurence Tardieu rédige alors un livre dans lequel alternent ses souvenirs de quiétude, ses bouleversements intimes face à la terreur, ses questionnements face au traitement des faits - car ils se produisent en France - .
Au moment de l'écriture, l'auteure attend son troisième enfant et cette vie qu'elle porte lui fait ressentir encore encore plus douloureusement et avec encore plus d'acuité, les événements de cette année tragique.

Ces événements la rendent poreuse comme elle le dit elle-même.


J'aime l'écriture de Laurence Tardieu et j'ai aimé ce roman : elle met parfois des mots sur des faits ou des situations que l'on ne saurait que taire. S'y entremêlent des descriptions nostalgiques de cette magnifique maison et des époques qu'elle y a vécu et les sentiments éprouvés au cours de ces jours si sombres que nous avons tous connus, ainsi que l'évidence que ce type d'action et de terrorisme ne se déroule pas qu'en France mais aussi dans des pays dont on parle moins quand la barbarie y règne.
.
Et on le referme en se posant tant de questions...
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Quand Laurence Tardieu a su que le refuge de son enfance, la maison de ses grands-parents maternels, sur les hauteurs de Nice, allait être vendue, elle a commencé un livre "afin de ne pas la perdre totalement". "Perdre la maison, ce n'était pas seulement perdre le lieu où j'avais des souvenirs heureux, des racines, un présent. C'était également perdre l'unique élément de ma vie qui m'offrait le réconfort de la permanence."

Mais à peine s'était-elle lancée dans l'écriture que les attaques contre "Charlie Hebdo" et l'hyper casher sont survenues, attaques qui l'ont laissée, comme la France entière, dans "un état de sidération et de choc" , elle a alors tenté de "trouver les mots face à l'innommable".
Elle réalise qu'elle ne peut plus écrire sur la maison de son enfance, que pour la première fois écrire "sur le dehors" s'impose à elle.

Trois parties dans ce texte avec chacune son rythme : la première, rapide, urgente, qui correspond aux trois journées des 7, 8, 9 janvier 2015. La seconde, sur un tempo plus lent, relate le temps en suspens où elle ressent que le monde a changé, que plus rien ne serait comme avant, alors qu'elle porte un enfant ce qui lui apparaît alors comme un paradoxe insensé, presque violent. Paradoxe de donner la vie dans un monde en ruine..."L'imprévisible était entré dans nos vies".
La troisième partie enfin qui tente de trouver une issue, du sens, pour ne pas abdiquer, alors même que la deuxième vague d'attentats du 13 novembre vient de nous frapper et que son petit garçon est venu au monde.

Laurence Tardieu cite des extraits d'interviews d'écrivains confrontés aux attentats quotidiennement dans leur pays, notamment l'auteure israélienne Zeruya Shalev, elle même victime d'un attentat en Israël et parle de fraternité silencieuse avec ces écrivains. Par contre, le parallèle qu'elle semble suggérer entre elle et ces écrivains m'a gênée car elle n'a pas été , contrairement à eux, touchée directement par les attentats.

Elle tente d'exprimer à quel point les frontières entre le "dehors" (le monde) et le "dedans" (sa maison) sont devenues poreuses, à quel point la perte du lieu de son enfance entre en écho avec son sentiment de fissuration du monde.

Elle se demande comment lutter, affronter la réalité ou partir comme le suggérait votre grand-père et réalise que sa vie est ici, même davantage menacée.

Laurence Tardieu explore la question du refuge intérieur, ce lieu d'ancrage où l'on éprouve un sentiment de sécurité intérieure et décrit le sentiment de dépossession qu'elle a ressenti avec la perte de sa maison.
Elle trouve les mots pour décrire l'état de sidération qui a saisi la France après les attentats mais son rapprochement constant entre la perte de sa maison et les attentats m'a agacée tout au long de ce texte que j'ai au final trouvé assez nombriliste et larmoyant.
Comparer ce que le monde a perdu ce jour là avec la perte de sa maison me parait indécent même si je comprends en partie sa démarche. Dire tout le long du texte que ce n'est pas comparable mais comparer quand même...
Ce n'était sans doute pas le meilleur angle pour aborder la question délicate des attentats même si j'ai trouvé dans ce récit une mise en mots intéressante sur nos ressentis au moment des attentats...
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Lorsque la décision est prise de vendre la maison familiale de Nice, Laurence Tardieu commence à écrire afin de combler par avance la faille dont elle pressent qu'elle sera irrémédiable. L'écriture, par sa capacité à garder la mémoire de ce qui a disparu, perpétue l'histoire de cette maison et répercute les souvenirs qui y sont liés. Mais le 7 janvier 2015 vient heurter de plein fouet la triste douceur d'un passé évanoui et vider de son sens chaque projet, chaque mot, chaque demain. Dès lors, un monde se défait : le monde du jardin niçois épanoui de couleurs, le monde de l'insouciance enfantine, le monde du parfum maternel irrévocablement disparu. A cette perte de sens extérieur répond une fragmentation de tout l'être. Une dissolution du corps soudainement fondu dans le magma d'un univers où ne règne plus que l'indéfini, la confusion.
Comme un balancier implacable, le temps alterne entre la luminosité des jours anciens, les brusques ténèbres qui recouvrent l'année 2015 et la vie qui malgré tout se niche au creux du ventre de l'auteur. Agrippée à ses mots comme à un ultime recours contre la folie du monde, Laurence Tardieu creuse au plus profond de sa pensée et de ses sensations afin de récupérer quelque part, dans l'abri du passé ou dans un repli protégé du présent, l'armature solide qui servira d'appui à la résilience. La joliesse des souvenirs d'enfance naufrage dans la cruauté des meurtres successifs. le ventre habité devient point d'ancrage et point d'interrogation. Tout se mêle et tourbillonne dans un sentiment de monstrueuse incohérence que seule l'écriture peut décrypter sans la résoudre.
"A la fin le silence" est ce texte que chacun pourrait porter en soi depuis le 7 janvier 2015. Peut-être avec d'infimes variantes ancrées dans des histoires singulières. Laurence Tardieu en ciselant le choix de ses mots nous donne à voir, posé sur le papier, ce qui a été détruit en elle et dans ce qui fait le "nous".Elle nous contraint à nous questionner sur la façon dont nous avons commencé à reconstruire. En vacillant. En frémissant. En redoutant. En aimant. Un texte juste et sincère qui sème les plus belles graines qui soit : celles de la joie retrouvée... quand même.
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