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Critique de le_Bison


Quand le sommeil fuit mon paysage nocturne, je m'enfuis dans la littérature. Cheminée éteinte, tabarnak fait frette ici, genre j'ai oublié une fenêtre ouverte et le vent s'engouffre à m'en tourner plus rapidement les pages de mon bouquin, senteur d'érable. Roman québécois donc, ce qui doit expliquer le grand froid qui règne dans cette cabane. En revanche la parlure me réchauffe, elle est enjouée même si je ne comprends pas tout. Peu importe, cela doit faire partie d'un rite initiatique d'immersion dans un monde où il parle comme nous sans parler comme nous. Et heureusement encore que je lis moins vite qu'ils ne parlent dans cette lointaine contrée…

J'ose à peine sortir la graine au vent de ma cabane enneigée, de peur d'effrayer la tite Josée venue se balader dans mon coin suite à ses longues insomnies, mouvements perpétuels de l'esprit qui tourne en boucle surtout la nuit. Josée, dans ces moments-là, elle discute avec son père, rien de bien anormal me diras-tu sauf que son père est décédé même s'il erre encore les rivages de sa vie. C'est que ses pensées tournent trop vite dans sa tête, comme une vis qu'on enfonce dans le crâne et tourne indéfiniment, inlassablement, infatigablement…

Et à force de ne pas dormir, ça explose un jour, petit accès de colère là où elle enseigne. Elle a besoin de repos, de calme, de sucer la tire et de retrouver un sens à sa vie, surtout nocturne. Moi, je prendrais bien une bière de Chambly dans ces moments d'insomnie, une de ces bières éphémères qui s'évaporent du verre même quand la température descend sous le zéro. Chacun son truc. Pas sûr que la tite Josée soit de mon avis, quoique… Ça n'a jamais fait de mal une broue la nuit… Ça serait mon conseil. Josée, elle, trouve le réconfort plutôt auprès de ses voisins, de son frère et de sa belle-soeur aux quatre enfants, de sa mère qui veut toujours lui faire des rideaux et qui lit Margaret Atwood dans son club de lecture, et surtout son père dont la présence serait une réponse à ce syndrome de la vis…

Ce que j'aime dans les romans de Marie-Renée Lavoie, outre son vocabulaire parlé qui me fait la sensation d'être sur place, le cul dans la neige avec ma broue, ce sont ses histoires simples mais emplies d'une profonde humanité, le regard toujours porté sur les autres et ses voisins en particulier. Ça doit faire un bien fou, que de regarder la lune bleue par une nuit d'insomnie, et de sentir le frisson de la nuit froide pour ne pas devenir fou, pendant que cette vis tourne tourne tourne encore et toujours dans la tête. Crisse de calisse, fait péter une autre tite frette… oh pis, toe, donne-moi de suite le six-pack, ça évitera de relever ton cul de la peau de bête…
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