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Critique de gerardmuller


Le serpent à plumes/D.H.Lawrence
Kate Leslie est irlandaise. Belle femme aux chairs épanouies, elle a presque quarante ans. Cheveux bruns et yeux couleur de noisette, elle affecte un air paisible et quelque peu distant. En vérité, son grand charme, c'est cette sérénité hautaine. Veuve de son second mari James Joachim Leslie, son grand amour après avoir divorcé du père de ses deux enfants, un fils de vingt et un an et une fille de dix neuf ans qui vivent auprès de leur père, elle se rend au Mexique avec son cousin poète américain Owen, la quarantaine, et leur jeune ami Villiers, américain lui aussi.
Nous sommes dans les années 1920. Kate a beaucoup de mal à supporter le pays et ses péons buveurs de pulque dans un premier temps. le groupe loge dans un petit hôtel, le San Remo d'où l'on peut voir le Popocatepetl, le volcan géant couronné de neige, et sa jumelle l'Ixtaccihuatl.
L'épisode de la corrida en préambule à Chapultepec lui laisse un goût amer, mais sa rencontre avec Don Ramon Carrasco, un érudit, et Cipriano Viedma, un général, qui lui dévoilent le côté fascinant du Mexique où règne une violence explosive mais aussi un charme et une magie incontournables, la conduit à quitter Mexico et le microcosme occidental pour rejoindre les rives d'un lac hors du temps dans la région de Guadalajara. C'est lors d'une invitation à un thé à Tlacolula chez une amie, Mrs Norris, veuve d'un ambassadeur à Mexico, que la rencontre décisive a lieu. Dès le premier abord, Kate et Cipriano s'observent et pour Cipriano en extase, Kate recèle le mystère.
le voyage vers le lac Sayula est organisé avec l'aide de Don Ramon, éminent historien et archéologue. C'est là que vécurent les dieux dont Quetzalcoatl, le serpent à plumes qui de tout temps a exercé une fascination sur Kate. Owen parti, Villiers reste encore quelques temps afin d'accompagner Kate jusqu'au lac. le voyage se fait d'abord en train puis en bateau au milieu d'une foule nombreuse.
Villiers reparti, Kate choisit d'habiter une maison confortable avec une dépendance où loge Juana qui tient le rôle de cuisinière et fait le ménage. Sayula est une petite localité avec une plage fréquentée le dimanche par les commerçants de Guadalajara.
Rapidement, Kate découvre l'effroi d'habiter seule et les nuits sont troublées par des bruits suspects. le pays n'est pas sûr et les voleurs sont légion. Ezequiel, le fils aîné de Juana va donc monter la garde devant sa porte la nuit avec une arme à l'épaule.
La visite de Don Ramon et de son épouse Doña Carlotta est annoncée : ils possèdent une hacienda au bord du lac.
C'est à Sayula selon Don Ramon que doit ressurgir Quetzalcoatl, le dieu serpent, régénéré après une longue absence. Et c'est Ramon lui-même, qui se sent l'âme d'un prophète, qui va s'employer avec détermination et l'appui de tout un groupe d'hommes et de femmes qui lui sont dévoués, à édifier l'Église de Quetalcoatl. Il lui va falloir détruire Jésus et la Sainte Vierge, les symboles du catholicisme implantés au Mexique depuis des siècles. Kate renonçant à ses valeurs se fond peu à peu dans le culte des Indiens de Quetzalcoatl et de Huitzilopochtlii, dieu de la guerre et du soleil qui va être incarné par Cipriano, - et va jusqu'à danser avec eux les danses rituelles. Ce qui donne à penser à Don Ramon que Kate pourrait bien entrer au panthéon de Quetzalcoatl, car pour lui il ne peut y avoir de dieux sans femmes, une déesse Itzpapalotl ou Malintzi incarnée par Kate.
Une ambiance de conspiration et de mystère lié aux superstitions règne dans la région avec le sentiment d'un danger imminent. Don Cipriano incite Don Ramon à prendre le pouvoir et devenir président. Mais ce n'est pas le but avoué de Don Ramon…
Dans ce roman qui passe pour être un des deux chefs d'oeuvre de Lawrence avec L'amant de Lady Chatterley, est illustrée la philosophie de la fusion totale qui habitait l'auteur, cette unité pure et ces forces qui conduisent à voir avec l'âme et avec le corps. le retour aux croyances primitives et au paganisme antique est la seule voie selon lui pour échapper au déclin spirituel.
Il faut bien reconnaître que pour un européen, il y a de quoi être dérouté par le côté ésotérique et légendaire parfois un peu nébuleux de la croyance. Ce premier roman de Lawrence, vaste épopée sensuelle et mystique, peut de prime abord déconcerter le lecteur non averti. J'ai trouvé que l'auteur s'est quelquefois un peu trop attardé sur les hymnes religieux reproduits in extenso de façon répétitive. Intéressante et brillante par contre est la description du Mexique dans les années 1920.
le plus grand bémol concerne la traduction dans le Livre de Poche qui n'est pas au niveau.




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