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Citations sur Le serpent à plumes (11)

Cherchons la vie où on peut la trouver. Quand nous l'aurons trouvée, la vie résoudra tous les problèmes. Luttez pour le fragile épanouissement de la vie. Et dans cette lutte-là, ne cédez jamais.
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Savez-vous que les femmes navajos, quand elles tissent une couverture, laissent au bout un tout petit trou, par où elles pourront retirer leur âme de leur ouvrage, sans la laisser tissée avec la laine? Il m'a toujours semblé que l'Angleterre avait tissé son âme dans les rouages de ses industries et dans toutes les choses qu'elle a fabriquées, et qu'elle n'a jamais laissé de trou pour pouvoir l'en retirer. C'est pourquoi, maintenant, toute son âme est dans ses marchandises, et elle n'en a plus nulle part ailleurs.
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Le Mexique ! Ce grand pays abrupt, aride et sauvage, avec, dans chaque paysage, une coquette église qui parait surgie du néant. Un paysage dévasté par les révolutions, où demeurent de coquettes et hautes églises, dont le dôme semble un bourgeon prêt à éclore et dont les tours et clochers sont comme les pagodes tremblantes d'une race irréelle. Eglises spendides qui veillent par-dessus les huttes et les abris de paille des indigènes, comme des fantômes attendant qu'on les chasse.
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Après avoir parlé aux morts, Ramon pris de l'encens qu'il jeta sur le feu ; aussitôt des nuages de fumée bleue s'élevèrent, et il balança un encensoir au-dessus des cadavres que la fumée voila.
Alors les gardes de Quetzalcoatl soulevèrent les cercueils et la flûte se fit entendre.
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Le reptile sentit la présence de la femme, car avec une incroyable rapidité il rampa le long du roc et elle le vit entrer dans une toute petite fente au pied du mur. Le trou n'était pas très grand, il s'y faufila précipitamment, se retourna, la regarda, dressant sa méchante petite tête pointue et vive et dardant une langue noire frémissante. Puis il disparut, s'allongeant à son aise dans le trou obscur. Lorsqu'il y eut pénétré tout entier, Kate apercevait encore son dernier anneau sur lequel reposait sa tête plate ; il faisait penser à ces diables que l'on représente le menton appuyé sur les bras, regardant à travers une meurtrière. Du fond de sa retraite il épiait la femme, la suivait de ses yeux aux éclairs cruels. Elle songea alors à toutes ces choses invisibles, cachées dans les recoins secrets de la terre, et elle se demanda si ce reptile souffrait ou non de ne pas être plus élevé dans l'échelle des créatures, de ne pas pouvoir courir à quatre pattes au lieu de ramper, le ventre à terre...
Peut-être pas! Peut-être avait-il trouvé sa paix à lui.
Kate se sentit réconciliée avec l'animal.
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Les hommes et les femmes devraient savoir que, sur cette terre, il n’est pour eux de rencontre absolue. Dans le baiser le plus proche, le toucher le plus tendre, il y a l’abîme qui, si minime soit-il, quasi nul, n’en est pas moins infini. Ils doivent s’incliner et se soumettre avec déférence. J’aurai beau manger le corps et boire le sang du Christ, le Christ est le Christ et je suis moi, et l’abîme est infranchissable. Quand même une femme est plus chère à un homme que sa propre vie, il est lui et elle est elle, et jamais l’abîme ne peut se refermer. Toute tentative en ce sens est violation et crime contre l’Esprit Saint.

Ce qui nous vient de l’au-delà, nous le recevons seul. Mon moi ultime vient du plus loin, de l’Étoile du Matin. Le reste est assemblage. Tout ce qui est de moi est assemblé par le puissant cosmos peut rencontrer et toucher tout ce qui est assemblé en l’être aimé. Mais jamais le vif même. Cela ne se peut.

Pour que cela ait lieu dans le vif, il faut renoncer au soi assemblé, au moi quotidien, et, les reléguant un à un, se rencontrer, outre-conscience, dans l’Étoile du Matin. Corps, âme et esprit peuvent se transfigurer dans l’Étoile du Matin. Mais, sans transfiguration, nous n’y arriverons jamais. Nous rongerons la laisse. (pp. 379-380)
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[traduction de Gérard Hocmar]
Owen était américain, Kate irlandaise. « N'être jamais allé voir » voulait dire pour lui « être obligé d'aller voir ». Mais ceci relevait d'une logique américaine plutôt qu'irlandaise et Kate n'eut d'autre choix que de se laisser convaincre.
[...]
Mais il était américain pure laine et s'il y avait quelque chose à voir, il fallait qu'il y aille. Cela s'appelait « Vivre » avec un V majuscule

[autre traduction de Denise Clairouin]
Mais il était américain pur sang et s'il y avait quelque chose à voir, n'importe où, il fallait qu'il le vît. C'était cela « vivre ».
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Parfois elle se demandait si l’Amérique n’était pas, en réalité, le grand continent de mort, le grand Non ! face au Oui ! européen et asiatique et même africain. Était-ce vraiment le grand creuset où se fondent les hommes venus des continents créatifs, non pour forger des êtres neufs, mais pour les noyer dans l’homogénéité de la mort ? Était-ce le grand continent de la désagrégation, et tous ses peuples les agents de la destruction mystique ? Long épluchage de l’âme créée en l’homme, jusqu’à lui arracher le germe de la croissance, laissant une créature mécanique, aux réactions automatiques, inspirée par un seul désir : arracher le vif en chaque créature vivante et spontanée.

Était-ce là la clé de l’Amérique, se demandait-elle parfois. Était-ce le grand continent de la mort, le continent qui détruit ce que les autres continents ont bâti. Le continent dont l’esprit du lieu ne vise qu’à arracher les yeux de la face de Dieu. Était-ce cela, l’Amérique ?

Et tous ceux qui y venaient, Européens, nègres, Japonais, Chinois, toutes couleurs et races, étaient-ils ces êtres épuisés, en qui l’impulsion divine a été anéantie et qui font la traversée jusqu’au grand continent de la négation, où la volonté humaine se déclare « libre » de jeter à bas l’âme du monde ? En était-il ainsi ? Et cela expliquait-il le grand exode vers le Nouveau Monde, l’afflux d’âmes épuisées qui passent du côté de la démocratie sans Dieu, de la négation énergique ? La négation qui est le souffle de vie du matérialisme. – Et le grand magnétisme négatif des Amériques briserait-il finalement le cœur du monde ?

Souvent cette pensée lui revenait. (pp. 118-119)
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Il couvrit son visage de ses mains et demeura immobile, en pleine inconscience, n'entendant plus, ne sentant plus, ne sachant plus, semblable à une algue qui flotte à la surface de la mer ; le Temps était aboli, le Monde était aboli, il flottait dans ces abîmes qui ne connaissent ni temps ni monde.
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Et au milieu de ses larmes, Kate se disait à elle même:
"Comme je suis de mauvaise foi ! je sais parfaitement que c'est moi qui n'ai en somme pas besoin d'eux. J'ai besoin de moi-même pou moi-même, mais je peux me jouer d'eux de façon qu'ils ne s'aperçoivent pas de cela", car elle percevait l'ardeur sensuelle et passionnée dans la voix de Cipriano.
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