"Les Contes du Korrigan" est sans conteste l'une de mes séries de bandes dessinées préférée, tous genres confondus. Je m'y replonge régulièrement: si j'ai le temps, j'engloutis les dix tomes dans l'ordre et à la suite, sinon et bien, je choisis un volume que je grignote avec délice.
Ce matin il pleut dans ma campagne, c'est un temps de korrigan, de brumes. Un temps de légende celte et de musique irlandaise -d'ailleurs, j'ai mis un album de Brian Finnegan en fond sonore de ma matinée- aussi ai-je décidé d'accompagner mon hectolitre de thé ("le thé des elfes", ça ne s'invente pas!) de la lecture des oeuvres de Ronan et
Erwan le Breton et de reprendre là où je m'en étais arrêtée de mes chroniques korriganes. Au tome 5 donc que je referme le ravissement au coeur, une pointe de nostalgie aussi.
"L'Ile d'Emeraude" nous emmène en Irlande, la verte Erin des bardes, des poètes et des musiciens, sur les pas de notre cher Koc'h venu rendre visite à ses cousins Siobhan et Seamus, grâce à Sabrenn (mais si, vous savez, le prince du livre III, le héros malheureux de "Les Morgans d'Ouessant"!).
La rencontre du Korrigan breton et de ses Leprechauns de cousins est l'occasion pour nos conteurs de nous faire découvrir les contes et les traditions des terres irlandaises, le fil rouge unissant les histoires qui vont nous être dévoilées étant le voyage qu'entreprennent Koc'h et Siobhan à travers le pays, un voyage d'autant plus émouvant que nos deux guides y tombent amoureux. Découvrir notre conteur préféré pris dans les filets de l'amour et de sa douce ne le rend pas plus sympathique -impossible, il l'était déjà tellement! Et drôle, et fichtrement intelligent avec ça- mais plus profond, plus doux.
L'Irlande... Pays de légendes et d'une Histoire tourmentée, terre de musiques et de chansons, de danses et de colère... L'idée de dépasser les frontières bretonnes pour s'en aller quérir d'autres histoires de la même trempe, issues de traditions cousines est excellente et l'Irlande est le point de départ idéal de ce périple qui conduira Koc'h jusqu'en Ecosse. Mais ça, c'est pour plus tard. Parce que j'ai, à titre personnel, un faible pour l'Irlande, "L'Ile d'Emeraude" fait partie de mes tomes préférés de la saga et je suis particulièrement attachée aux récits qu'il raconte...
Parlons en justement de ces histoires merveilleuses.
Comme toujours, elles sont au nombre de trois. Si les
Le Breton sont comme à l'accoutumée aux commandes des scénarios, les illustrations et la mise en couleurs sont elles le fruits du travails de différents artistes. Pour autant et malgré des traits différents, je suis toujours épatée de voir l'unité qui se dégage de l'ensemble. L'énergie, la magie y sont les mêmes... Et ces couleurs!
Tout commence par "La Chevauchée des Leprechauns" dans laquelle un jeune homme imprudent va jusqu'au bout de son rêve de rencontrer les créatures du Petit Peuple, les Leprechauns en particulier. Hélas, il faut toujours se méfier de ce qu'on souhaite et le jeune Evan ne va pas tarder à découvrir de quels mauvais tours sont capables ces derniers. Au terme de sa chevauchée, les bons choix, la magie et l'amour pour ce héros au coeur pur, chevalier sans armure attachant en diable... le plus savoureux dans cette histoire reste néanmoins les Leprechauns qui parviennent à tirer parti de l'intrigue quand bien même elle n'est pas fini comme ils l'auraient souhaité. Je leur dois un fou rire!
Le récit qui suit "La Nourrice de la Fée" est plus triste et fait la part belle à cette thématique qui émaille souvent les contes et légendes celtes, à savoir le voyage en Féérie d'un mortel qui croit n'y partir que quelques semaines mais qui à son retour auprès des siens se rend compte que des années se sont écoulées... C'est une histoire qui évoque le temps qui passe et qui jamais ne revient, la famille et tous ceux qu'on a aimé avec une nostalgie qui serre un peu le coeur... "La Nourrice de la Fée" est par ailleurs le récit le plus contextualisé du recueil et nous donne à voir un pan de l'histoire irlandaise en évoquant notamment Cromwell et les cruels "Roundheads".
Le voyage s'achève enfin avec "Phadrig et le Pookah" dans lequel un jeune garçon offre un jour son manteau à un gigantesque taureau pour le protéger de la pluie. Un bienfait n'est jamais perdu chez le Petit Peuple et ni Phadrig ni sa famille n'auront à regretter le manteau qui leur sera cent fois rendu au cours des saisons à venir, leur permettant de se nourrir et de nourrir leurs voisins dans une Irlande décimée par la famine et les anglais...
Comme toujours avec "Les Contes du Korrigan", le périple s'achève trop vite et je regrette toujours d'arriver si prestement à la dernière page.
"L'Ile d'Emeraude" est un joyau magnifique qui s'insère avec autant de fluidité que de poésie, avec humour et vivacité aussi, dans la série et qui rend un bel hommage à l'Irlande, à son histoire et ses légende. On comprend que Koc'h en soit ensorcelé, envouté... et pas que par les beaux yeux de Siobhan...