Je reconnais le talent d'Ursula K.
Le Guin pour se projeter dans une société future, éclatée en diverses communautés plus ou moins étatiques et aux profils politiques et idéaux de vie opposés.
Les deux principales sociétés qui s'opposent sont celles d'Urras, qui ressemble fortement à la société capitaliste que l'on connaît encore aujourd'hui (le roman date de 1974), et Anarres, régie par des principes anarchistes, issue de quelques habitants d'Urras ayant fait sécession et s'étant exilés sur « la lune ».
Le format de la semaine (en dix jours), les tâches individuelles et collectives, quotidiennes et professionnelles, l'habitat, les relations sociales et amoureuses, l'éducation des enfants, elle a pensé à tout, et amène une réflexion que j'ai trouvée très intéressante, montrant que d'autres modes de vie sont possibles, questionnant de manière profonde nos fonctionnements.
Elle n'a pas manqué de montrer les bons et les mauvais côtés des deux planètes – un peu moins de bons côtés pour Urras me semble-t-il, mais elle n'a pas ménagé les nombreuses difficultés et certains paradoxes pour Anarres. le tableau dépeint n'est donc pas manichéen et amène vraiment à la réflexion me semble-t-il.
Le mode narratif ne m'a que peut convaincue : une alternance d'époques et de lieux.
Nous suivons le personnage principal, Shevek, trentenaire grand physicien d'Anarres, qui vient faire un séjour sur Urras – chose qui ne s'est jamais produite depuis la sécession. Chaque chapitre nous transporte à une époque de la vie de Shevek, de son enfance à sa vie d'adulte quand il est sur Anarres mais pas vraiment dans un ordre chronologique (ce que je n'ai pas trouvé dérangeant), en alternance avec son expérience sur Urras. Peut-être est-ce le ton qui m'a peu entraînée, un peu monocorde.
Je suis contente d'avoir lu cet ouvrage mais j'avoue que ça n'a pas été sans mal… J'ai navigué entre l'intérêt de la réflexion et l'ennui de la narration (point de vue personnel bien entendu).