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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après être tombée sous le charme de l'écriture d'Ursula le Guin avec Terremer, j'ai décidé de continuer ma découverte de cette auteur.
le seul exemplaire que possède la mediatheque ( ou je me fourni principalement en bandes dessinées) etait les Dépossédés.
Je l'ai donc emprunté et c'est seulement à l'issue de ma lecture que j'ai réalisé qu'en réalité ce livre est le cinquième tome du cycle de Hain !!! Rhaaa !! Moi qui déteste lire des cycles dans le désordre !!! C'est vrai que je n'avais pas vérifié...Et il est vrai aussi qu'on peut lire ce tome sans avoir lu les précédents...
Cependant, ce petit ecart par rapport à mes habitudes de lectrice ne m'a nullement empeché d'avoir etée à nouveau envoutée par le talent d'Ursula.
Quelle imagination ! quel talent !
Je trouve qu'il est difficile de restituer un avis sur cette histoire tellement elle est riche et complexe.
je vais déjà essayer de planter le décor.
Imaginez un monde composé de deux planètes. L'une est la lune de l'autre. Une est un monde aride, âpre ou la survie de l'individu est difficile sans la collectivité , où les gens se proclament libres et sans rapport de pouvoir. Ce monde se nomme Anarres...
L'autre est une planète regorgeant de ressources, où le capitalisme fait loi. Ce monde se nomme Urras...
Shevek, brillant physicien, va faire le choix de quitter Anarres pour Urras afin de pouvoir mettre en application ses théories.
Pendant toute la lecture de ce livre, on va suivre l'évolution de Shevek, ses choix, ses découvertes, ses réflexions....
Cette lecture , pas toujours facile, je dois le reconnaitre ( les parties consacrées aux théories très scientifiques de Shevek étaient la pour me rappeler que je n'étais pas toujours très douée dans ce domaine du temps de ma scolarité ) a cependant été un très beau voyage.
J'ai beaucoup aimé ce livre, les réflexions qu'amènent inévitablement cette lecture prouvent s'il en est encore besoin qu'Ursula le Guin est à classer dans la catégorie des grands auteurs...

Bon, entre temps, j'ai comblé mes lacunes : j'ai les 4 premeirs tomes de ce cycle sur ma table de nuit .

Challenge Poul Anderson / Ursula le Guin
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Le sous-titre anglais des Dépossédés est : "Une Utopie Ambiguë", et c'est bien ce que nous offre Le Guin dans ce énième chef d'oeuvre. À vrai dire, c'est la meilleure fiction que j'ai lue (et j'en ai lu pas mal) sur l'anarchisme.

Elle a pris le sujet assez au sérieux pour créer une "vraie" société anarchiste, pratique, vivante et loin des clichés hollywoodiens des amoureux du chaos et autres foutaises.

Mais elle a aussi pris le sujet assez au sérieux pour éviter d'écrire un pamphlet, contrairement à beaucoup d'autres (je pense par exemple au Pays de Fantômes de Margaret Killjoy). On n'a pas nécessairement envie de vivre dans cette société qui est aussi l'une des meilleures critiques de l'anarchisme que j'ai lues, qui montre les dérives possibles du modèle et ses limitations.

Le roman :
Urras est une planète un peu comme la nôtre. Il y règne un capitalisme plutôt globalisé. Certains pays sont sauvagement capitalistes, d'autres ont adopté la social-démocratie et d'autres encore un capitalisme d'État autoritaire rappellant l'URSS ou la Chine.

Or sur Urras, il y a un peu moins de 200 ans, il y a eu une révolution anarchiste qui a eu un certain succès. Assez pour faire trembler les Gouvernements, mais pas assez pour que ces derniers perdent la capacité de les massacrer s'ils le décidaient. Un marché a donc été conclu : les anarchistes seraient transférés sur la lune (habitable mais au climat difficile) de la planète, renommée Annare. Ils y seraient complètement souverains, mais les échanges entre Urras et Annare seraient maintenus au stricte minimum.

L'histoire : Shevek est un physicien d'Annare qui travaille sur une théorie qui révolutionnera la science. Un genre de Einstein neurodivergent avec des tendances un peu asociales selon les critères anarchistes. En introduction, on découvre qu'il est le premier anarchiste à quitter Annare pour se rendre sur Urras depuis la révolution. Une foule tente de le lapider alors qu'il se dirige vers le vaisseau. le reste du roman alterne entre 1- sa vie sur Annare l'ayant mené à ce point et 2- sa vie sur Urras après ce point.

1- Il est mal vu sur Annare d'avoir un "lieu à soi". le travail pour rendre la lune habitable demande à ce que les gens se déplacent constamment là où il y a à faire. Les couples monogames doivent parfois se séparer pendant quelque temps pour des travaux d'urgence lors de sécheresses. Il serait étrange de laisser un logis habitable vide que quelqu'un pourrait habiter derrière soi.

Mais Shevek est spécialisé en physique fondamentale. Il a besoin d'un espace calme pour travailler, faire ses calculs. Écrire des idées qui n'amènent rien d'utile à une société qui en arrache pour survivre. Bien sûr, il va régulièrement aider aux travaux manuels, pour faire sa part pour la collectivité. Il n'y est pas obligé, il n'y a pas de gouvernement pour le forcer. Mais c'est la bonne chose à faire.

Mais Annare est une société sans argent, sans réel moyens pour expérimenter ses théories. C'est aussi une société qui n'est pas si populeuse et qui ne vit pas assez confortablement pour avoir une horde de physiciens avec qui échanger, débattre de ses idées. Même s'il les publie, qui les comprendra? Il commence donc sa correspondance avec les physiciens d'Urras.

Un autre problème d'Anarre est que, en l'absence de bureaucratie, les corps de métiers sont constitués de syndicats donc les membres sont les travailleurs. Or, le syndicat des physiciens a pour membres les chercheurs que les théories de Shevek cherchent à réfuter. Vous voyez venir les conflits d'intérêt?

2- Shevek arrive sur Urras ou l'attendent un appartement luxueux, un emploi d'enseignant, et les prix en argent que ses publications ont gagnés en son absence. Il découvre le luxe, le confort et l'abondance. (Et pas de discours larmoyant ou de passages où le personnage est choqué en voyant la pauvreté sous le capitalisme. Le Guin est meilleure que ça.)

On y explore les conventions et les tensions sociales qui sont le fruit du capitalisme. Sexisme, classisme, nationalisme, mais aussi le flirt sous le patriarcat, le viol, la guerre...

Et pour arriver à ses fins (qui sont plus compliquées qu'il n'y paraît), Shevek devra naviguer à travers tout ça.
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C'est une lecture intéressante, difficile et ardue que je fais avec mon binôme Nadou. Une chance qu'elle m'y accompagne car je ne suis pas certaine, que je me serais rendue, jusqu'au bout. C'est ainsi, qu'avec ma copilote, nous faisons toute une plongée, dans tout un univers, que je ne soupçonne même pas. Je reconnais que ça fait un très bon moment, que je ne lis pas mes livres, de mon auteure fétiche d'Ursula le Guin. Encore une fois, je redécouvre et je suis conquise à nouveau par sa magnifique plume.

Captivant, Désarmant, Attendrissant

Dès les premières pages, on voyage avec le héros principal qui est Shevek. Il veut explorer une autre planète, pour faire lui-même sa propre idée. Qu'est-ce qu'il va découvrir? Est-ce qu'il pourra prendre sa place? Il est venu tout seul comme voyageur sans rien mais seulement lui-même. Il nous amène vraiment à voyager avec lui et il fait des prises de conscience.

L'auteure Ursula le Guin gagne vraiment des prix avec cet ouvrage : Hugo 1975, Nebula 1974 et Locus 1975. C'est écrit en 1974 et il est publié en 1975 puis c'est encore de l'actualité même aujourd'hui. Son livre «Les dépossédés» porte très bien son titre, elle aborde des thèmes qui lui tiennent à coeur et ce chef-d'oeuvre est considéré comme un grand classique de la science-fiction.
C'est difficile vraiment à vous décrire ce qu'est «Les dépossédés», je crois qu'il faut vraiment le lire. Ce que je ne trouve pas facile, c'est que les chapitres sont très concentrés, elle utilise du vocabulaire technique et on ne saisit vraiment pas tout. Il ne faut pas oublier que Shevek est avant tout un physicien.

«Pourquoi devrais-je faire don de l'oeuvre de ma vie à Sabul, à tous les Sabul, aux egos mesquins, avides et intrigants d'une seule planète? J'aimerais la partager. Je travaille sur un sujet important. Il doit être répandu, distribué…»

Dans l'ensemble, je suis satisfaite, on découvre les portraits de nos personnages et on doit se laisser porter par eux. L'auteure Ursula le Guin y excelle et elle nous fait voyager. La curiosité est vraiment plus forte que nous et on s'attache également à Shevek. Tu es aussi émotive car il traverse toutes sortes d'épreuves et il vient te toucher en plein coeur. C'est aussi rempli de nostalgie, de nature et surtout de poésie, au coeur de son destin.

Pour terminer, je le recommande aux adeptes de la science-fiction et je remercie mon amie pour ce vrai partage autour de ce livre, très spécial à mes yeux. Je ne m'attendais vraiment pas à cela et je suis heureuse, de me rendre à la fin, comme Shevek lui-même. Je souhaite à tous un aussi beau voyage, que fut le mien car il faut le lire, pour comprendre ce qu'est «Les dépossédés».

J'invite donc à aller voir sa très belle critique et je la remercie pour nos beaux échanges.

Siabelle
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Retour vers le passé, cette adolescence qui m'a vu dévorer Terremer parmi les premières traductions françaises de cette littératures honteuse mais tellement réjouissante venue des états-unis, je veux parler de la science fiction...
Celle-ci c'est de la SF que je qualifierais d'intellectuelle. pas de space opera, d'épée laser et d'hyperespace...
Les deux planètes, Urras et Annares sont des métaphores des deux grandes tendances de l'humanité, celles de l'individualisme et du collectivisme, capitalisme versus communisme.
C'est une vaste réflexion sur ce thème qui a toujours et sera, tant que les humains peupleront cette Terre, d'actualité.
Il y a bien une histoire, celle d'un physicien, Shevek, mais elle n'est que prétexte à un cheminement intellectuel plus vaste, philosophique.
Ce genre de science fiction, sans action spectaculaire, sans feu d'artifice, ne me semble plus trop exister en tant qu'oeuvre littéraire majeure aujourd'hui et je me demande qui peut encore aller lire ces pages par ailleurs très bien écrites.
Dommage, c'est typiquement le type de littérature qui a hissé la science fiction au rang de genre majeur de la littérature.
A noter la préface et la postface, toutes deux excellentes.
Un chef d'oeuvre.
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" Nous n'avons rien à vous donner que votre propre liberté. Nous n'avons comme loi que le principe de l'aide mutuelle entre les individus. Nous n'avons comme gouvernement que le principe de l'association libre. Nous n'avons pas d'états, pas de nations, pas de présidents, pas de dirigeants, pas de chefs, pas de généraux, pas de patrons, pas de banquiers, pas de seigneurs, pas de salaires, pas d'aumones, pas de police, pas de soldats, pas de guerres. Et nous avons peu d'autres choses. Nous partageons, nous ne possédons pas. Nous ne sommes pas prospères. Aucun d'entre nous n'est riche. Aucun d'entre nous n'est puissant. "

Le modèle de société énoncé par Shevek, le héros d'Ursula le Guin, a tout de l'utopie. Pourtant, il existe réellement sur la planète Anarres, une planète hostile qui a accueilli, il y deux cents ans, l'exode de dissidents anarchistes de la planète Urras.
Pour écarter ces révolutionnaires, les dirigeants leur ont donné le droit de vivre en autarcie sur une planète inhospitalière, en partie occupée par des déserts de poussière.

Malgré ces conditions et les famines régulières, cette société survit en conservant les valeurs fondatrices partagées par la majorité des habitants.
" Il n'y a pas d'autre récompense sur Anarres, pas d'autre loi. le plaisir de chacun, et le respect des autres. "
L'auto-regulation fonctionne et Ursula le Guin va jusqu'à leur inventer une langue propre de façon à ce que les usages linguistiques des anarrestis coïncident avec leur pensée politique, puisque tous les déterminants possessifs en sont exclus. Même les relations familiales sont concernées puisque on parle de "l'enfant" plutôt que de "mon enfant".
" Personne ne possède rien à voler. Si vous désirez quelque chose, vous allez le prendre au dépôt. "

Mais l'autrice se garde bien de tout discours propagandiste, de toute vision manichéenne.
Pour apporter un bémol à cette vision idyllique, elle recourt à un personnage de Candide qui va à la fois nuancer l'exemplarité du modèle anarchiste et servir d'ingénu pour évaluer le modèle capitaliste.
Même si Annares réfute toute forme d'état, elle ne peut se passer d'une bureaucratie qui coordonne les efforts collectifs. Mais cette bureaucratie est gangrenée par l'inertie, la lourdeur des procédures et le rejet systématique de toute forme d'initiative personnelle. Ainsi Shevek se heurte aux autorités scientifiques lorsqu'il cherche à diffuser ses travaux. Et son ami Tirin est interné après avoir donné une représentation d'une pièce de théâtre controversée.

Shevek est un brillant physicien, mais l'isolement d'Annares sclérose son travail, il a besoin d'échanger et surtout il désire que les neuf planètes du système soient capables de partager leurs découvertes. Invité sur Urras, il va se confronter à une société de "possédants" et découvrir un monde totalement différent.
Dès la première impression, les deux planètes s'opposent radicalement. L'autrice nous a présenté une planète aride, elle montre ici une terre incroyablement fertile, accueillante et prospère. Les scientifiques qui accueillent Shevek vont tenter de le séduire en l'entourant de luxe et de beauté, mais au fur et à mesure de son séjour, il prendra conscience de la violence de cette société.

Ainsi l'égalité entre les sexes est inconcevable sur Urras, tout comme elle l'était aux États-Unis dans les années 1960.
"Elles ne peuvent pas comprendre les maths : elles ne sont pas douées pour la réflexion abstraite ; ça ne leur convient pas. Vous savez ce que c'est, ce que les femmes appellent penser, elles le font avec l'utérus ! Bien sûr, il y a toujours quelques exceptions, des femmes laides et intelligentes avec une atrophie vaginale.

En alternant les chapitres, l'autrice montre d'un côté la découverte critique de Shevek de la société libérale et capitaliste d'Urras, et d'un autre le passé de Shevek qui l'a amené à entreprendre ce voyage.
Il perdra rapidement ses illusions lorsqu'il découvrira avoir été instrumentalisé et surtout quand il sera confronté à la violence de classes, guidé par Efor, le domestique qu'on lui a assigné, dans les quartiers populaires et misérables de la ville.
Il comprend alors qu'il est en danger sur Urras.
" Ce n'est pas seulement parce qu'ils veulent votre idée scientifique. Mais parce que vous êtes vous-même une idée. Une idée dangereuse. L'idée de l'anarchie faite chair. Et qui marche parmi nous. "

Margaret Killijoy, autrice américaine, a déclaré à la mort d'Ursula le Guin :" Ursula le Guin ne s'est jamais définie comme anarchiste, parce qu'elle ne croyait pas le mériter, elle disait qu'elle n'en avait pas fait assez. Je lui ai demandé si elle était d'accord pour que nous nous la désignions ainsi. Elle a répondu qu'elle en serait honorée."
Sans le moindre prosélytisme, elle a dépeint un modèle de société anarchiste qui, malgré sa grande imperfection, l'emporte définitivement sur le modèle capitaliste.



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Des utopistes révolutionnaires sont envoyés sur la lune afin qu'ils foutent la paix aux braves gens.
Macron, si tu me lis...

Nous voici dans un monde qui ressemble au notre, avec ses différents types de gouvernements représentant notre échiquier politique. Et d'un groupe qui a une autre idée de faire société. D'aucun en aurait tiré une histoire banale ou chiante, en tirant la corde vers les préférences idéologiques de l'auteurice, en ne voyant que le côté positif. Pas Ursula. Ursula nous montre le début d'une société anarchiste, toute jeune, 160 ans. Etablie dans un monde rustre où il n'y a rien, où tout est à faire. Il y a des heurts, des coups durs, et pour éviter les erreurs, les retours en arrière, ont érige quelques murs, même si cela fait entorse à la vision initiale, pour que l'utopie perdure...

Trente ans que je n'avais pas relu ce roman qui n'a pas pris une ride, alors que moi... Un roman sans cliffhanger, sans moultes personnages, nous suivons surtout les pas d'un scientifique haït par une partie de ses compatriotes et nous découvrons en parallèle son enfance. L'histoire d'une vie qui va traverser deux modes de vie inconciliables. Et l'important pour Ursula, c'est son personnage, son parcours, son histoire, pas le blabla idéologique. Elle n'explique pas, elle montre.

Les dépossédés est de l'émotion pure, une histoire sur les murs, que l'on subit ou qu'on érige. Magnifique (et un peu triste aussi...)
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Questionnement aux multiples facettes sur ce que sont la liberté, le temps, l'espace, le pouvoir, Les dépossédés est un roman envoûtant, au charme subtil.

Les thèmes explorés dans nombre de leurs facettes n'ont rien perdu de leur actualité, et résonnent de façon particulière aujourd'hui.

Chaque planète produit des idéologies déguisée en réalité, les rapports de forces sont déguisés ou au contraire revendiqués. Un monde capitaliste et séducteur qui ment et cache violence et répression, un monde anarchiste fermé sur lui-même qui ne peut survivre que par la solidarité, le travail collectif, mais qui se mue en une forme d'obligation morale, et d'où la violence n'est pas éradiquée.

Comprendre, voir ou entendre est difficile, et c'est le travail de toute une vie que de choisir, de rester fidèle à soi-même, à une idée.

Qu'est-ce que la liberté ? Comment être libre ? Posséder ou être possédé, rester les mains vides, partager, aller ou non au bout de l'idéal, se heurter aux murs invisibles, trouver sa propre voix...
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J'espère que tous les bacheliers de cette année avaient lu ce livre avant l'épreuve de philosophie (même si j'en doute). Si tel était le cas, ils auraient été avantagés pour la dissertation: "Serions-nous plus libres sans l'Etat ?"
Ce (double) planète opéra a pour thème la liberté selon le régime politique!
Nous nous situons 170 ans après l'exode de dissidents d'Urras vers Annarès. Urras est une société capitaliste de possédants assez semblable à la nôtre dans les ans 60-70. Annarès est la lune d'Urras offert aux insurgés d'Urras pour réaliser leur rêve de monde libre, anarchique ou rien n'est à quelqu'un et tout est à tout le monde. Annarès est un monde stérile où la survie dépend de la solidarité.
L'histoire prend place au moment où le premier « Annaresien » fait le voyage pour Urras depuis la colonisation. Shevek est un physicien théoricien qui est sur le point d'aboutir à une théorie rendant les vaisseaux interstellaires obsolètes.
Le livre se découpe en 2 séries de chapitres, une série se déroulant sur Urras et une série se situant sur Annarès ou nous pouvons suivre la vie de Shevek avant son départ.
La forme bipolaire pour un roman est souvent risquée, en effet, il est fréquent que nous nous identifions ou attachions davantage à une série de personnages qu'à une autre. du coup, le changement chapitre est presque dérangeant ! Autant dire tout de suite, pour ce qui est de ce roman, ce ne fut pas mon cas. La description des deux mondes est parfaite, aucune fausse note. Tous les personnages sont intéressants avec chacun leur préoccupation en rapport avec leur société. Shevek comprend assez vite qu'en venant sur Urras, il s'est en quelque sorte prostitué. La situation de Shevek m'a fait penser aux visites de la Corée du Nord organisées par le gouvernement où il est interdit de sortir des pointillés pour parler au peuple !
On s'en vraiment dans ce roman tout le contexte de guerre froide dans lequel l'auteur a écrit ce livre mais jamais elle ne prend parti pour un modèle plutôt qu'un autre, montrant les forces et les faiblesses de ces deux modèles.
En conclusion, un livre très enrichissant qui peut être lu même pour les "SFophobes".
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Riche, sensible et intelligent.
Ursula le Guin nous emmène dans une passionnante exploration d'une sorte d'utopie anarchiste au travers du destin d'un physicien hors pair mais qui peine à trouver sa place et son équilibre dans la société.
Le livre est d'une grande richesse, et les thèmes abordés sont nombreux, du sort des femmes à la violence d'état, en passant par les liens entre physique et philosophie, sans oublier notre rapport au temps, et j'en oublie. Ce n'est jamais simpliste, mais sans pédanterie, cela ouvre d'innombrables portes à la réflexion, en bref, je me suis régalé. Ce livre me conduit à une prochaine relecture de la main gauche de la nuit, que j'ai lu il y a fort longtemps et qui m'avait laissé de marbre. Peut-être étais-je trop jeune, où n'était-ce pas le bon moment. Les dépossédés me fait enfin comprendre pourquoi Ursula le Guin est si universellement considérée comme une si grande dame de l'imaginaire.
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Les dépossédés ou l'art de faire de la sociologie sous couvert de science-fiction.
Deux planètes jumelles par leur position mais si différentes dans leurs structures sociétales sont le théâtre de la prise de conscience d'un scientifique ayant l'opportunité de traverser la barrière qui sépare les deux mondes.
L'auteur invite son lecteur à appréhender comment les valeurs dans lesquelles chacun se construit impactent les personnalités et perceptions du monde: ici, notre scientifique a grandi dans un environnement fort hostile où chacun doit participer à la survie de son groupe –et le fait en général de toute bonne volonté, le mot travail étant synonyme de jeu. Sauf que… en tout début de roman, on le voit en fâcheuse posture obligé de quitter ce monde a priori idéal et partir en exil, sur une planète dont on lui a appris dès l'enfance qu'elle était pervertie par une société qui ressemble à se méprendre à notre monde capitaliste.
La structure du roman, passant d'un monde à l'autre de chapitre en chapitre, permet de découvrir, sous forme de flash-back, comment notre protagoniste s'est retrouvé dans cette situation d'exil. Cela rend la lecture très dynamique, et laisse le temps à l'auteur de construire, chapitre après chapitre, des univers très cohérents.
Les personnages sont très complexes, chacun apportant un plus dans sa relation avec le protagoniste. Et quelle intelligence dans la démarche de l'auteur, de nous pousser à réfléchir sur la structure d'une société idéale…Question à laquelle elle n'apporte pas de réponse toute faite. Si ce n'est, ces mots, très forts, de l'ambassadrice de Terra: « Ma planète, ma Terre, est une ruine. Une planète gaspillée par la race humaine. »
Ces mots qui résonneront en chacun suivant sa propre expérience …
Fort intéressée par la construction de cet univers si particulier et intriguée par le peuple Hainien qui n'apparait qu'en filigrane, mais qui promet de belles découvertes, je vais explorer diverses librairies et médiathèques pour découvrir de nouvelles oeuvres de l'auteur.
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