Lorsque que j'étais enfant, je me souviens avoir entendu mes parents et des amis discuter de l'affaire Markovic. Un peu plus tard, j'avais découvert que les noms d'
Alain Delon et du couple Pompidou circulaient autour de cette sulfureuse affaire. Mais adolescent, je n'y avais pas prêté plus d'attention que cela.
Lorsque que ma bibliothécaire préférée m'a conseillée cette BD, je me suis laissé tenter ayant des souvenirs du passé qui remontaient à ma mémoire et je n'ai pas été déçu. J'ai adoré la construction du récit et le graphisme proposé par
Manu Cassier. En regardant certaines cases, j'ai pensé à des images des films de
Claude Sautet ou pour la partie policière et judiciaire de Jean Pierre Melville ou Henri Verneuil. L'enchainement des scènes avec le journaliste, les enquêteurs, les avocats en alternance avec les atermoiements politiques rythme parfaitement le récit. Certaines scènes rappellent des photos d'époque que l'on retrouve en archives : départ de
De Gaulle, séjour en Irlande et s'intègrent parfaitement au sein du récit.
Quant aux représentations des personnages, Cassier n'a pas forcé le trait : on les reconnait sans qu'il y ait une précision extrême et cela m'a parfaitement convenu.
Je ne connaissais pas du tout les relations entre
De Gaulle et Pompidou, surtout pas la fin conflictuelle de leur relation. J'ai retrouvé des noms d'hommes politiques, entendus dans ma jeunesse qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition de l'époque. Au sein de la majorité, les guerres intestines pour la succession de
De Gaulle sont assez truculentes : pas de cadeau, sauf le but final a de l'importance, la fin justifiant les moyens (mais est-ce que cela a réellement changé près de 60 ans après ?).
Il est intéressant de voir les relations entre le pouvoir et la presse de l'époque : le ministre de l'information peut bloquer certaines informations sur la télévision nationale (ORTF), on donne les questions au Président en anticipation, on peut se faire retirer une accréditation si on ne respecte pas les règles définies par le locataire de l'Élysée.
Il en est de même des relations entre la presse et la police.
Pour conclure, j'ai lu cette BD avec intérêt, j'ai l'impression d'y avoir appris certaines choses sur cette affaire mais aussi sur les "politiques" de l'époque.
Lecture intéressante.