Dans la comédie musicale de
Jacques Demy, Les Demoiselles de Rochefort, le personnage de Delphine interprété par
Catherine Deneuve soupire en fin de repas : « Quant à moi, aujourd'hui, je me sens quotidienne ». Pas de musique à cet instant du film, si ce n'est celle d'un alexandrin. Delphine, un peu désabusée, espère l'homme inconnu de ses rêves : Maxence, un marin.
Maxence, c'est aussi le prénom du héros de
Parfois j'aimerais que ma vie ressemble à une comédie musicale de Taï-Marc le Thanh. A sa façon, il est aussi marin. Il voyage à travers les histoires. Des histoires homériques que lui invente son père et celles de sa vie apparemment ordinaire. Lui aussi pourrait se sentir très « quotidien ». Pourtant, atteint du syndrôme de la Tourette qui rend difficile la maitrise de son expression faciale et vocale, il est tel l'Ulysse d'
Homère : un jouet d'éléments douloureux qu'il ne maitrise pas mais qui n'empêchent ni l'amitié, ni l'amour, ni le chant qui deviendra le moteur de son dépassement. Nous allons le suivre dans son parcours et son monde « en-chanté » comme on a qualifié l'univers de
Jacques Demy.
Je suis complètement tombé sous le charme de cette histoire joyeuse et dramatique qui aborde le quotidien avec justesse et le romanesque avec finesse… et inversement. C'est un hommage au roman, aux histoires éternelles qui transcendent la réalité et se jouent de la vraisemblance. de toute façon comme le dit le père de Max : « Toutes les histoires sont vraies » et l'auteur pourrait prendre à son compte la phrase de
Cocteau : « Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité ».
Si l'exercice de la mise en abyme peut parfois paraître un peu vain, il trouve ici toute sa justification tant il met en avant le bonheur de la filiation littéraire et de la filiation tout court avec beaucoup d'émotion pudique.
Bref, si les hasards de la vie m'amènent un jour à rencontrer
Taï-Marc le Thanh, je lui dirai que je suis « enchanté ». Pour de vrai.