- C'est étrange ce que vous ressemblez à Arsène Lupin, Valmont !
- Vous le connaissez !
- Oh ! comme tout le monde, par ses photographies, dont aucune n'est pareille aux autres, mais dont chacune laisse l'impression d'une physionomie identique... qui est bien la vôtre.
Horace Valmont parut plutôt vexé.
- Taisez-vous, dit-il, le passé est loin.
- C'était il y a un an, observai-je.
- C'était il y a dix ans, affirma-t-il, les années d'Arsène Lupin comptent dix fois plus que les autres.
- Vous allez me donner votre parole d'honneur de ne pas chercher à vous échapper de ce bateau avant d'être dans les eaux anglaises.
- Je vous donne ma parole d'honneur de chercher par tous les moyens de m'échapper, répondit Sholmès, indomptable.
Et Sholmès reprit :
- Que cette leçon nous profite ! Voyez-vous, Wilson, notre grand tort a été de combattre Lupin à visage découvert, et de nous offrir complaisamment à ses coups. Il n'y a que demi-mal, puisqu'il n'a réussi qu'à vous atteindre...
- Et que j'en suis quitte pour un bras cassé, gémit Wilson.
- Alors que les deux pouvaient l'être. [...]
Il s'approcha du lit, posa sa main sur l'épaule de Wilson - sur l'épaule malade naturellement [...]
- Alors, un dernier service, Herlock : ne pourriez-vous me donner à boire ?
- A boire ?
- Oui, je meurs de soif, et avec ma fièvre...
- Mais comment donc ! tout de suite...
Il tripota deux ou trois bouteilles, aperçut un paquet de tabac, alluma sa pipe, et soudain, comme s'il n'avait même pas entendu la prière de son ami, il s'en alla pendant que le vieux camarade implorait du regard un verre d'eau inaccessible.
On eût dit que la sensation du péril lui causait une joie physique, et que l'existence n'avait pas d'autre but pour cet homme extraordinaire que la recherche de dangers qu'il s'amusait ensuite à conjurer.
- Ce que ne peuvent ni les circonstances ni les hasards contraires, la volonté et l'obstination d'un homme le pourront.