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Citations sur RU (17)

Je n'ai pas choisi moi ! Personne ne m'a demandé mon avis ! Je suis née ici ! À Cumiga ! Personne ne s'est posé la question de savoir si j'étais d'accord, si je voulais vivre dans la crainte de la destruction, dans la peur de la catastrophe, dans l'angoisse qu'il soit trop tard ! Ils m'ont fait, c'est tout !
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Nous avions eu mal pour la première fois et il était plus facile de faire comme si c’était la dernière, comme si la violence n’était pas tout autour de nous, tout le temps, comme les mille yeux et les mille oreilles de la préfecture. Vivre à Ru, c’est vivre avec la violence en sachant qu’on ne peut pas s’en échapper.
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Le principal attrait de cette zone, exploitée seulement lors de la troisième phase d’urbanisation de Ru, est le conduit d’excrétion qui perce la carapace de la bête. Malgré ses dimensions approximativement égales à celles d’un terrain de football, celui-ci n’apparaît, vu du sol, guère plus grand qu’un timbre-poste. Refermé par une membrane transparente et étanche, il laisse entrer directement les rayons du soleil de l’extérieur tout en repoussant les pluies venues du large. En levant la tête vers le midi, on pourrait croire à un astre du jour, miniature et toujours fixe. Les habitants de Cumiga l’appellent d’ailleurs tout simplement le Soleil. Afin de renforcer cette impression, l’architecte du quartier a eu la lumineuse idée de faire peindre l’intérieur de la carapace d’une couleur azurée et adaptative. Quand vient le soir et que le Soleil ne laisse plus passer beaucoup de lumière, les pigments photosensibles réagissent et le plafond fonce pour prendre une profonde couleur de nuit ponctuée seulement de lampadaires blancs. L’illusion est telle qu’à la différence de nombreux endroits de Ru, et parmi eux certains de ses quartiers les plus courus, un observateur inattentif pourrait ne pas percevoir l’absence d’horizon. Tous les dix ou quinze ans, il est nécessaire de passer une nouvelle couche de pigment sur le « ciel », dont le coût est répercuté sur les charges de copropriété. Personne ne se plaint jamais non plus des périodiques frais de rénovation des murs et des purificateurs d’air qui protègent le quartier des pollutions sonores et aériennes causées par l’A-FMG – autoroute fémorale milieu gauche – dont le tracé fait une large courbe afin de ne pas déranger Cumiga. Pour y parvenir, il a été nécessaire de contourner le conduit sanguin déjà existant, comme à de nombreux autres endroits de Ru.
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Il ouvre les yeux, la tête sur le sable. Étourdi, le garçon se redresse péniblement. L’écume mouille encore un peu plus ses chaussures détrempées. Par réflexe, pour se débarrasser de ses baskets et de ses chaussettes, il pousse avec la pointe de ses pieds. Ils sont bleus de froid. Il attrape une grosse poignée de sable et les frotte vigoureusement. Il plie chacun de ses orteils, l’un après l’autre. Puis, d’un mouvement d’épaule, il se défait du gilet de sauvetage jaune fluorescent qui pend à son cou, misérablement dégonflé. La toile en est déchirée. Il l’abandonne sur la grève, certain qu’il ne doit pas garder cet habit qui le désigne à coup sûr comme venant d’accomplir la traversée. Le vent d’est perce alors son maigre sweat-shirt. L’air autour de lui est gris, comme la mer qui l’a recraché. Il se rend compte que le matin est venu. La dernière étape de son voyage, à peine trois dizaines de kilomètres à franchir, aura duré toute la nuit.
Y porte son regard autour de lui. La plage, à marée basse, s’étend sur plus d’un kilomètre. Y sait pourtant qu’il ne doit pas rester là. La mer frémit à l’horizon et commence à grignoter le sable. D’ici quelques heures, toute la crique sera remplie. Un peu plus bas près de l’eau, ce qu’il reste du bateau l’a suivi. Rendue légère par l’absence de passagers, l’embarcation flotte, incertaine, portée dans une direction puis dans une autre. Le garçon pense qu’on dirait qu’elle l’a suivi mais n’ose pas le rejoindre. Pourtant, il n’essaie pas d’aller la récupérer. Il a réussi à traverser. C’est une chose du passé, oubliée déjà, comme tout le reste du monde sur l’autre rive. Y sourit, satisfait. Il est du bon côté.
Autour de lui sur la grève sont éparpillés des corps munis de gilets de sauvetage jaunes ou orange. Aucun ne se relève. Le garçon détourne les yeux. Ce ne sont pas les premiers morts qu’il a vus au cours de son voyage.
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À prendre durant trop d'années l'habitude d'obéir, on en oublie comment mettre un pied devant l'autre tout seul.
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À en croire leur tenue, les deux catégories de personnes étaient destinées à se rencontrer : ceux qui tentent de traverser et ceux qui les ramassent. (15)
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Tout faire jeu rend le monde plus facile. Ils instaurent des règles ludiques pour donner du sens à un monde incompréhensible.
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