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EAN : 9782375790298
304 pages
Critic (02/11/2017)
3.82/5   39 notes
Résumé :
Dans un monde où la création du papier s'est perdue, des musiciens errent de part et d'autre des contrées afin de récolter des histoires et de les raconter. Célèbre membre de la Guilde, Bertram le Baladin s'est fait dérober son luth. Il part le retrouver avec une femme témoin du larcin.
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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S'il y a bien une chose à laquelle Bertram est attaché, c'est bien son luth, qui lui permet de composer les chansons ayant fait sa renommée dans toutes les Terres-Hautes et qui garantit son statut de membre de la Guilde des musiciens. Seulement le précieux instrument échappe un soir à la surveillance du baladin qui, désemparé, se voit contraint d'accepter l'aide d'une fugitive qui prétend connaître l'identité du voleur. Camille Leboulanger m'étant jusqu'à présent inconnu (malgré une précédente parution chez L'Atalante : « Enfin la nuit »), c'est avant tout la très belle couverture d'Alain Brion, ainsi que la simplicité de l'intrigue qui m'ont tout compte fait convaincu de me plonger dans cette lecture. Or, si la découverte s'est finalement révélée fort plaisante, le tout partait pourtant assez mal, la première partie du récit étant loin d'etre la plus réussie. On peine dès le départ à s'attacher à ce fameux Bertram le Baladin qui agace très vite par son arrogance, et il en va de même de Sans-Nom, son acolyte, sur laquelle on sait bien trop peu de choses pour là aussi éprouver de l'empathie. Celle-ci a de plus la mauvaise habitude de foncer tête baissée dans les ennuis, n'hésitant pas, par exemple, à se laisser entraîner par deux hommes qu'elle ne connaît ni d'Eve ni d'Adam dans un endroit isolé, alors même qu'elle a flairé le piège et qu'elle ignore tout du nombre d'opposants qui l'attend sur place. Voilà qui n'aide pas franchement à favoriser l'identification du lecteur.... Fort heureusement, la seconde partie du roman est beaucoup plus réussie et permet de donner aux personnages ainsi qu'à l'intrigue davantage de profondeur et d'émotion.

Betram, notamment, gagne en complexité et surtout en charisme à mesure que l'auteur nous en dévoile davantage sur son histoire et les raisons de son obsession pour ce luth. La seconde partie se fait également mieux rythmée, moins prévisible, avec notamment un retournement de situation que je n'avais pas du tout vu venir et qui permet de relancer l'intrigue de manière fort habile. Bien que le décor se limite à la ville de Strid et à la Citadelle de la Guilde, le récit ne manque donc pas de rebondissements qui sont de mieux en mieux amenés au fil des pages. le style de Camille Leboulanger est pour sa part dépourvu de maladresses et permet une lecture fluide et aisée, parfois entrecoupée de passages plus poignants que les autres, notamment lorsqu'il est question de musique. Celle-ci se trouve évidemment au coeur du roman et, s'il n'est jamais évident de coucher sur papier les détails d'une mélodie ou l'émotion qu'elle est censée faire naître chez un auditoire, l'auteur s'en sort ici avec élégance et n'hésite d'ailleurs pas à décrire longuement les performances réalisées par ses personnages. L'univers du roman est quant à lui peu détaillé, mais les quelques éléments donnés suffisent ici à la compréhension du lecteur qui plonge sans difficulté dans ce monde d'inspiration médiévale classique. Sans être révolutionnaires, certaines des trouvailles de l'auteur n'en sont pas moins intelligemment exploitées, à commencer par cette guilde des musiciens parcourant le monde pour donner et recevoir les nouvelles, palliant ainsi à l'absence de tout support papier dont la technique de fabrication a été perdu.

Camille Leboulanger signe avec « Bertram le baladin » un roman court et de bonne facture qui, en dépit d'une première partie un peu faiblarde à mon goût, procure un agréable moment de divertissement, sans prétention. Un auteur à suivre !
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J'ai découvert Camille Leboulanger il y a maintenant 6 ans déjà avec la publication de son premier roman : Enfin la Nuit. Il s'agissait d'un roman post-apocalyptique qui m'avait offert un bon moment de lecture, cherchant principalement à nous faire réfléchir sur notre société et sur nous-mêmes, plus qu'à offrir de l'action et de la sauvagerie (ma chronique ici). Je l'admet, depuis tout ce temps, je pensais que l'auteur s'était un peu éloigné de l'écriture et ce fut donc une petite surprise que de voir les éditions Critic annoncer la publication de son nouveau roman il y a quelques semaines. J'ai été rapidement intrigué par le quatrième de couverture et par conséquent, quand Babelio a proposé ce roman dans son dernier masse critique j'ai décidé de tenter ma chance et eut la chance d'être sélectionné. Je remercie donc Babelio et les éditions Critic de m'avoir permis de découvrir ce livre. Concernant la couverture, illustrée par Alain Brion, je la trouve très sympathique.

Ce roman nous propose ainsi de suivre la quête de Bertram le Baladin, célèbre membre de la Guilde des Musiciens qui s'est fait voler son Luth. Il s'agit d'un instrument rare et primordial, car cela lui permet de partager et de faire vivre et voyager les histoires et légendes dans un monde où l'on a oublié le secret du papier. Aidé de Sans-Nom, une femme qui sait qui sont les voleurs, ils partent ainsi le retrouver. Une fois la dernière page tournée, je dois bien admettre que j'ai passé un bon moment de lecture, même si j'attendais quand même un petit peu plus sur certains aspects. Comme avec son premier roman, Camille le Boulanger nous offre un récit, monté pour moi en trois actes, qui ne repose pas franchement sur son intrigue principal, mais plus sur ce qu'il va développer autour et sur une plume qui est superbe et entraînante. On découvre ainsi un livre qui cherche à mettre en avant la notion de conte, mais aussi la musicalité du récit pour sonner à l'oreille du lecteur. le démarrage est peut-être un peu lent, prenant trop son temps avec des détails qui ne paraissent pas toujours utile, mais peu à peu je me suis laissé porter par ce conte qui nous est présenté qui devient de plus en plus prenant et captivant, principalement dans son ambiance. On est ainsi clairement dans un récit plutôt intimiste, centré sur les personnages, qui ne cherche pas la folie des grandeurs au profit d'une atmosphère plus poétique et humaine. Par conséquent si vous cherchez des récit énergique et sans temps morts, il vaut mieux passer votre chemin.

Ce qui fait la grande force du récit c'est clairement la plume de l'auteur qui s'avère dense, soignée, entraînante et lyrique. C'est clairement ce travail sur les mots et la construction qui a fait que, pour moi, ce récit a fonctionné, proposant ainsi des images à la fois saisissante, fascinante et de toute beauté. Il offre aussi un travail intéressant sur la musique, arrivant à trouver les mots juste pour retranscrire toutes les émotions que les baladins cherchent à faire passer. Sans non plus trop en faire, il parvient à nous faire entrer dans son histoire et à nous faire vivre et partager cette musique qui traverse le roman. L'univers en soit ne manque pas non plus d'attrait, même s'il peut paraitre simpliste. On est clairement dans une époque type médiévale, un monde ou il est devenu impossible de créer du papier et où la notion de communication passe exclusivement par les baladins. Cela a pour conséquence de ramener le partage, le mot et le langage en avant, mais aussi d'offrir à ses hommes un grand pouvoir qui a quand même pour conséquence de rendre jaloux certains. On découvre aussi un monde où le crime est loin d'avoir disparu, où l'argent a toujours son importance, où l'esclavage existe amenant ainsi des trafics sordides et où les différences sociales sont toujours présentes. Au final un univers vaste qui à la fois attire, mais aussi frustre par moment tant il parait parfois à peine esquissé, proposant énormément de détails qui sont oubliés aussi vite qu'ils sont présentés. Cela vient clairement de la narration intimiste dont j'ai parlé, qui se concentre uniquement sur l'évolution des héros oubliant parfois le reste, mais qui laisse un léger sentiment de frustration.

Concernant les personnages, l'auteur nous propose des héros qui ne manquent pas de se révéler hauts en couleurs, bien porté, c'est vrai, par des dialogues efficaces, ciselés, percutants et entraînants. On se laisse ainsi facilement porter par leurs aventures, offrant rebondissements, péripéties et révélations. Bertram est d'ailleurs un personnage qui ne manque de se révéler très intéressant dans son évolution, dans les vérités qui vont se dévoiler sur lui et qui vont le forcer à changer, à avancer. Alors certes, il n'a rien de non plus révolutionnaire et même certaines révélations le concernant sont facilement devinables, mais dans l'ensemble il donne envie d'en apprendre plus sur lui s'avérant plus que solide et soigné. Je suis un peu plus mitigé sur Sans-Nom, qui pourtant propose une héroïne que j'ai trouvé très intéressante et qui démarrait bien avec l'histoire sur nom, perd un peu de cet attrait pour devenir plus le « gros-bras » de notre héros avec tout ce que cela implique, comme par exemple cette impression qu'elle se fasse rouler rapidement. de plus, la révélation finale sur son compte m'a paru un peu balancée rapidement alors qu'il y avait peut-être plus à faire je trouve. Il y a aussi Chicots qui ne manque pas non plus, mais qui m'a paru manquer de profondeurs, ou plus précisément n'être présenté parfois que comme faire-valoir des embrouilles des héros. Concernant les personnages secondaires, ils ne manquent pas non plus d'attraits, même si je trouve un peu dommage le traitement rapide de certaines problématiques, comme celle qui tourne autour de la fille du seigneur de Strid.

Comme je l'ai dit plus haut l'intrigue n'a rien d'exceptionnelle. Attention elle n'est pas non plus mauvaise pour autant, elle s'avère convenue et plutôt linéaire dans son évolution. Cela ne l'empêche pas d'offrir retournements de situations, péripéties et surprises, mais voilà, selon moi, quelque-chose d'un peu moins conventionnel aurait pu rendre le livre encore plus intéressant. Bertram le Baladin propose ainsi une histoire dans laquelle il faut se laisser porter par la musique, mais aussi par les aventures de nos héros. Tout n'est pas parfait dans ce roman, mais pour moi il s'est dégagé quelque chose qui a fait que j'ai été rapidement happé par ce récit, nous proposant une sorte de conte et de quête, où la vérité n'est pas toujours celle que l'on croit. Un récit envoutant qui offre aussi quelques bonnes idées, bien amenée et maîtrisées, comme tout ce qui tourne autour de la Guilde et principalement de son pouvoir ou comme par exemple la naissance de Strid la ville ainsi que son évolution. Comme avec son précédent roman, il y a quelque chose qui se dégage, mais on ressort avec cette petite impression de manque, comme si le roman aurait pu être encore meilleur. Dans tous les cas un bon moment de lecture et je lirai sans soucis d'autres écrits de l'auteur.
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Après avoir découvert avec bonheur la plume de conteur de Camille Leboulanger le mois dernier avec Steven de Maven Litterae, nous avons eu envie de poursuivre notre exploration et de découvrir quelles autres cordes il avait à son arc avec ce récit d'aventure au décor historique qui allait nous plonger dans un beau Moyen Âge chanté.


Pour cela, ni une ni deux, j'ai sauté sur la belle édition de Libretto dont j'aimais beaucoup la couverture reprenant un dessin de troubadour / ménestrel. Ces derniers aiment éditer en poche des textes d'imaginaire souvent un tantinet différents. C'était le cas pour le très beau et poétique Célestopol d'Emmanuel Chastellière que je vous recommande au passage. Je me doutais donc que j'allais faire un beau voyage.

Tout comme dans le Chien du forgeron, j'ai aimé retrouver la plume très belle et entraînante de Camille Leboulanger, dans un texte pourtant antérieur. Il s'y glisse peut-être encore plus dans la peau du conteur, mais cette fois un conteur troubadour qui nous propose de l'accompagner dans l'écriture de sa chanson de geste devant laquelle nous sommes des spectateurs captifs de la première à la dernière page. Avec de magnifiques descriptions, l'écriture de personnages ciselés ballottés par les flots de l'histoire et une intrigue pleine de pirouettes et acrobaties, ainsi qu'une pointe d'humour sarcastique, il nous immerge totalement dans ce Moyen Âge revisité.

J'ai beaucoup aimé la scène de cette pièce en plusieurs actes. L'auteur ne perd pas de temps et dès l'introduction nous présente un héros rocambolesque, un brin filou, très aventureux et au grand coeur tout de même : Bertram le baladin, un homme célèbre pour sa voix mais surtout pour son luth si particulier à 6 cordes. Dès le début, l'auteur fascine avec ce personnage qui sort du lot et dont il pose à plusieurs reprises l'impressionnant charisme dont il fait part de part sa posture de ménestrel itinérant, dont les chansons sont les témoins et la mémoire de cet âge. Magnifique !

Mais l'auteur ne se contente pas de faire revivre cette figure du Moyen Âge qu'était le ménestrel / troubadour, il donne vie à tout un monde autour de lui au fil de l'intrigue. Plus aventure historique ou légère aventure policière, puisque notre héros part à la recherche de son luth qu'on lui a volé, elle se plante cependant dans un décor soigné. Par petites touches bien soignées, l'auteur fait revivre cette période telle qu'il l'imagine pour son histoire, avec des éléments inspirés de notre Histoire, avec d'autres imaginés pour rendre son récit encore plus merveilleux. J'ai aimé la description des lieux et des mécaniques de pouvoir qu'il détaille, avec la Citadelle de la Guilde des Musiciens tout en haut, qui détient sa milice et fait même un peu peur aux puissants laïques, sorte de religion dans l'Etat. J'ai aimé voir le pouvoir des puissants sur les petites gens dans les villes bien sectaires de l'époque, avec ses quartiers pauvres où brigands et esclavagistes font la loi et ses quartiers plus huppés où les puissants font ce qu'ils veulent des gens en-dessous dont ils n'ont que faire. C'est très bien décrit et parfaitement intégré à la quête du héros.

Celle-ci nous emmène sur les routes, dans une ville comme Strid et à la Citadelle. Elle nous fait fuir les Aigles Rouges, des criminels notaires, tenir tête à un riche puissant dont la fille Gia voudrait devenir la première troubadour femme de la Citadelle, ou encore combattre des esclavagistes et lutter contre les serres de la Guilde des musicien. On ne s'ennuie pas une seconde avec Bertram et les camarades qui le rejoignent sur sa route qui ont tous de multiples facettes façonnées par une vie âpre. Les surprises sont également au rendez-vous et j'ai adoré être décontenancée par celles de la seconde partie de l'histoire qui viennent leur conférer une nouvelle profondeur et offre une nouvelle lecture à ce à quoi on a assisté avant.

Mais plus que cette aventure, qui est fort plaisante, c'est le travail de l'auteur autour de la figure du troubadour, du ménestrel - je ne partage pas son emploi du terme de baladin, qui pour moi un comédien ambulant qu'un musicien-chanteur comme ici -, qui m'a enthousiasmée et charmée. L'auteur transmet à merveille dans les lignes de son récit, notamment grâce aux figures qu'il croise, la fascination et le pouvoir que pouvaient exercer ces hommes. Quand on voit Bertram à travers les yeux de sa compagne de voyage Sans-Nom, on est saisi par la puissance de son chant, son rôle également dans le quotidien des gens et son importance dans l'écriture de l'Histoire. Quand on voit Bertram à travers les yeux de son public, on est captif de la fascination qu'il exerce sur eux par ses mélodies et sa voix. Quand on voit Bertram à travers les yeux des membres de sa Guilde, on comprend le pouvoir politique également qu'il peut avoir et le contrôle que certains essaient d'exercer. Enfin quand on voit Bertram à travers les yeux de son rival, Russ, on est saisis par la relation fusionnelle folle qu'il entretient avec son instrument et toute son épopée prend sens.

Ainsi même si au premier abord, j'ai eu l'impression d'être dans un récit d'aventure historique à l'ancienne, un peu comme en écrivait un certain Alexandre Dumas avec son héros plein de gouaille et de courage, ses aventures sur les chemins, ses rocambolesques retournements de situation et mésaventures avec les femmes notamment, au final je me rends compte que l'auteur nous a bien eu et que c'est plus un très beau récit introspectif sur le chemin de vie de personnes du peuple marquée par la vie, que ce soit la figure du troubadour Bertram, la femme abandonnée Sans-Nom, la petite crapule Chicot, le soldat Russ ou même la fille de notable Gia. Ce sont eux qui ont fait vivre l'histoire et lui ont offert ses notes pour devenir la chanson qu'on retiendra. Certes, ils ne sont pas tous traités pareil et je regrette un peu le personnage de Chicot que je trouve assez accessoire, juste présent pour porter certains rebondissements. Même Sans Nom qui l'accompagne depuis le début est assez en retrait et sert juste à ce qu'il ne soit pas seul. Russ, lui, intervient un peu tard alors qu'il a une relation fascinante d'amour-haine avec Bertram. Et que dire de Gia, qui est totalement sous-exploitée, alors qu'une femme troubadour, bon sang ! L'auteur a un peu trop tendance à pondre des personnages prometteurs pour les oublier et se recentrer sur son héros. C'est un peu dommage.

Cette nouvelle plongée dans le corpus fascinant de contes imaginé par Camille Leboulanger, nous a encore conquis avec Steven. L'auteur n'a vraiment pas son pareil pour se mettre dans la peau de celui qui nous transmettra une histoire au coin du feu. Après le conteur à l'ancienne du Chien du Forgeron, place au troubadour muni de son luth ici. Ce qu'il écrit sur la figure fascinante du créateur et transmetteur d'Histoire est superbe mais laisse aussi songeur. J'ai hâte de voir s'il reprend cette thématique dans ses autres textes. Nous ne sommes donc pas près de le quitter et on vous donner déjà rendez-vous en décembre pour une nouvelle lecture commune !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Oyé, oyé ! Bertram le Baladin est dans la place et il est bien mal barré ! Camille Leboulanger opte, pour son deuxième roman, pour un monde de fantasy médiéval où le papier semble avoir disparu, rendant l'oralité indispensable.
Bertram le fameux musicien itinérant, qui ne quitte jamais son cher luth, se l'est fait dérober ! Allant de tavernes en camp de mercenaires, il cherche en vain son bien, faisant des rencontres plus ou moins bonnes au gré de ses pérégrinations. L'intrigue se joue comme une pièce de théâtre, les événements marquants sont grandiloquents, les éléments narratifs sont peut-être un peu restreints mais la sympathie est certaine envers ce baladin saltimbanque. Il y a une certaine unité de lieu, car on visite peu de lieux différents sans avoir l'impression qu'ils soient si éloignés que cela les uns des autres : le lecteur peut donc avoir l'impression que le roman tient dans un monde assez réduit.
Bertram le Baladin est donc un roman sympathique mais sûrement trop peu approfondi : les idées sont là, on passe un bon moment, on aurait juste bien aimé que l'ensemble soit plus marquant.
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Suite à notre précédente lecture commune qui nous a permis de découvrir le savoureux talent de conteur de Camille Leboulanger grâce à son oeuvre le Chien du Forgeron, Tachan et moi avons décidé de poursuivre notre exploration avec ce titre choisi par mes soins. J'ai de suite été attiré par la couverture et le résumé de cette oeuvre, riche de promesses et d'aventures et le moins que l'on puisse dire c'est que nous avons été pleinement servi. L'avis de Tachan suivra et si j'en crois nos pétillants échanges, nul doute que nous sommes tous les deux tomber, une nouvelle fois, amoureux de la prose de l'auteur.

Ce dernier confirme sans difficulté son talent et son génie d'orateur hors pair. La musique se dessinant l'élément central de Bertram le Baladin, j'ai adoré le rythme permanent et omniprésent de cette oeuvre. L'intrigue se dessine une véritable et délicieuse mélodie et semble se composée telle un véritable chant. Tandis que les couplets se dévoilent synonymes d'aventures et de péripéties, les refrains se dessinent de fines et délicieuses morales qu'apprennent la troupe de troubadour au fil de cette véritable épopée historique et culturelle. L'auteur narre une histoire bien plus ambitieuse qu'elle peut paraître aux premières abords et dépoussière et revisite l'univers moyenâgeux comme pas deux. C'est un véritable ovni qu'il m'a été offert et j'ai adoré voguer au gré des paysages dévoilés et parfaitement mis en valeur par la plume de ce dernier. Les descriptions offertes par celui-ci ne manquement nullement d'apanage ni d'allégresse même si j'admets que celles-ci ont pu parfois me sembler souffrir d'une légère légèreté tant celles-ci se dévoilent délicieuses à se mettre sous la dent et pleinement immersives.

Avec poésie et lyrisme, Camille Leboulanger narre une aventure aux allures de tragédie passionnante et palpitante à parcourir. Si la première moitié de son récit se dévoile contemplatif et introductif, j'ai agréablement été surpris par la tonalité bien plus aventureuse de sa seconde partie. Un tantinet policier, un tantinet ésotérique et purement d'aventure, cette oeuvre se dévoile une fine et riche épopée bercée d'un savoureux mélange des genres. D'autant plus que le tout est parfaitement dosé pour que chaque élément s'orchestre parfaitement les uns avec les autres. Finalement et sans être musicien, Camille Leboulanger se démontre un véritable chef d'orchestre et sait pertinemment mener son lecteur à la baguette. Je me suis d'ailleurs laissé surprendre par quelques révélations venant remettre en question ce que le savoir que je pensais détenir quant à son univers et ses protagonistes. Comme une véritable comptine, les éléments sont apportés au fil des chapitres et le rythme s'accélère dans les dernières pages pour offrir une finalité pleine de possibilités, laissant à son lectorat le soin de continuer à sa guise l'aventure de Bertram et ses coéquipiers. Il m'a été plaisant et passionnant de découvrir que bien d'autres guildes que celles des mercenaires ou des assassins, vus et revus, peuvent parvenir à me faire vibrer.

Par ailleurs, j'ai été sensible aux nombreuses métaphores et sujets soulevés par les héros esquissés avec nuance et finesse. A commencer par Bertram et son luth qui se veut être l'extension de son âme et de son corps. Dans un monde inspiré des traditions païennes, l'écriture n'est plus et seule la transmission orale demeure. Ainsi, la place de la musique ainsi que sa culture détiennent une extrême importance et seuls quelques privilégiés – tels que notre protagoniste – possèdent le pouvoir des mots et du rythme. Ainsi, j'ai adoré la relation qu'entretient ce dernier avec son instrument de musique tant celle-ci se dévoile aussi séductrice que destructrice au vu d'une telle dépendance. Au delà de la place de la culture au sein d'une société et grâce à l'énigmatique et envoûtante Sans-Nom, Camille Leboulanger traite également de la place de la femme au sein de son univers ainsi que des inégalités sociétales en opposant cette dernière à Gia, la talentueuse fille de Russ, l'un des seigneur des contrées esquissées. En plus de ces personnages, l'auteur dévoile aussi celui de Chicots qui permet d'apporter une jolie note d'humour à son aventure et j'avoue avoir pris un malin plaisir à suivre cette atypique et attachante troupe de troubadour lors de cette folle enquête et cette quête du Graal. A travers leurs nombreuses péripéties et autres embuscades, chacun d'eux dévoilera quelques secrets et évoluera au gré de son apprentissage avant de finir par s'élever, j'ai apprécié cette évolution permanente mais amenée avec douceur et pudeur.

En conclusion, cette seconde rencontre confirme allègrement le riche talent et l'incroyable qualité narrative de Camille Leboulanger. Tel un pointilleux et prodige chef d'orchestre, ce dernier esquisse une merveilleuse aventure au rythme parfaitement mené et c'est tambour battant que je me suis imprégné de sa délicieuse mélodie. Ce dernier dépoussière avec pertinence et efficacité l'univers moyenâgeux et revisite les genres avec style et réussite. Sans surprise, je suis impatient de continuer l'exploration de sa bibliographie en compagnie de Tachan qui a d'or et déjà opté pour une oeuvre de science-fiction, Ru.

Cette lecture a été réalisée à l'occasion du Pumpkin Autumn Challenge – 2022 : Menu Automne douceur de vivre – La maison slangsters.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..
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critiques presse (1)
Elbakin.net
30 octobre 2017
Dans le fond comme sur la forme, tout est réuni dans ce roman autonome pour faire passer un excellent moment de lecture. Espérons que la renommée de son auteur saura atteindre les sommets de celle de son personnage !
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il joua toujours plus vite, toujours plus fort, jusqu'à ce que ses doigts lui fassent mal, jusqu'à ce qu'il sente le battement de la musique au fonds de lui commencer à lui faire défaut. Alors il s'arrêta un instant, une moitié de mesure à peine, que les battements des mains comblèrent à sa place. La public hurlait comme un monstre marin, une vague qui s'écrasait contre le bord de la scène. On dansait, ou on l'aurait voulu, mais Bertram jouait bien trop vite pour cela, alors on se jetait les uns contre les autres dans un joyeux chaos. 
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Les bourses du bosco étaient pleines
À en toucher les planches du pont
S’il ne peut les vider cette semaine
Il fera naufrage pour de bon.

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Si les choses s'étaient passées différemment, pensa Bertram, si j'avais été quelqu'un d'autre, j'aurais voulu être comme eux : savoir fabriquer pour les autres. Comme cela, il y aurait eu un peu de moi dans les chansons de tous les Musiciens.
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Je t'ai promis de t'aider à retrouver ton luth lui avait-elle dit. Là d'où je viens, une promesse c'est aussi bien qu'un sort.
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Une lame, c’est une lame. Elle perce pareil dans la main d’une femme.
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Videos de Camille Leboulanger (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Camille Leboulanger
À l'occasion du festival Hypermondes 2022, Camille Leboulanger vous présente son ouvrage "Eutopia" aux éditions Argyll.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2651860/camille-leboulanger-eutopia
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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