Citations sur Mon père m'a blessé... Mon beau-père m'a tué... (7)
Il la traine jusqu’en bas des marches. Elle est si frêle, lui si imposant, qu’elle ne peut lutter contre cette force bestiale. Elle se plaint, le supplie.
Line poursuivit son combat contre le harcèlement des enfants, le restant de sa vie. Elle trouva le chemin auquel elle aspirait. Chaque cause défendue, soutenue, lui redonnait la force de se battre en mémoire de son fils. Line ne vivait plus dans le déni, la dure réalité de la vie lui avait fait face, lui ôtant ses illusions. Line agissait pour Gabin, faisait ce qu'il aurait fait s'il était toujours de ce monde. Line en fit son chemin de croix, jusqu'à son dernier souffle...
Depuis mon enfance, la violence ne faisait pas partie de mon éducation, je la connaissais à travers les émissions télévisées, c'était tout. Avec l'autre, je compris vite ce que cela signifiait réellement. Nombre de fois qu'il m'avait attrapé, ou plutôt coincé dans ma chambre pour des broutilles. Il ne me frappait pas, il avait peur de me marquer et que ma mère s'en rende compte. Il prenait un malin plaisir à me faire bouffer mon oreiller, me maintenant avec son genou dans les reins. Il me collait au mur, remontait son bras sous mon menton fortement, de sorte que je ne puisse plus respirer. Il m'affligeait de châtiments corporels tous plus humiliants que les autres ! Dans ma tête, je rêvais que j'étais grand et costaud, et que je lui donnais la raclée de sa vie !
Je cogitais. Il fallait que je me débarrasse de ce futur beau-père avant qu'il ne soit trop tard. Même si je devais mentir, inventer la pire chose qui existait, j'allais user de tous les moyens possibles pour qu'il quitte notre maison. Cet homme était malsain, il me voulait du mal. Vu ce dont il était capable de me faire au bout de deux jours, je n'avais pas envie qu'il prolonge son séjour.
Je me libérais en écrivant. J'ai retrouvé ces textes dans un cahier rouge, il y a quatre ans. Ce fut cette découverte qui me donna envie de raconter mon histoire. Certes, à mon âge, je n'étais pas Emile Zola, mais peu importe, je trouvais mon échappatoire. D'un côté, j'usais mon crayon, de l'autre, maman était heureuse. Que demander de plus ? Arriva ce qui devait arriver, maman rencontra un homme. Il s'appelait Marc. Je crois, si mes souvenirs sont exacts, qu'il était un peu plus âgé que ma mère. Il n'avait pas d'enfant, vivait seul. J'eus du mal à accepter qu'elle soit tombée amoureuse. Sans doute une pointe de jalousie envers lui car il me subtilisait ce qu'il y avait de plus cher à mes yeux.
Désagréable comme situation, surtout que mon père, mon très cher père, ne lésinait pas sur les « tu es ravissante ce soir », « je t'adore » et compagnie ! Un lâche ! Voilà à qui il me faisait penser quand je le regardais. Non, cet homme n'était plus mon père, c'était un traître !
Comment un enfant comme lui a-t-il pu écrire « Mon père m'a blessé … Mon beau-père m'a tué ... » ? Elle meurt d'envie de découvrir ce texte, mais une pointe de culpabilité l'en empêche. Lire ces lignes, revient pour elle, à violer l'intimité de son fils. Elle se demande qu'elle serait la réaction de Gabin, s'il apprenait qu'elle avait fouillé dans son ordinateur. Line doute, hésite à poursuivre sa lecture. Elle ne peut s'empêcher de parcourir en biais la page devant elle. Elle est bouleversée par la dureté des mots que son regard croise.