N'aie pas honte de qui tu es.
Pour la première fois de ma vie, parce que je me détachais de ce que je croyais être le plus cher à mes yeux, j'avais le sentiment d'accomplir un acte fort.
Dans un petit carnet noir qui faisait froid dans e dos, Andreas Müller avait répertorié les différentes méthodes utilisées pour spolier les familles juives. Il notait aussi une série de rendez-vous, des descriptions de collections et le sort atroce de certains propriétaires.
J'étais effondrée. Brusquement la réalité de la mort de ma mère m'apparaissait dans le petit tas de feuilles que constituait le dossier de succession.
Walter Spies échange un regard complice avec son singe, celui qu'il préfère parmi tous les animaux de sa ménagerie. Il le prend dans ses bras. L'animal se blottit dans le creux de son épaule.
N'aie pas honte de qui tu es !
Revoir ma mère, je n'y pensais plus.
Ce qui va créer la vie, c'est le désir.
Ma mère m’avait fait découvrir cette chanteuse new-yorkaise qu’elle admirait pour son style unique, entre jazz et cabaret. Elle aimait ses interprétations minimalistes, teintées de malice et d’humour cynique. Elle me disait :
— Savoir rester sur le fil de l’émotion sans jamais la montrer, c’est ça, la classe. Blossom Dearie, c’est du caviar en bouche.
J’adorais cette chanson qui parlait de l’impatience de tomber amoureux, du rêve d’aimer, de la peur que l’amour ne vienne jamais frapper à la porte.
Ce que je ne parvenais pas à savoir était si sa quête de jouissance était le fruit du désespoir ou si c’était sa manière de vivre.