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Citations sur Délivrez-nous du mâle (11)

- C'est le docteur Richer, murmura Mimosa.
- Et moi qui croyais qu'il n'y avait que des femmes ici ! Vous avez donc des médecins hommes ! s'étonna Barfol.
- Ne dites surtout pas ça, malheureux ! chuchota l'infirmière.
- Que je ne dise pas quoi ?
- Le docteur Richer n'est pas exactement un homme.
- Quoi ? C'est une femme ? Mais cette voix...
- Non plus. Ça dépend. Il est parfois neutre, parfois non binaire, parfois femme, parfois homme, parfois hybride... C'est très variable... Et je vous conseille de ne pas faire de bourde ! L.e.a docteur.e Richer (ça dépend) est très soupe au lait.
- Qu'est-ce que je dois dire, alors ? Docteur ou docteure ?
- Débrouillez-vous, faites dans l'évasif... Prononcez docteure, avec un "e" équivoque, presque muet... C'est ce que nous faisons toutes... Allez, à tout à l'heure... et bon courage !
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En Suède, depuis lors, les hommes pissaient assis. "Eh bien pas moi ! ", décida Alain Barfol et, fermant avec colère la porte des toilettes, il s'en fut, ricanant, dents serrées, uriner dans le lavabo.
" Nous allons avoir beaucoup, beaucoup de fil à retordre avec ce M. Barfol...", commenta Amélie Dastovic en observant la scène sur son écran.
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Êtes-vous prêt à faire un gros travail sur vous, monsieur Barfol ? Reprit la procureure.

– Je suis prêt à faire tout ce que vous voulez, Madame la procureure de la République », répondit Alain Barfol, penaud et en sueur…

Impossible, toutefois de faire couler une seule petite larme. Fichu stoïcisme !

« Voyez-vous, nos prisons sont bondées et puis, franchement, c’est très inefficace. Le prisonniers pour crimes et délits sexuels ressortent autant, voire plus obsédés qu’auparavant et, fatalement, c’est la rechute. Il existe cependant une autre voie, une expérimentation…

– Qui m’éviterait de passer devant le juge d’instruction ?

– Vous avez bien compris. Il s’agit d’un centre, le centre Olympe-de-Gouges…

– Comme mon lycée !

– Oui mais dorénavant ce sera vous l’élève.

– Et pour apprendre quoi, Madame la Procureure de la République ?

– A vous ramollir la cuirasse…
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La langue était heureusement devenue intégralement politique. La paix entre les sexes ne serait qu’à ce prix. Aussi vit-on fleurir au sein des plus grandes maisons d’édition des projets titanesques de réécriture des oeuvres littéraires du passé, afin de transformer la grammaire exclusive du passé en grammaire inclusive. Ne traduisait-on pas les ouvrages écrits en langue étrangère ? N’adaptait-on pas le français archaïque d’un Montaigne en bon français moderne ? Selon la même logique, il fallait accorder les oeuvres du passé à la langue nouvelle, celle de l’égalité. On avait déjà appliqué, avec succès, cette logique à la première partie de "À la Recherche du temps perdu", qui commençait désormais ainsi : "Longtemps, je me suis couché.e de bonne heure." C’était, disait-on, infiniment plus respectueux des ambiguïtés identitaires de Marcel.le Proust, injustement masquées, dévoyées et humiliées par le fascisme de la grammaire. Malgré ces progrès indéniables, quelques voix commençaient tout de même à s’élever contre cette grammaire qu’on disait, parfois, insuffisamment inclusive. Que faire, en effet, de tous ces non-binaires, les trans, les neutres, les bigenres, les agenres, demi-boys, demi-girls et autres androgynes, lesquels se voyaient injustement exclus par cette binarisation trop rigide de la langue ? La lutte pour l’égalité avait encore de beaux jours devant elle…
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« Monsieur Pitre ! lança avec un soudain courroux Nathalie Tobolski, tout en regardant l’homme dont elle venait de déchiffrer le nom affiché sur la poitrine.
— Oui, Madame ? répondit ce dernier, avec un air à la fois coupable et rempli d’incompréhension.
— Vous ne voyez vraiment pas où je veux en venir ? » continua-t-elle, sourcils froncés en le fixant droit dans les yeux.
Gaël Pitre la regardait abasourdi, en balançant humblement la tête de gauche à droite. Non, franchement, il ne voyait pas.
« Qui peut donc éclairer M. Pitre ? » demanda alors la nageuse polonaise, en toisant l’assemblée d’un air narquois. Une main se leva, hésitante. C’était celle d’un petit brun à lunettes qu’Alain Barfol avait déjà repéré pour le zèle avec lequel il savait se soumettre à ses nouvelles maîtresses.
« Oui, monsieur Toczi ? demanda-t-elle, sourire en coin.
— Pitre a les jambes écartées, Madame.
— Oups ! fit Gaël Pitre, en recroisant immédiatement les jambes, genou contre genou. Je n’avais pas fait attention, je suis vraiment désolé…
— Bravo monsieur Toczi ! le félicita Nathalie Tobolski. Quant à vous, monsieur Pitre, sachez que vos gonades n’intéressent absolument personne ici. Votre place ne vous suffit pas ? Vous voulez prendre plus d’espace ? Vous répandre un peu plus parmi nous ? Et pourquoi pas, tant que nous y sommes, avec vos formidables attributs, vous répandre sur nous ?
— Non, non… Pas du tout… C’est l’habitude, vous comprenez…
— Une habitude issue d’un désir de puissance menant tout droit au viol et, logiquement, au meurtre, monsieur ! Ignorez-vous que, outre son impudeur bassement phallocratique, cette posture ignoble que vous arboriez à l’instant, si lamentablement, vient d’être interdite dans tous les lieux publics ? L’ignoriez-vous, monsieur Pitre ?
— Je… Oui, non… On me l’a dit… Je ne le ferai plus, s’excusa Gaël Pitre, contrit.
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Barfol sentit alors tous les regards se diriger vers lui. S’il tendait la main vers l’assiette, comme il en avait le désir, il risquait, sinon de détruire, du moins d’obscurcir ce charme merveilleux dont il se sentait en ce moment enveloppé. Le regard, presque amoureux, de toutes ces demoiselles, probablement végétariennes, lui procurait un tel plaisir qu’il ne voulait pas le voir, pour un léger écart au nouveau sens commun, se dissoudre en fumée. « Non merci, mon vieux ! répondit-il alors. Tu n’as jamais entendu parler du carnophallogocentrisme ?
— Ah non… c’est quoi ?
— Un concept de Derrida. Laisse-moi t’expliquer. L’homme, c’est le logos, la raison, théorique et technique, contre les voies du coeur, du sensible, de l’affect. En dominant les femmes, les hommes dominent aussi la nature et les bêtes. En dominant les bêtes, les hommes soumettent la nature et les femmes. En dominant la nature, l’homme asservit les femmes et les bêtes. Et c’est la même violence ! Celle de la dent qui croque dans la chair de la bête, celle du phallus qui fouille dans le ventre des femmes, celle de la technique qui assèche la nature qu’elle prétend maîtriser ! Il y a convergence des luttes, André, "intersectionnalité", comme on dit aujourd’hui ! La révolution, ça commence dans l’assiette ! Et d’abord, mon vieux, par le refus du saucisson… »
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La galanterie n’est que l’extrême raffinement de la culture du viol.
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Le machisme vient d'être officiellement reconnu comme maladie psychique par l'OMS, le saviez-vous ? Vous pouvez absolument tout nous dire, nous ne vous jugerons pas. On ne condamne pas une grippe ou un panaris. On les traite. Et nous vous traiterons.
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Les hommes sont binaires, et à la puissance mille s’ils s’avèrent philosophes.
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La lutte pour l’égalité avait encore de beaux jours devant elle…
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