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Critique de Laurence64


J'aime encore Lehane!

A l'aube, l'Amérique était secouée par des mouvements politiques et sociaux colorés du rouge communiste et du noir anarchiste. A l'aube, entre 1917 et 1919, on aurait pu se prendre à rêver d'un contre-pouvoir à l'hégémonie économique qui, dès le XVIII° siècle, broyait la main d'oeuvre ouvrière comme un moulin écrase les grains de blé.

Puis vint la prohibition. Certains se mirent alors à vivre la nuit. de Boston à Tampa (Floride).
Et j'ai encore aimé Dennis Lehane.
Et ce, malgré la mafia qui ne manquerait pas de marquer de son empreinte cette période historique qui permit à l'Amérique aussi blanche que puritaine d'arborer une tempérance de façade en déléguant à son émigration italienne le salissage des mains. Ce n'était pas nouveau. Cela fut écrit cent dix fois, filmé mille fois. Et pourtant…

Oui, je continue à aimer Lehane. Même avec rhum de contrebande.
Dans le destin choisi de mauvais garçon de Joe, fils et frère de flic irlandais (vus Dans un pays à l'aube), Lehane tisse une histoire où le romanesque s'inscrit dans l'histoire des Etats-Unis. Entre la distillation illégale, la guerre des gangs, le crime souterrain connu de tous, le graissage des pattes propres en apparence, oncle Sam pointe son nez au Nicaragua, et a l'oeil de Chimène pour Cuba. Machado fichu dehors, on fait les yeux doux à Battista. Et qu'importe la misère des exilés cubains!

J'aime Lehane car, au travers d'une destinée romanesque mêlant amour et violence, perce l'Amérique de 1926 à 1935 comme un second rôle aussi indispensable que discret. Il y a toujours ce racisme homme blanc/homme noir, la croyance en la primauté des valeurs américaines, le protestantisme brandi sur des croix de feu (le KKK sévit), l'amour pour des prêches fussent-ils totalement barrés, la folie du rachat de l'âme et l'indéfectible croyance en l'argent, voie nécessaire vers le pouvoir.

J'aime aussi Lehane pour cet humanisme tapi dans les ombres du malfrat blanc et pour cette complaisance hypocrite obscurcissant les idéaux de la révoltée colorée. Comme si rien n'était simple dans l'existence.

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