AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de NathalieCM


« Quand vient la nuit » a subi des mutations diverses. Elle naquit dans un recueil de nouvelles : « Boston noir » dédié à la ville de Boston, source d'inspiration de l'auteur. Puis elle se transforma en scénario de film pour enfin prendre sa forme définitive de roman.

Toutes ces évolutions ont eu pour effet de montrer un visage légèrement différent de l'auteur. Lehane, habitué aux romans riches et denses peut décevoir avec ce conte noir presque trop bref. le schéma scénaristique d'origine est presque évident et l'intensité du récit s'en ressent un tant soit peu.

Et pourtant, le talent de Dennis Lehane n'est plus à prouver et ce court roman d'à peine 270 pages confirme son don pour donner vie à des personnages en quelques phrases. le format du récit laissant peu de place au développement, l'auteur a réussi à concentrer chaque caractère dans un espace très limité tout en parvenant à poser les bases solides d'un vrai roman noir.

Paradoxalement, certains de ses personnages secondaires frôleraient presque la caricature de l'américain basique et conservateur tel qu'on se l'imagine et malheureusement, les mafieux tchétchènes présents dans le roman m'ont paru trop peu développés et souffrent d'une abondance de clichés et d'un trop grand manque d'ambivalence.

La nonchalance qui est propre au style de l'auteur est reconnaissable et les personnages, parfois presque flegmatiques, donnent ce rythme typique.

Le fond et la forme sont maîtrisés et on retrouve les thématiques chères à Dennis Lehane. Sous cette mince couverture de papier, l'auteur parvient à dresser une nouvelle fois un portrait peu flatteur de son pays : là où la misère sociale côtoie la solitude, là où les retraites insuffisantes poussent parfois à la malhonnêteté…

Dans un pays laissant place à tous les fantasmes, un auteur tel que Lehane rappelle cruellement que le rêve américain n'est, hélas, pas accessible à tous.

« Quand vient la nuit » n'a pas cette flamboyante noirceur d'un « Mystic River », les personnages ne forcent pas l'empathie comme dans la série Kenzie et Gennaro mais laissons à Dennis Lehane ce don de nous surprendre alors même qu'on ne s'y attend pas. Laissons lui cette habileté de conteur et cette aptitude à plonger dans la noirceur de l'âme humaine, extirpant le bon comme le mauvais dans chacun de ses protagonistes. Cet opus pourrait être une parenthèse dans l'oeuvre de Lehane mais quand bien même sa qualité ne soit pas à la hauteur de certains de ses précédents romans : un auteur talentueux le reste, même dans ses moments de faiblesse.


Lien : https://sous-les-paves-la-pa..
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}