Tu trouveras le temps moins long si tu comprends comment il passe.
L'automne était en route pour le Sud et laissait le Nord aux mains de l'hiver.
Le temps n'était cependant pas une ligne que l'on pouvait suivre indéfiniment sans s'épuiser.
Tu ne peux pas passer le reste de tes jour à esquiver tes sentiments par peur de perdre quelqu'un. Car si tu n'oses pas aimer ou si tu ne laisses pas les autres t'aimer, tu ne vis pas.
Plus l'être se souvient, moins il parvient à espérer.
Les gens ont-ils appris quelque chose ? S'interrogea-t-il en regardant l'atelier dont les étagères regorgeaient
de présents. Il parcourut la grotte en laissant son doigt glisser le long des rayonnages. Ou bien ce travail de
toute une vie aura-t-il été inutile ?
Grâce à toi, j'ai eu un second fils et une nouvelle vie heureuse. Je ne pensais pas mériter ça. Je te remercie
pour tout ce que tu m'as apporté, Nicolas. À travers toi, j'ai réappris ce que j'avais oublié. J'ai appris à donner.
Cependant, ils comprenaient que c'étaient justement ces pertes qui les avaient rapprochés, qui leur
donnaient cette compréhension mutuelle et leur faisaient apprécier l'instant présent. La peine causée par le
triste sort avait finalement engendré quelque chose de bon.
Même si la tristesse de quitter la famille Hannes pour une autre lui pesait, il éprouvait surtout de la gratitude pour la patience, la chaleur et le réconfort qu'il avait reçus.
– Écoute, Nicolas… commença-t-il d'une voix douce. Il n'y a plus personne pour qui tu doives garder la chaleur du chalet. Tu comprends ? Plus personne. Tu es le seul survivant de ta famille.