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Critique de clesbibliofeel


Le premier volet de la trilogie « Au revoir là-haut » m'avait enthousiasmé, le second « Couleurs de l'incendie » avait poursuivi sur la lancée, j'avais retrouvé avec plaisir certains personnages du premier tome. Je me faisais une joie de lire enfin ce « Miroirs de nos peines », tout à fait en confiance après deux premiers tomes de haute volée.

Après un début de roman plutôt laborieux, dédié à la découverte de nouveaux personnages, j'ai retrouvé l'art du découpage et de l'intrigue qui m'avait tenu en haleine pour les précédents volumes. M. Jules est le patron de la Petite Bohème, restaurant populaire ou vient s'assoir chaque samedi « le docteur ». Louise est institutrice et serveuse occasionnelle dans l'établissement de M. Jules. Pourquoi donc le docteur, ce vieil homme si paisible, lui propose-t-il de la payer afin de la voir nue ? Voici le premier fil d'une intrigue à rebondissement qui va distiller ses réponses tout au long des 571 pages de cette édition. Tout comme dans « Au revoir là-haut » on retrouve dans ces histoires mêlées deux soldats, Gabriel et Raoul Landrade. Ces deux-là sont plutôt de caractères opposés, Gabriel est bien intégré alors que Raoul, écorché vif, participe et élabore tous les coups douteux possibles. Les personnages secondaires sont ici encore bien représentés : Madame Thirion et sa fille Henriette, la femme et la fille du docteur, le juge Poittevin aux convictions bien arrêtées, Jeanne Belmont mère de Louise, Fernand l'adjudant-chef des gardes mobiles et sa femme Alice, le caporal-chef alcoolique Bornier...

Louise est celle qui permet la continuité de l'histoire par rapport aux précédents volumes. Elle avait dix ans dans « Au revoir là-haut » quand elle aidait Edouard Péricourt et son compagnon Albert Maillard, anciens combattants de la guerre de 14-18, réfugiés chez ses parents, à élaborer des masques pour la gueule cassée d'Edouard. Mais le fil est ténu... Donne-t-il du sens à l'histoire ? Autant dire que ce tome peut se lire sans problème en dehors des deux autres.

Heureusement, arrive à la page 74, Désiré Migault ou Migaud, ou Mignard ou ... que l'on va retrouver avec un plaisir toujours renouvelé au fil des histoires qui se succèdent et se rejoindront petit à petit jusqu'au dénouement dévoilant les liens entre tous. Désiré que l'on découvre avocat flamboyant capable de retourner un procès mal engagé, lui qui avait été instituteur aux « méthodes pédagogiques extrêmement innovantes », également pilote d'aéroclub « Il n'était jamais monté dans un avion, mais avait présenté un carnet de vol et des certificats en acier trempé », et même chirurgien... Sa principale spécialité étant la fuite en emportant la caisse de l'établissement. Sacré Désiré qui vaut à lui seul la lecture de ce livre. Les chapitres où il se présente comme spécialiste des langues orientales afin d'être embauché au ministère de l'information (« autant dire de la censure »), sont des plus hilarants malgré le terrible contexte historique.

Vient ensuite la défaite, la fuite sur les routes des civils et des militaires déserteurs tels que Gabriel et Raoul. Ils sont tous en route vers Orléans, que ce soit ces deux-là ou Jules accompagné de Louise dans sa vieille voiture. Et même Désiré que la découverte du corps d'un prêtre a propulsé à la tête d'un étonnant centre d'accueil, secourant des réfugiés totalement livrés à eux-mêmes.

Pierre Lemaitre jubile dans cette série. Il nous précise dans l'épilogue concernant le devenir de Désiré : « Je ne vais pas vous raconter d'histoire, quasiment rien de ce qu'on croit savoir de lui n'a été prouvé ou démontré. », pour mieux repartir dans une destinée incroyable dans la Résistance... L'auteur s'amuse et nous amuse, dans ce récit bien documenté : une colonne de prisonniers militaires s'est bien mise en marche en juin 1940 pour se rendre au camp de Gurs dans le Cher, la péripétie des billets brûlés de la banque de France est attestée, les informations rapportées par Désiré dans ses émissions de radio sont réelles pour la plupart.
Un roman lu avec plaisir même si j'ai une préférence pour « Au revoir là-haut » et « Couleurs de l'incendie ». Les 3 volumes de la trilogie « Les enfants du désastre » sont sortis en coffret en novembre 2020 accompagnés d'un livre de 32 pages composé d'un texte inédit de Pierre Assouline et d'une quinzaine d'illustrations exclusives en couleur de Christian de Metter, des portraits et scènes emblématiques issus des trois tomes.
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Cette chronique avec illustration sur mon site Bibliofeel. Bel été et à bientôt !

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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