A Paris, en 1962, Daniel a 16 ans. Depuis la mort de sa mère, le jeune homme vit avec son père, Maurice, et sa soeur aînée qui, lassée d'être traitée comme la « boniche de service », fait ses valises le jour de ses 21 ans et quitte l'appartement familial. Maurice, ouvrier dans l'atelier de peinture des usines Renault à Billancourt, est syndicaliste et adhérent au Parti communiste français. Tous les dimanches matins, il part sur les marchés vendre l'Huma et est de tous les combats contre les injustices. Son fils, Daniel, l'admire. Lui qui entend ses camarades traiter de « vieux cons » leurs parents, se surprend lui-même à éprouver amour et respect pour son père. Car son père a des convictions et il les assume. Alors, même si Maurice ne rêve que de grandes études pour son fils, ce dernier adhère en cachette aux Jeunesses communistes. Pour faire comme son père. Lui aussi veut s'engager politiquement, lui aussi veut agir. C'est ainsi que le 8 février 1962, Maurice et Daniel partent manifester contre les exactions de l'OAS et pour la paix en Algérie. C'est la première manifestation pour Daniel. Elle sera également celle qui marquera à jamais son destin.
Ce court roman nous replace dans le contexte des événements de la guerre d'Algérie. En 1962, les attentats de l'OAS se multiplient, les brimades et la répression à l'encontre des Algériens en France également. Ce 8 février 1962, on décide donc de manifester malgré l'interdiction préfectorale : contre la violence, contre la guerre en Algérie. La foule est nombreuse : beaucoup de jeunes gens, des lycéens dont l'engagement politique s'affirme, des syndicalistes, des membres du Parti Communiste. On connaît la suite : la répression féroce des policiers, les victimes du métro Charonne. L'histoire de Daniel et son père est donc l'occasion pour l'auteur de revenir sur ces faits historiques. Mais plus encore que l'Histoire,
Christophe Léon nous conte une histoire filiale très forte dans le milieu ouvrier de la France des Trente Glorieuse. La relation entre Maurice et Daniel est faite de respect et d'admiration. On y retrouve également l'image d'une France ouvrière aujourd'hui disparue, remplie de convictions, qui ne courbait pas l'échine devant la force et la brutalité. Des gens qui pouvaient encore espérer que sur les bases de la solidarité et de l'engagement, on pouvait tout changer, tout espérer.