Fan de
Donna Leon comme de Cecilia Bartoli, je me suis précipitée sur le dernier livre de l'écrivaine américaine ... pour me rendre compte que cette dernière enquête est une délicieuse mystification. Un livre aussi vite acheté, aussi vite lu : en deux soirées. Toujours aussi bien écrit, parfois jouissif, avec la même ambiance vénitienne que les précédents, mais sans Guido Brunetti.
En fait, c'est une histoire de savante recherche à travers des textes datant du dix-septième siècle, retrouvés dans deux malles jamais ouvertes depuis lors, convoitées à titre d'héritage par deux grossiers personnages représentés par un mystérieux avocat, très séduisant.
L'héroïne est une belle vénitienne, Caterina, bien dans sa peau de musicologue. Elle nous raconte l'histoire de sa famille, de ses quatre soeurs et en particulier parle avec celle qui, devenue religieuse, va lui prêter main forte dans sa recherche, de sa carrière.
Tout tourne autour de Agostino Steffani (1654 – 1728) et de sa biographie : jeune chanteur à la voix merveilleuse, musicien de génie entré dans les ordres, devenu évêque puis diplomate, il a passé sa vie à essayer de ramener à la religion catholique les princes allemands ayant adopté le protestantisme. C'est cet homme au destin d'exception que la cantatrice Cecila Bartoli a décidé de sortir de l'oubli avec son dernier album « Mission », et ce livre est le fruit de sa collaboration avec
Donna Leon. Autant dire que tout est fait pour qu'aussitôt la dernière page du livre tournée, on se précipite pour acheter le disque (édité par DECCA) écouter les arias et duos d'Agostino Steffani, celui qui mit le pied à l'étrier d'Haendel … ce qui me dérange un peu.
Ce qui me dérange encore plus est l'utilisation de l'étrange histoire (vraie) du beau et volage comte de
Koenigsmark (1655 - 1694) dans l'intrigue, alors qu'il est précisé en note de bas de page qu'il est fait mention d'un autre livre – mais également en français - que celui de
Pierre Benoît, que j'ai justement lu il y a quelques semaines ...
Cette Caterina est belle, honnête, perspicace … et possède parfaitement sa technique de recherche, utilise avec efficacité toutes les sources disponibles … exactement comme le signorina Elettra. Mais décidément, le livre est bien court, et Brunetti bien absent !