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Les journaux nous abreuvent régulièrement, de lamentations sur le déclin du français, de l'orthographe, de l'invasion de l'anglais et autres 'tout fout le camp' avec la féminisation comme cerise sur le gâteau ! .

Dans ce court essai paru dans la collection Tracts chez Gallimard, un collectif de jeunes linguistes, majoritairement femmes, d'où le second "e", démontre au fil de courts chapitres dûment référencés, que pour survivre une langue doit se parler, être vivante, inventive et que les règles d'orthographe ont fortement varié au cours des siècles sous la surveillance archaïque d'académiciens peu productifs ! 

Ainsi, la tendance serait à l'invariabilité des participes passés, à un retour à la féminisation des mots oubliée au XIXème siècle, comme fut alors étouffée la place des femmes, à l'intégration des mots des jeunes qui relèguent ceux des générations qui les ont précédés et qui sont aujourd'hui tellement datés.

Bref, un petit livre qui fait du bien dans la morosité ambiante.

Merci à Charline Vanhoenaker qui a donné la parole à Laélia Véron dans 'C'est encore nous' et qui y a fait la promotion de cet ouvrage dont je me suis régalée !
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Des linguistes De Belgique, de France, de Suisse et du Canada souhaitent rassurer les francophones sur le fait que le français va très bien et reste une langue bien vivante. Pour eux, il est important de bien comprendre que la langue évolue, que l'usage à l'oral précède l'écrit et qu'une simplification de l'orthographe est nécessaire et permettrait une meilleure adéquation avec nos modes de communication actuels.

Le collectif décortique plusieurs idées reçues sur la langue française. Tout d'abord, non, les francophones n'écrivent pas de plus en plus mal. C'est juste qu'avec Internet et les réseaux, on a accès à un volume énorme de textes écrits par tout le monde, partout, sans le filtre de relecture de la publication. Depuis l'invention de l'écriture, nous n'avons jamais autant écrit. de quoi nous réjouir ! le français des SMS est un français spontané, qui répond à un usage familier, proche de l'oral. On pourrait le voir comme un registre de langue à part, pratique dans ce type d'échanges.

De même, les mots anglais et les émoticônes n'affaiblissement pas la langue, ils viennent en complément pour nuancer ou lorsqu'un mot manque. «Faire du shopping» est différent de «faire les courses», les deux font sens et sont utiles.

Quant à «la langue de Molière», nous ne la comprendrions pas aujourd'hui. le français n'était pas le même, la prononciation non plus. J'ai particulièrement aimé la partie sur les erreurs étymologiques et les fautes «de frappe» des copistes qui sont devenues des normes pour L Académie Française qui n'a, au passage, aucun pouvoir et n'est composée d'aucun linguiste.

Bref, cette lecture est très instructive, ludique et permet de déconstruire bien des préjugés. Si j'ai une tendance maniaque sur l'orthographe, je serai à l'avenir plus indulgente. de fait, l'orthographe est un marqueur social fort, source de discrimination pour qui ne la maîtrise pas, ce qui est bien dommage. J'ai aussi compris l'importance de féminiser le vocabulaire et la grammaire et de simplifier la langue, de manière progressive en y associant le français du monde entier. A titre d'exemple, le dictionnaire de l'académie française compte moins de 100000 mots, quand le wiktionnaire recensant les vocables de toutes les régions francophones en dénombre près de 500000. Et n'oublions pas que la plus grande capitale francophone est Kinsasha.

Un super tract. Je pense lire d'autres titres de cette collection super bien faite.

Es-tu un.e psychopathe de l'orthographe ? As-tu, au contraire, des difficultés ? J'invite tout francophone à lire ce petit livre fort intelligent.
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Ce pamphlet propose une mise au point intéressante et bien documentée sur ce qu'est la linguistique, mais, en raison de son caractère très polémique, ne m'a pas tout à fait convaincu de la validité de ce que le titre affirme (à savoir que le français va très bien).
L'essai critique avec à propos des clichés répandus sur le français et la linguistique, en se fondant sur des citations d'idéologues réactionnaires, tels Finkielkraut ou Camus. Soit, mais quel est l'intérêt de la chose ? Il est évident pour qui s'intéresse un peu à la langue, à son fonctionnement et son évolution que ces imprécateurs, fussent-ils académiciens, n'ont pas mené une vraie réflexion sur le français mais se sont seulement servis de clichés sur l'appauvrissement sur la langue pour développer leurs rances diatribes sur la décadence supposée de la France et la civilisation occidentale. Or, à combattre de tels épouvantails, non seulement on ne convaincra personne qui pense que l'écriture inclusive annonce la fin des temps (je doute même qu'une telle personne lise ce pamphlet), mais on s'empêche de mener une réflexion plus nuancée car moins manichéenne.

Mais le principal problème, et ce qui m'a le plus gêné dans cet ouvrage lu avec le point de vue d'un professeur de français est la façon dont il minimise souvent l'importance de la norme dans la langue française, jusqu'à parfois presque la nier. Ainsi le premier chapitre rappelle-t-il que la langue est soumise à une évolution constante, et critique-t-il l'expression « la langue de Molière ». Soulignons ici la mauvaise foi des « Linguistes atteré·e·s » : en utilisant cette expression, personne ne souhaiterait qu'on s'exprimât comme les précieuses ridicules ! Mais, de façon plus significative, en insistant sur l'évolution de la langue, et même l'évolution de la norme, on en vient presque à nier l'existence de la norme. Les linguistes qui ont écrit de cet essai font bien de rappeler que leur travail consiste à étudier les usages de la langue, sans les hiérarchiser, et que les normes qu'ils en tirent sont descriptives et non prescriptives. Mais c'est oublier que malgré des évolutions notables, le français a une forme relativement stable et uniforme depuis que sa transmission n'a plus seulement été principalement orale, qu'une norme s'est imposée, surtout à l'écrit, et que c'est un attendu social (mais pas de la linguistique, certes) qu'elle soit respectée. Tout le monde sait ce qu'il arrive aux lettres de candidatures truffées de fautes… J'irais même plus loin : en linguistique, tous les discours se valent (p. 46 : « Là où les puristes blâment le barbarisme, la faute ou le « mauvais » français, les linguistes observent des variations ») ; dans la vraie vie, ce n'est pas le cas, et une maîtrise correcte de normes habituelles est souvent un bon moyen de distinguer, dans la masse de discours écrits et parlés, ce qui mérite notre attention ou non.

Il est vrai, et le livre nous y invite, que la qualité d'un propos ne correspond pas au respect scrupuleux de toutes les règles. Mais une fois encore, les auteurs cherchent à minimiser l'importance de la norme en se concentrant sur les anomalies de l'orthographe et en négligeant presque complètement la grammaire. Certes, il importe peu qu'on écrive nénuphar ou nénufar, mais la non-maîtrise, malheureusement si fréquente dans les travaux de mes élèves, des règles essentielles de grammaire et de syntaxe est, dans une certaine mesure, le reflet d'une difficulté à structurer leur pensée, et empêche souvent une réelle communication. Si l'on ajoute à cela le manque abyssal de vocabulaire, on a du mal à partager l'optimisme des auteurs : il est possible que le français aille bien, merci, il n'en est pas moins vrai qu'un nombre important de locuteurs est incapable de comprendre ou produire un énoncé écrit simple, et cela n'est jamais abordé dans l'essai. Dans cette critique de la survalorisation de l'orthographe, les auteurs s'en prennent au retour en grâce de la dictée, en s'appuyant sur Jules Ferry critiquant la place disproportionnée que prenait à son époque la dictée, centrée sur « les vétilles de l'orthographe ». Mais c'est très loin de la pratique actuelle de la dictée. Croyez-moi, les enseignants seraient heureux s'ils avaient le temps d'aborder ces vétilles-là !

Il conviendrait, nous suggèrent cependant les auteurs, de ne pas hiérarchiser les emplois de la langue, et accorder autant de valeur au français oral plus relâché. Et si tous les hommes se donnaient la main, le monde serait meilleur… Plus sérieusement, ou pas, les auteurs affirment même une certaine prééminence de la langue orale, que suivrait ensuite l'écrit avec ses règles ad hoc, et s'appuient notamment sur le fait que l'apprentissage de la langue est d'abord oral, puis écrit. Quelle belle prééminence que celle qu'apporte le galimatias d'enfants en maternelle ! Les auteurs recommandent aussi, pour simplifier l'orthographe, que soit mieux appliquée la réforme de l'orthographe de 1990. Je n'ai rien contre cela, d'autant plus que c'est conforme aux instructions du ministère de l'Éducation nationale. Mais j'avoue que je ne la maîtrise pas tout à fait, car les éditeurs ont conservé le plus souvent l'orthographe traditionnelle. J'ai donc été surpris, en lisant cet essai, de trouver la forme « elle renouvèle ». Pourquoi pas ? Mais je me demande où est la simplification quand un enfant doit apprendre qu'on écrit « une nouvelle » mais « elle renouvèle » ?

D'ailleurs, je me permets un aparté : j'aime qu'à travers les bizarreries orthographiques du français on devine l'étymologie des mots (et parfois même leur étymologie fantaisiste !). Cela leur ajoute une profondeur. Je me fous absolument ce que ça complique le langage courant : si les conversations ordinaires avaient de l'intérêt, on ne lirait pas de livre. Ce qui fait l'intérêt d'une langue, c'est sa littérature, et c'est ce qui fait qu'à mes yeux, clé et clef, par exemple, ne sont pas tout à fait interchangeables.

Enfin, pour revenir sur ce qui me semble constituer un déni de la norme, ses auteurs, pour montrer, dans un chapitre dans l'ensemble convaincant, que les anglicismes ne menacent pas le français, parlent de la cohabitation naturelle et harmonieuse entre le français et de l'anglais au Québec, et mettent en avant les néologismes heureux qui y ont été forgés. Mais c'est omettre que cette cohabitation n'est pas complètement naturelle, mais qu'elle est déterminée, encore une fois, par des normes, cette fois-ci légales, qui imposent, on le sait, que soient évités les anglicismes et que soient traduits les titres de tous les films. L'enrichissement de la langue n'est pas toujours le résultat d'un processus naturel et inconscient, il est aussi le résultat de décisions politiques.


Pour conclure, il y a dans cet essai des choses très intéressantes, des mises au point pertinentes et qui changent des cris d'orfraie médiatiques et peuvent contribuer au débat sans cesse renouvelé sur notre langue. Mais plus qu'une défense et illustration de la langue française, il s'agit d'une description de l'objet de la linguistique. de plus, en s'attaquant à des moulins à vent (car qui affirme sérieusement, comme le prétend cet essai, que les usages du Québec ou de l'Afrique francophone, abâtardissent le français ?), il se montre parfois utilement polémique, au risque de trop simplifier et de ne pas aborder des questions bien plus pressantes.
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Ce petit manifeste est un véritable banger. La lecture en est fluide, simple, claire… incisive !

Chacun des dix chapitres commence par un préjugé, une idée reçue sur la langue française, assortie d'une petite citation. S'en suit un développement solide, une démonstration de ce que cette assertion vaut face à un raisonnement scientifique – et sans vous spoiler : ça ne vaut pas grand chose.

Vraiment, ce petit manifeste – qu'on dévorera rapidement – est à partager et diffuser. On ne peut que saluer les petites bibliographies en fin de chapitre qui permettent de creuser le sujet abordé.

Un premier texte salutaire de la part de ce nouveau collectif de linguistes qui, je l'espère, pourra aider à faire réfléchir et s'émerveiller un large public sur ce qu'est vraiment la linguistique !
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"Le français va très bien, merci" devrait être lu par beaucoup de monde, notamment la frange un brin snobinarde qui juge des capacités intellectuelles ou accomplissements sociaux de chacun en fonction de leur niveau de langue. En plus, c'est très court donc ça se case facilement, même sans un planning bien chargé.

La recette est simple : 10 préjugés sur la déchéance de la langue française, avec 10 citations bien senties, auxquelles les géniales linguistes atterrées répondent. En bonus de ces réponses pleines d'esprit et d'humour, on trouve le petit paragraphe "et si?" qui amène des idées ou solutions au préjugé concerné. Sans doute que ces "et si?" seront vus comme candides ou naïfs par les défenseurs de la "langue de Molière" (que nous ne parlons pas), mais ils ont l'immense mérite d'être bienveillants et inclusifs.

La langue évolue, chaque jour un peu plus, et on se retrouve tous à un moment un peu perdu par le vocabulaire que peut employer une personne beaucoup plus âgée ou plus jeune que nous. C'est ce qui fait tout son charme !

Par ailleurs, et à titre plus personnel et politique, je suis sidérée de la violence des citations choisies. le parallèle entre le "massacre de la langue" et le mépris de classe est assez évident, et je remercie les linguistes atterrées de l'avoir fait. Quant à l'écriture inclusive qui est un "danger mortel", quelle blague. Ces personnes là devraient sans doute réviser la définition du mot "mortel", et laisser l'évolution du français se faire tranquillement : le seul danger mortel pour une langue, c'est tout simplement de ne pas la parler.

Bref, et pour conclure sur un peu d'oralité et d'émoji : c'était cool, et instructif. A mettre entre toutes les mains ! :)
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La remise en question du purisme de la langue parfaite et les "c'était mieux avant".

Ce tract réapprend à aimer la langue et toutes ses nuances. Cette introduction linguistique est magnifique, elle réconcilie avec les variantes vernaculaires de la langue. Les générations changent et leur langue avec elles, mais cela ne diminue en rien leur légitimité.

Ne rendons pas la langue inactive, celle-ci est vivante, la modifier ne la tuera pas.
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60 pages, 10 thèmes abordés et 10 préconisations.
La langue de Molière, l'Académie française, le français canadien, belge, régional, des jeunes, le français sur les réseaux sociaux, le féminin dans le français, etc… autant de thèmes qui mériteraient d'être présentés plus souvent afin de rassurer les glottophobes, et enseignés dans les établissements scolaires, afin d'éviter aux générations futures d'en engendrer.
« Que les glottophobes d'hier deviennent les polyglottes de demain ».

Un manifeste de lecture abordable par tous, qui ouvre notre esprit à tous les français qui existent… car oui, j'ai découvert qu'il existe différents français, et j'ai également compris qu'aucun n'est inférieur à un autre.
La science au service de notre langue, merci à toustes (ceci n'est pas une faute!) les linguistes de cet ouvrage.
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Oui ! Oui ! Oui ! Voilà le genre de choses qu'il faut lire pour réfléchir et débattre de la « si précieuse langue française ». Voilà des arguments scientifiques car oui, la linguistique est bien une science, n'en déplaise à certains.
Simplement écrit, clair, pertinent, ce Tract fait écho au livre de Marc Wilmet (Il y a grammaire et grammaire) que j'ai récemment lu; logique, certains articles ont été écrits par ses « disciples ».
A quand une diffusion massive de ces idées qui démocratisent la langue, démystifient la grandeur du français et déboulonnent les notions de fautes et de bien-parler.
Vive le français vivant !
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Un tract d'un rassemblement de plusieurs linguistes francophones, français, canadiens, belges... pour protester contre les nombreuses prises de positions de personnes publiques plus ou moins éclairées sur la langue dans les médias.
Ce tract permet de faire un tour d'horizon des différentes polémiques linguistiques et attaques que peuvent subir les linguistes et d'y répondre avec des arguments sourcés, scientifiques, basés sur des recherches sérieuses en linguistique.
Il est bon de rappeler qu'une langue évolue, s'enrichie grâce aux échanges avec les autres langues dont régionales et qu'il nous serait aujourd'hui impossible de comprendre de façon fluide la vraie langue de Molière, c'est-à-dire celle qu,il écrivait et parler à son époque.
Très intéressant de remettre la langue à sa place et de contrecarrer son utilisation a des fins discriminatoires dont des discours à viser politique ne se basant sur aucun argument scientifique, aucun fait réel mais des opinions n'ayant aucune valeur de plus qu'une autre opinion comme dans toutes les sciences !
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Mon premier tract Gallimard c'est celui-ci. J'apprécie le format court qui est tout aussi efficace que 200 pages sur le sujet. le but est donc de venir à bout de 10 idées reçues sur la langue française. C'est en démarrant par une citation que démarre une idée qui est ensuite décortiquée.

La morale de ce livre est qu'au final le français est une langue VIVANTE et donc changeante au cours des époques.

Certains reprochent l'utilisation de la réforme de l'orthographe de 1990, cela ne pas choquée et si ce détail n'avait pas été précisé au début de livre, je n'aurais pas vu la différence…
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