Tuer un serpent, chez les Bagobo, n'est peut-être pas formellement défendu, mais cela est regardé comme imprudent, à cause de l'attitude que la communauté des serpents pourrait prendre à l'égard du coupable.
Codrington a donné ailleurs une description détaillée de cette structure de la famille. Le trait fondamental en est le suivant : « Tous les membres d'une même génération, à l'intérieur d'un groupe familial, sont appelés les pères et les mères de tous ceux qui forment la génération suivante. Les frères d'un homme sont appelés pères de ses enfants, et les soeurs d'une femme, mères de ses enfants... Ce large usage des termes « père » et « mère » ne signifie pas du tout qu'il y ait aucun vague dans la conception effective de la paternité et de la maternité proprement dites.
Pas plus que les mythes, ces oeuvres singulières, parfois admirables, de l'art des primitifs ne sont donc le produit d'une imagination tendue vers des créations fantastiques. Chez eux, comme chez nous, l'artiste est celui qui sait exprimer excellemment ce que tous sentent et voient d'une façon plus imparfaite. Les statues anthropo-zoomorphiques, qui nous paraissent l'oeuvre d'une fantaisie parfois presque sans frein, sont pour la plupart des images fidèles de représentations traditionnelles. J'oserais dire — sans paradoxe - que cet art est avant tout réaliste. Il s'efforce à reproduire exactement ses modèles, qui sont dans l'esprit de tous.
Bref, le groupe humain se sent dans un rapport étroit sinon de filiation, du moins de communauté d'essence, avec l'arbre bienfaisant qui lui a permis de mener une vie beaucoup moins dure que celle des tribus restées nomades. Sa reconnaissance s'est incorporée dans un ensemble de représentations que leur caractère émotionnel et mystique rend difficiles à bien décrire.
Les sorcières peuvent dérober l'ombre d'un homme : alors il meurt.