Beaucoup d'histoires d'hommes-tigres, de femmes-renards, de loups-garou ; d'esprit revenants, de mutation des âmes ; de sorts jetés, de prises de pouvoir à distance sur autrui ; de communion avec la nature, de comportements humains chez les animaux, etc.
A lire comme un recueil de contes (et l'auteur en a conscience qui fait de petits effets de suspense de temps à autre...).
D'un point de vue sociologique, les axes et lieu de réponse sur la question de l'âme chez les sociétés étudiées semblent être les mêmes que dans celle de Lévy-Bruhl : lien entre l'esprit et le corps, le devenir de l'être après la mort, l'étrangeté de la reproduction (d'où viennent la vie ? la personnalité ?), la taille de l'unité sociale minimale (individu, famille, communauté ?), etc. Les réponses sont peut-être seulement plus naïves et donc, plus lisibles...
Encore que sur les question de l'âme et du corps, l'affectation de Lévy-Bruhl à manifester son échec à appréhender les principes des tribus étudiées me semble illégitime du fait que ceux que les théologiens-métaphysiciens travaillent depuis au moins Pythagore à établir ne paraissent pas de manière certaine plus accessibles à la raison... La "compréhension" requerrait-elle une part irréductible d'intuition ?
Mais sans doute faut-il voir dans cette réticence une invitation faite au lecteur à se débarrasser de ses habitudes et de son environnement de connaissances pour entrer dans un univers où tout est à reconstruire. Et pour le coup, le dépaysement est assuré !
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Tuer un serpent, chez les Bagobo, n'est peut-être pas formellement défendu, mais cela est regardé comme imprudent, à cause de l'attitude que la communauté des serpents pourrait prendre à l'égard du coupable.
Pas plus que les mythes, ces oeuvres singulières, parfois admirables, de l'art des primitifs ne sont donc le produit d'une imagination tendue vers des créations fantastiques. Chez eux, comme chez nous, l'artiste est celui qui sait exprimer excellemment ce que tous sentent et voient d'une façon plus imparfaite. Les statues anthropo-zoomorphiques, qui nous paraissent l'oeuvre d'une fantaisie parfois presque sans frein, sont pour la plupart des images fidèles de représentations traditionnelles. J'oserais dire — sans paradoxe - que cet art est avant tout réaliste. Il s'efforce à reproduire exactement ses modèles, qui sont dans l'esprit de tous.
Codrington a donné ailleurs une description détaillée de cette structure de la famille. Le trait fondamental en est le suivant : « Tous les membres d'une même génération, à l'intérieur d'un groupe familial, sont appelés les pères et les mères de tous ceux qui forment la génération suivante. Les frères d'un homme sont appelés pères de ses enfants, et les soeurs d'une femme, mères de ses enfants... Ce large usage des termes « père » et « mère » ne signifie pas du tout qu'il y ait aucun vague dans la conception effective de la paternité et de la maternité proprement dites.
Bref, le groupe humain se sent dans un rapport étroit sinon de filiation, du moins de communauté d'essence, avec l'arbre bienfaisant qui lui a permis de mener une vie beaucoup moins dure que celle des tribus restées nomades. Sa reconnaissance s'est incorporée dans un ensemble de représentations que leur caractère émotionnel et mystique rend difficiles à bien décrire.
Les sorcières peuvent dérober l'ombre d'un homme : alors il meurt.