S'il arrive que les mots blessent, c'est parfois leur absence qui tue. Les poèmes illustrés de ce dernier recueil de
Véronique Lévy Scheimann sont comme des papillons heurtant obstinément la vitre qui les sépare de la lumière. Prisonniers de la cloche de verre du silence et du non-dit, ils expriment la détresse et le désarroi, mais surtout, ils témoignent d'un formidable élan vital, d'une irréductible aspiration au bonheur, menant, perceptiblement au fil des pages, à la résilience.
Sans jamais s'épancher sur les motifs de sa souffrance, l'auteur parvient à insuffler sa sensibilité à fleur de peau dans ses mots et sa peinture. Ses efforts, pour enfin briser l'anathème d'un silence dont on ne saura rien si ce n'est qu'il est devenu létal pour elle, se retrouvent ainsi l'objet d'une émouvante et fort jolie traduction poétique et picturale. Illustrations colorées et vers libres se répondent et reflètent un cheminement où la douleur laisse peu à peu la place à l'apaisement et à la victoire sur l'adversité. L'on y devine le rôle salvateur de la plume et du pinceau, de l'épaule aimée et de l'échappée vers d'autres lieux et d'autres imaginaires, pour qu'enfin éclate la prison de verre, libération si joliment suggérée par le jeu homophonique du titre.
Illustrant l'adage selon lequel l'art se nourrirait de la douleur, à tout le moins des émotions et du vécu,
Véronique Lévy Scheimann publie ici son plus beau recueil de poésie, sans doute parce que, aussi, le plus émouvant. Coup de coeur.
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