Le titre fait fureur ! («
Pourquoi j'ai mangé mon père » -ce n'est pas une question, ou, si c'en est une, ce serait plutôt : « Pourquoi ne l'ai-je pas fait plus tôt ? ») La préface de Vercors est terrifiante, et laisse présager du meilleur ! Quant au livre en question il est… drôle… seulement… c'est-à-dire qu'il fait sourire, mais d'un mouvement de zygomatiques qui traduit à la fois la politesse et la déception fade.
Avec
Roy Lewis, nous retournons à l'ère préhistorique et mettons en application la théorie de
Freud quant à la naissance de la civilisation. La haine du père –tyran qui monopolise les femmes, la nourriture et le pouvoir- conduit les fils à le tuer (engendrant par la même occasion le sentiment de culpabilité). Ici, foin de la
psychanalyse ! L'idée de
Freud attire surtout par son caractère saugrenu et offre, il est vrai, de grandes possibilités de délires scénaristiques, que
Roy Lewis n'exploite jamais complètement.
Allez, hop ! pour mimer jusqu'au bout le subversif d'un livre en fait doux et docile comme un agneau,
Roy Lewis permet une double lecture : ces vieux réactionnaires rétifs de l'arrivée de la technologie du feu ne sont-ils pas aussi étroits et limités que les partisans actuels de la décroissance ? Et ces petits jeunes ambitieux qui croient révolutionner le monde en deux coups de silex ? ne prévoient-ils pas qu'ils sont à l'origine de la course à l'autodestruction de l'humanité ?
Roy Lewis nous livre un exercice de style qui se croque aussi aisément qu'une patte de lièvre grillée et dont les prétentions seraient à peine plus élevées que celles qui régnaient en matière de littérature au cours de la préhistoire –si ce n'est cette recherche de l'humour qui parvient à nous convaincre, bon gré mal gré, que
Roy Lewis est un peu plus qu'un animal préhistorique !