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Critique de Goewin


Passionnant ! Mieux qu'une héroïne de fiction, une héroïne dans la vie !

La vie d'Edmonde Charles-Roux est un véritable roman. Jean-Noël Liaut la ressuscite pour nous et avec elle, c'est tout le XXe siècle qui défile. Edmonde est née le 17 avril 1920 et morte le 20 janvier 2016. Entre ces deux dates, nous pouvons dire qu'elle a eu plusieurs vies.

Fille de diplomate, son enfance m'a rappelé les livres de la Comtesse de Ségur. Mais Edmonde est avant tout une rebelle et une femme de convictions. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle a 20 ans, elle est la première femme qui s'engage. Elle servira comme infirmière et ambulancière dans le 11ème régiment étranger d'infanterie de la Légion étrangère. Blessée en mars 1940 alors qu'elle secourt un légionnaire, elle est élevée au rang de caporal-chef de réserve dans la Légion étrangère, décorée de la Croix de guerre et citée à l'Ordre de l'Armée. Durant l'Occupation, elle entre dans la Résistance. Lors de la libération de Marseille, le général de Lattre l'entraîne dans la campagne Rhin et Danube et la nommera assistante sociale divisionnaire de la 5ème Division blindée.

À la Libération, elle a 25 ans et se lance dans le journalisme : elle commence au bas de l'échelle dans l'hebdomadaire Elle puis devient courriériste pour Vogue avant d'en devenir la rédactrice en chef et de révolutionner le magazine. Grâce à elle, la mode et le luxe se démocratisent et elle fait appel aux artistes les plus révolutionnaires de l'époque qu'ils soient écrivains, journalistes, peintres, grands couturiers. Seul le talent est pris en compte.

Jean-Noël Liaut nous dresse le portrait passionnant d'une femme rare qui est un véritable paradoxe. Grande bourgeoise à l'allure distante et réservée, elle aime les hommes, tous les hommes pourvu qu'ils soient intelligents et elle multiplie les aventures, collectionne les amants. Aussi élégante de corps que d'esprit, elle est d'une fidélité sans faille dans ses amitiés et n'hésite pas à monter au créneau pour défendre la réputation d'un André Derain soupçonné à tort de collaboration. En 1966 elle sera licenciée par la maison mère de Vogue pour avoir mis en couverture une femme mannequin noire. Il est plus que probable que ce motif fût un prétexte pour se débarrasser d'une femme dont les prises de position et surtout l'amitié pour les Aragon, communistes notoires dérangeaient fortement.

Edmonde Charles-Roux, c'est encore une femme de lettres, féministe et libre, qui reçut le prix Goncourt pour son roman « Oublier Palerme » quelques mois après son licenciement de Vogue et qui écrivit deux livres sur Coco Chanel ainsi que quelques biographies.

C'est également une femme de la gauche caviar : sa rencontre avec le légendaire Gaston Deferre, maire de Marseille connu pour ses accointances avec le milieu marseillais et plus tard ministre de l'Intérieur sous François Mitterrand va la transformer. Finies les liaisons multiples, elle apprend à se dévouer à un seul homme et ils vont former un couple mythique. Aventurière, grande bourgeoise et amie des communistes, reine du snobisme en tailleur Chanel et collier de perles, elle ne manquait pas une fête de l'Humanité et se rendait ensuite à un dîner chez les Rothschild sans renier une seule de ses convictions.

Je remercie NetGalley ainsi que les Éditions Allary qui m'ont donné l'opportunité de redécouvrir cette grande dame qu'était Edmonde Charles-Roux : une rebelle avant tout, une travailleuse acharnée, une femme libre et anticonformiste, une grande amoureuse et une femme de convictions.

Lien : http://au-pays-de-goewin.ove..
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