Je sors mon appareil et appuie sur la touche d'appel pour voir les derniers entrants. Au moment, où je sélectionne son nom, je sens quelque chose de froid glisser sur mon cou.
- Donne-moi ton téléphone!
Pétrifiée par cette sensation et ce corps collé dans mon dos, je ne bouge plus. L'agresseur augmente la pression de qui semble être une lame et me réitère son ordre. Je lui tends mon smartphone par-dessus mon épaule. Une fois qu'il a l'objet en main, il me tire pour me forcer à le suivre jusque dans la ruelle que je viens de quitter. Il me plaque alors contre un mur froid puis me saisit par le bras et me retourne. Mes yeux sont immédiatement attirés par l'arme avec laquelle il me menace : c'est une sorte de couteau dont la pointe est presque enfoncée dans la gorge. Je retiens mes larmes et ma peur et ramène mon regard vers son visage. Malheureusement, il est cagoulé. Seuls ses yeux sont visibles...
- Ton sac! Ton argent!
Ce regard... Ces iris de ce vert particulier... je les connais!
- Mickael!? dis-je à bout de souffle.
Ma voix n'est qu'un murmure. La lame commence à descendre vers ma poitrine. Elle ne m'effleure plus à présent, elle me coupe. Je ne dois rien montrer, remettre mon masque d'indifférence, celui que je portais en permanence. Je dois me ressaisir, j'ai vécu des situations pires que celle-ci dans la rue et dans certaines familles d'accueil.
L'homme devant moi, à part ses yeux, n'a rien d'autre de lui. Sa carrure est imposante, ses épaules sont larges ; il ne ressemble en rien à Mickael. Pourtant, je l'ai vu se crisper lorsque j'ai mentionné ce nom que je me suis refusé de prononcer depuis toutes ces années. Forte de mon analyse, je me redresse, ce qui ne fait qu'accentuer la douleur et les millimètres de cette arme dans ma chair.