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Citations sur Le livre de l'eau (11)

C'est comme ça que j'ai toujours voulu vivre : dans la bigarrure, l'éclat et le risque. Aujourd'hui, la prison et le statut de criminel d'Etat m'ont indiscutablement imposé. Ils m'ont coulé dans le bronze. Qui osera désormais mettre en cause mon honnêteté et ma dimension tragique?
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Il se trouve que j'ai repêché dans l'océan temporel les objets les plus essentiels pour moi. Après avoir relu les quarante premières pages de mon manuscrit, je n'en ai découvert que deux : la guerre et les femmes. Pour résumer simplement mon existence, il n'y a eu que des fusils d'assaut et ma semence dans les orifices de mes femelles adorées.
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Plus généralement, mon rapport aux villes est le suivant : je suppose que Phnom Penh incendié et vidé de ses habitants a été une ville magnifique. Moi-même, j'ai vu nombre de villes bombardées et transformées en écumoire : il y a, en elles, une sorte d'élévation et une grande sagesse. Des villes énormes comme New York des années soixante-dix ou Paris du début des années quatre-vingt étaient bien. Mais le plus dégueulasse, c'est une ville salubre suintant la graisse et la merde : c'est ainsi que j'ai vu New York en 1990.
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D'instinct, avec ma truffe canine, j'avais compris que, de tous les sujets du monde, les sujets essentiels sont la guerre et les femmes (la pute et le soldat). J'ai compris aussi que le genre le plus moderne est la biographie. C'est ainsi que j'ai suivi mon chemin. Mes livres, c'est ma biographie : dans le genre "vie des hommes illustres"
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Ne te ménage pas, fonce impitoyablement, exploite-toi toi-même comme un chien. Sois orgueilleux, donne libre cours à la folie des grandeurs, aligne-toi sur les grands. Sois sévère envers toi-même, mais sache aussi te réjouir de tes victoires. Sinon tu resteras assis sur ton banc (...), l'Histoire ne fonctionnera plus, elle rouillera et se fendillera sur place.
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L'Italie était alors pauvre. Mais les jours fériés, vers le soir, les jeunes Italiens endimanchés sortaient même des cours puantes où du linge était étendu jusqu'au toit. Leur tenue : pantalons serrés aux fesses, petits vestons serrés à la taille, chemises de soie. Vaniteux, les jeunes Italiens dépensaient tout en fringues. On pouvait avoir une idée de leur mode de vie en observant la famille de la signora Francesca, notre logeuse. Une douche par semaine, un cadenas sur le téléphone, passé par l'orifice de l'un des chiffres. Les spaghettis alternaient avec les macaronis et de l'ail, de l'ail et encore de l'ail avec de la tomate.
J'ai remarqué que la population des nations pauvres se démène pour avoir de belles fringues. Plus la nation est riche et moins elle s'en soucie. Les Américains sont connus pour leur aspect débraillé : ils se baladent partout en sandales, short et maillot, nuit et jour. On peut dire qu'ils se laissent aller, qu'ils sont négligés. Quand il y a partout des vêtements de luxe et que son compte en banque est bien garni, on devient indifférent et on apprécie ce qui est commode, pas ce qui est à la mode et cher.
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Mon conseil : choyez votre mégalomanie ! Cultivez ce qui vous distingue des autres. Evitez la contagion de l'ennui.
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Nous éprouvions la gratitude mutuelle d'être ce que nous étions.
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Dans les moments où le ciel semblait s'éclaircir, je la conduisais au musée. Ou, plus exactement, nous nous préparions longuement avant d'y aller. L'abondance de lourds tableaux allemands de festins dans leurs cadres dorés, de nudités mythologiques, d'horloges, de meubles, de tapisseries, de porcelaines mettait mal à l'aise l'aventurier sain et endurant que j'étais. J'étais saisi de "satiété muséale". Un mois plus tard, j'éprouverai la même chose en Italie, où je souffrirai d'une intoxication muséale. Depuis, je déteste les musées. Mais à Vienne, tableaux et couverts étaient plus repoussants qu'en Italie, car ils relevaient de l'abjecte et porcine grossièreté germanique. Elena, elle, appréciait ces maisons mortes. Elle pouvait rester penchée, des heures durant, sur les tabatières et les oeufs de porcelaine enchâssés d'argent. Elle s'y connaissait. Sa soeur Larissa était antiquaire à Beyrouth.
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Dans les années quatre-vingt-dix, en Russie, les heurts politiques furent les plus passionnels. J'ai participé à des bagarres de rue avec les OMON à Moscou, le 23 février 1992. J'ai rampé sous le feu des mitrailleuses devant la tour d'Ostankino en 1993. J'ai risqué ma peau aux points chauds de la planète, mais mes stupides confrères se demandent : pourquoi faire ? Ils allaient au restaurant de la Maison des Ecrivains et les plus demandés fréquentaient de lamentables festivals et shows télés. D'instinct, avec ma truffe canine, j'avais compris que, de tous les sujets du monde, les sujets essentiels sont la guerre et les femmes (la pute et le soldat). J'ai compris aussi que le genre le plus moderne est la biographie. C'est ainsi que j'ai suivi mon chemin. Mes livres, c'est ma biographie : dans le genre "vie des hommes illustres".
Mes triviaux confrères n'ont jamais pu comprendre que j'ai un tempérament héroïque. Longtemps, ils m'ont qualifié de personnage sulfureux, m'accusant de calculs subtils, me soupçonnant de faire ma propre publicité, m'intentant des procès en vanité. Une dizaine de livres m'ont été consacrés, plus bêtes et envieux les uns que les autres. Le dernier que j'ai feuilleté a été écrit par une certaine Dachkova et je ne me souviens même pas du titre. C'est dire !
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