Citations sur Le sceau du secret (35)
le style de la maison était simple, elle était sobre, sans fioriture, avec des lignes droites et claires : exactement telle qu'il aurait souhaité que soit la maison de ses rêves s'il s'était trouvé en situation d'y réfléchir.
Je commence à aimer ce pays, songea-t-il, il y a quelque chose, ici, qui me touche. Je suis venu chercher un père, et c'est moi que je découvre. Chaque jour un peu plus.
Les oiseaux !
Elle se figea. Les oiseaux. Elle savait à présent ce que le silence avait d'irréel.
Les oiseaux s'étaient tus. Tous. Pas un qui pépiât. (...)
Qu'est-ce qui pouvait faire taire des oiseaux par une si belle journée de printemps ? Quelque chose devait avoir troublée leur tranquillité, si violemment qu'ils ne pouvaient plus laisser éclater leur soif de vivre.
Première partie
Comment je le sais ? Il ne pouvait pas s'empêcher de parler de ses conquêtes. Il se confiait à Tim. Tim le racontait à Evelin. Et Evelin me le racontait. Voilà comment ils étaient, ces chers, très chers amis : au bout du compte, il y en avait toujours un qui trahissait l'autre.
- Si seulement on pouvait ne pas avoir de souvenirs...
- Les souvenirs s'estompent. Ils ne disparaissent pas, mais ils pâlissent. Et un jour on découvre que l'on peut vivre avec.
Tu dois vivre ta vie ! Vivre ? Tu as bien dit vivre ? Sais-tu seulement ce que vivre veut dire ? Vivre, c’est le mouvement ! Aller de l’avant ! Avoir un but et se donner les moyens de l’atteindre ! Je ne vois rien de tout ça chez toi ! Explique-moi un peu ce que tu entends par “vivre ta vie” ? Tu ne fais que traîner. Tu rêvasses, tu vas et tu viens comme si tu te croyais à l’hôtel ! Tu te mets tranquillement les pieds sous la table, ta mère a le privilège de laver ton linge sale et tu fais quoi en contrepartie ? Rien ! Absolument rien !
C’était un cauchemar. Il n’y avait que dans les très mauvais rêves que l’on se retrouvait ainsi au petit matin à épier ce que son mari disait à une autre femme sur un ton qu’il n’avait que pour elle, que l’on grelottait de froid et de désespoir, pieds nus dans l’escalier d’une vieille maison de pierre soudain lugubre et glaciale, et que l’on avait cette horrible impression qu’une main de fer vous broyait le cœur…
Tu m’as imposé ta présence et tu voudrais maintenant que je t’en sois reconnaissant. Tu me donnes de l’argent pour que je rampe devant toi. Tu t’immisces dans ma vie en pensant qu’un jour je ne pourrai plus me passer de toi. Tu te trompes lourdement, Géraldine. Je peux me passer de toi. Je le peux aujourd’hui et je le pourrai demain. Notre couple n’existe que parce que tu ne veux pas lâcher. Moi, en revanche…
Elle aimait coucher avec lui. Elle aimait même sa façon indifférente de lui faire l’amour. Il n’était pas dénué d’égards mais il ne répondait pas à ses besoins. Il était dans l’acte sexuel aussi éloigné d’elle qu’il l’était à tout autre instant du jour ou de la nuit. Parfois, dans les brefs moments où elle s’avouait sa dépendance, elle désespérait de comprendre comment elle pouvait être à ce point asservie à quelque chose qui n’était pas agréable, pas satisfaisant, pas même excitant et lui donnait au fond surtout le sentiment d’être utilisée.
Ça tenait forcément à quelque chose. Ça ne pouvait pas être seulement son physique séduisant, parce que des hommes séduisants, elle en rencontrait tous les jours. Et s’il possédait des qualités cachées, elle était assurément celle qui en profitait le moins. La plupart du temps, il était gentil avec elle, mais d’une façon indifférente et distante, sans s’impliquer. Elle savait que sa vie n’avait pas été facile et elle se répétait qu’il ne fallait pas chercher ailleurs la raison de son refus de s’engager et de son incapacité à instaurer des relations de réelle intimité avec elle, mais elle ne cessait d’être tourmentée par le doute.