Entre 1982 et 1984, en prison, mon activité principale était la réflexion sur l'écriture. Ce n'était pas une réflexion ordonnée, pas profonde non plus. Elle était aussi primitive que peut l'être la réflexion d'un individu sans formation, sans expérience intellectuelle, isolé. C'était vraiment une réflexion douloureuse. On dit que la souffrance permet aux petits artistes de ressembler aux grands, et il s'agissait peut-être de ça. Les petits souffrent autant, mais jamais ils ne seront grands. C'est une injustice flagrante. Pourtant la souffrance en général, et celle du petit écrivain en particulier, n'a jamais été la garantie de quoi que ce soit, et encore moins d'une bonne littérature. (p.149 / Belfond, 2010)
Jusquà quand peut-on en permanence ne pas se prendre au sérieux ? parce que chaque matin on se réveille et on a besoin de forces pour se réinventer. Parce que l'ironie empêche de croire à ce en quoi on sent qu'on devrait croire, détruit tout ce qu'on tente d'ériger. Parce que, derrière l'ironie, il y a toujours quelqu'un qui cherche à croire en quelque chose. Parce que même si rien ne vaut la peine on a besoin de soi-même. Parce que je suis encore vivant. Parce que je ne suis pas encore décidé à mourir. (p.15)
«Tout écrivain est une invention. Il y a un individu qui est un, et un jour il invente un écrivain dont il devient le serviteur; dès lors, il vit comme s’il était deux.»
L'écriture naît du combat contre la vie et la mort, aux confins de la nécessité et de la liberté. (p.9)
«Parce qu’écrire, c’est ça : partir sans savoir où on va arriver. Sans même savoir si on arrivera quelque part.»
Ne pas écouter le bruit, tout laisser s’éteindre, s’évanouir et que vienne le silence. Là, dans le silence, s’asseoir et attendre. Alors vient le mot.